« Le comportement collectif est un puissant facteur d’inertie et son amélioration ne résultera que d’un effort long et persévérant de formation civique. »(in Economie et Humanisme n° 119. Juillet/Août 1959)
« Le développement c’est la combinaison des changements mentaux et sociaux au sein d’une population, qui rend celle-ci apte, à faire croître cumulativement et durablement, son produit réel global. » François Perroux – Economiste français-1976)
« Chaque génération arrive devant l’Histoire et remplit sa mission ou la trahit. » (Frantz Fanon-Médecin psychiatre antillais)
« Notre façon globale de vivre se déduit de notre être. » (Dr Doudou Guèye-1975)
« Ce ne sera pas avec des milliards importés que les africains s’épanouiront socio-économiquement, mais plutôt, avec des ressources humaines de qualité auto-produites. » (El-HadjNgom)
Au-delà de l’aspect purement financier induit par la prolifération des partis politiques au Sénégal (utilisation massive, et à mauvais escient en l’occurrence, de fonds publics rares en contexte d’économie faible), il nous semble aujourd’hui indispensable et urgent, d’aller ensemble vers un débat national, sérieux et de fond, sur ce phénomène mal sain (plus de 208 partis pour 14 millions de Sénégalais dont 6,5 millions d’électeurs), non contrôlé et mortifère à terme, pour notre système démocratique actuel et notre futur développement économique et social.
L’un des derniers avatars de ce phénomène, étant les 47 listes de coalitions, en compétition pour les législatives 2017, avec le charivari constaté dans l’organisation du scrutin.
Alors que faire comme aurait dit l’Autre ?
D’abord, commençons par nous interroger, et interroger sur ce que sont le politique et la politique, en toute société humaine en général et dans la nôtre en particulier.
Parce que l’Etre Humain est naturellement un Etre Social par essence. Et du fait de cette nature, il (l’être humain) produit dans et par son activité, le lien social, fondateur de l’Entité dite Société Humaine. Mais la pérennisation et le sens de cette entité (le vivre ensemble) sontnécessairementassujettis à l’existence en son sein, d’une Autorité managériale globale, agissante et régulatrice, incarnée dans diverses institutions idoines, dont les partis politiques en système dit démocratique.
L’accès à cette Autorité, sa détention, sa mise en œuvre et son contrôle dans la Société, sont collectivement organisés. D’où, le Politique signifiant du Fait consubstantiel à l’existence de toute Société Humaine et la Politique comme expression de ce Fait.
De cette expression nécessaire, émerge historiquement en démocratie et comme élément organisationnel entre autres éléments expressifs, le parti politique, outil contributif à la matérialisation du Fait (le politique), dont il est un dérivé.
La science politique classique, définit le parti politique, comme une association de citoyens d’un pays, créée par ses membres, pour conquérir et exercer le pouvoir politique dans leur Société.
Mais cette définition ne nous satisfait pas totalement, car elle n’insiste pas assez à notre avis, sur ce que doit être, la finalité de tout acte politique en Société pour être légitime, à savoir, sa contribution avérée et maximum, à la réalisation d’un Intérêt Général, collectivement défini et compris.
Et dans la perception globale de la démocratie chez nous, nous avons constaté, que dans l’activité des partis politiques au Sénégal, la dominante a toujours été jusqu’ici, ou la propagande démagogique, ou l’idéologie étroitement partisane, ou l’apologie masquée, d’intérêts particuliers de groupes et souvent tout cela à la fois.
En général, peu de ressources dans l’activité des partis politiques, sont consacrées à la formation du militant et du citoyen, formation notamment,aux fondamentaux du Civisme et de la Démocratie, ainsi que leur impact sur les mentalités qui déterminent in-fine, la qualité du vivre ensemble.
Entre autres conséquences de cela, les violences et les discours ineptes à certains égards, constatés dans le déroulement de l’actuelle campagne électorale par exemple.
N’est-ce pas aussi, cet état de fait qui fait dire, émanant de notre Imaginaire Collectif, à la Vox PopuliSénégalaise : « Politique dafasalté », « Politique ay musanté la », « Politique ay thiaxaan la ». Il n’est pas hasard non plus, que « Gouvernement » soit traduit en Ouolof par « Nguur gui », la royauté en français, et « Nguur » dérive de « Buur » en Ouolof ou Roi en Français.
Et la République dans tout cela !
Chers compatriotes, la Politique c’est du sérieux ! Il doit et il devrait en être toujours ainsi !Même si certaines pratiques politiciennes, constatables dans notre champ politique actuel, ne militent guère, en faveur d’une perception plus positive de l’engagement politique (théorisation justificatrice au plus haut niveau officiel, de la « transhumance », opportunismes infâmes en toute bonne conscience… etc.).
Et pour contribuer à remédier à ce Mal profond de notre démocratie, lequel mal, est en voie de banalisation, nous proposons que désormais :
- Tout parti, avant reconnaissance officielle, devra disposer concrètement de locaux pouvant abriter une véritable Ecole de parti et non une salle de réunion-école de parti à l’occasion.
- Tout parti, avant reconnaissance, officielle devra démontrer sa capacité effective à concevoir et à dérouler, un programme sérieux de formation continue, à la Citoyenneté et à la Démocratie, pour tous ses militants.
- Tout parti, avant reconnaissance officielle, devra fournir les preuves palpables, de la disponibilité en son sein, de ressources humaines compétentes et aptes, à prendre en charge, la formation continue de ses militants à la Citoyenneté et à la Démocratie.
Dès lors, ces conditions remplies au niveau des partis officiellement reconnus, l’Etat devra s’engager à :
- Mettre en place un budget conséquent, pour contribuer substantiellement, au financement nécessaire, à la mise en œuvre des programmes de formation conçus et portés par les partis politiques reconnus.
- Créer un corps d’inspecteurs spéciaux ayant pour mission, le suivi et l’évaluation en permanence, de la réalisation par les partis, des programmes de formation tels qu’évoqués ci-dessus. Tout parti, objectivement jugé incapable de réaliser cette nouvelle dimension de son rôle, se verra retirer, ipso facto, son récépissé de reconnaissance officielle.
Pour conclure provisoirement cette réflexion, nous dirons, comme ont eu à le dire certains compatriotes avant nous : « Nous ne voulons plus que l’Assemblée Nationale soit le métier de nos députés. Car un parlementaire doit avoir un métier ».
Et nous y ajouterons que l’engagement politique doit être un sacerdoce et non un gagne-pain.
Mais cela peut-il et pourra-t-il, être effectivement le cas ici, maintenant et pour toujours chez nous au Sénégal ?
Lat Déguéne THIARE