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Changeons D’agenda !

: Le concept d’ « Agenda setting » ou « Agenda setting theory »développé par les chercheurs américains Maxwell McCombs et Donald Shaw dans les années 70, a mis en évidence la fonction des médias de masse qui exercent un effet majeur sur la formation de l’opinion publique, en imposant le calendrier d’événements particuliers et la hiérarchie de l’ordonnancement des sujets selon un ordre prioritaire défini.

Il existe en effet une relation, de cause à effet, entre l’ordre hiérarchique des évènements, tels que présentés par les médias, et la hiérarchie de signification attachée à ces mêmes sujets de la part du public et, notamment, des politiciens.

L’ouvrage de référence dans lequel les auteurs ont développé la théorie de l’agenda est :

« The Emergence of American Political Issues : The Agenda Setting Function of the Press (1977). »

Dans cet ouvrage, McCombs et Shaw développent le concept de « agenda setting”. L’agenda setting “n’est pas de dire aux gens ce qu’ils doivent penser mais ce sur quoi ils doivent concentrer leur attention”. L’agenda détermine l’ordre du jour, et fixe « la hiérarchie des priorités. » C’est dire la capacité des médias à focaliser l’attention du public sur tel ou tel événement, en choisissant et en hiérarchisant les sujets qui « feront l’actualité ».

Il y a, manifestement, peu de place pour l’improvisation dans la gestion et la diffusion de l’information. Elle fait l’objet d’un traitement dont les objectifs sous-jacents déterminent la ligne éditoriale de l’organe diffuseur. Rien n’est diffusé par hasard. Cela étant, l’avènement des réseaux sociaux et la possibilité infinie de diversifier les canaux de diffusion ainsi que les sources d’information donnent l’impression , toute relative, de la fin de la manipulation par l’information. Cependant, à y regarder de plus près, on sent une certaine tendance à l’unanimisme de l’opinion autour de certaines lignes de force édictées par les médias les plus puissants. Ceux-ci ont, en effet, très tôt investi le champ en s’appropriant tous les nouveaux outils de partage d’informations. Inondant tous les réseaux sociaux, ils font même, des simples usagers que nous sommes, les relais inconscients des informations mises dans l’agenda.

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Dans ce contexte et comme sur d’autres fronts, l’Afrique ne s’est pas dotée des moyens pour faire entendre sa voix. Ce qui est mis en exergue la concernant, c’est la misère de ses populations et l’incapacité de ses élites à lui offrir un meilleur avenir. Ce qui est visible de l’Afrique c’est la corruption de ses dirigeants et la vénalité de ses administrations. Un hasard? Non! À défaut d’établir notre propre agenda, nous n’avons que la place que nous méritons dans l’agenda des autres! Les responsables de cet état de fait ce sont les dirigeants africains qui n’ont à leur…agenda(!) que des ambitions personnelles, familiales et partisanes.

L’Afrique doit remettre en question l’ordre dans lequel se complaisent les administrateurs post-coloniaux. L’Afrique doit réinventer son avenir en fonction de son propre agenda.

Sous ce rapport la jeunesse africaine a un vaste chantier! La guerre du numérique n’est-elle pas un des jalons de la « troisième guerre mondiale » ? Celle-ci n’est-elle pas déjà engagée de manière sournoise et souterraine ?

Au demeurant, sommes-nous vraiment conscients des possibilités énormes offertes par les progrès des NTIC pour nos pays en retard sur le plan industriel notamment? La nouvelle économie qui est entrain de changer le monde est drivée cette fois-ci par l’intelligence, la capacité d’innover. Ces deux atouts sont immatériels, ils traversent les frontières. Ils peuvent s’établir partout dans le monde et rayonner. Pour une fois donc l’Afrique ne part pas largement distancée. Il faudrait encore que les pouvoirs publics africains aient le courage politique de refuser de céder nos souverainetés sur les nouvelles TIC, l’Afrique a assez de ressources humaines sur ce front!

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Les réseaux sociaux, lieu de résistance?

La preuve vient d’être faite à Ouagadougou que l’opinion publique africaine peut désormais inscrire à l’Agenda les points qui l’intéressent: avant, nos chefs d’Etats pouvaient se faire ridiculiser à huis clos. Personne n’en saurait rien. Ils pouvaient toujours rentrer à la maison avec les images soigneusement filtrées de la Télévision nationale qui dépeindraient une pantalonnade en une visite « historique »! Les temps ont changé.

L’effet tellurique sur les réseaux sociaux des propos désobligeants d’Emmanuel Macron à l’endroit de son homologue Roch Kabore sur le sol Burkinabé démontrent, encore une fois, le fossé qui se creuse entre les officiels français et l’Afrique. L’Afrique des jeunes qui n’ont pas connu la colonisation et ses vexations a décortiqué les images de la digression malheureuse du Président français. L’Afrique des jeunes sollicités par de nouveaux modèles, s’est offusquée de la mine penaude de Roch Kabore à quelques encablures de Thomas Sankara . L’Afrique qui devient plus exigeante et qui ne comprend pas que ses énorme ressources ne lui profitent pas rigole dans les chaumières de cette France qui refuse d’entendre les étudiants burkinabés, non présélectionnés pour assister au discours de Macron, défier les forces de l’ordre dans les rues de Ouaga. Dans cette Afrique nouvelle qui se fraye un chemin envers et contre tout, des dirigeants, en déphasage avec le réel de leurs peuples tardent à engager les changements en profondeur qu’imposent l’ordre actuel du monde. Eh! Bien! Macron vient de leur rappeler que c’est à eux de s’occuper de nos problèmes et non lui. Et, comble du ridicule : que ce n’est pas de sa faute si la climatisation ne marche pas! Il aurait pu ajouter : « si vos hôpitaux sont des mouroirs, si votre système éducatif est à l’agonie, si la mauvaise gouvernance est endémique, si la corruption est généralisée etc. Ce n’est pas de ma faute! »

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Ne serait-ce que pour cet électrochoc, le déplacement de Macron en valait la peine. Il serait certainement de bon ton que nous lui disions tous, en chœur: « Merci Manu! Merci quand même! »

Oui, le vrai problème, c’est nous. Et puis entre nous et ceux qui nous dirigent.

 

Amadou Tidiane WONE

Amadou Tidiane WONE
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