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Quand On S’assoit Sur Notre Bol Alimentaire

Quand On S’assoit Sur Notre Bol Alimentaire

Il se passe dans notre pays un phénomène extrêmement grave et dangereux pour le futur de nos enfants et petits enfants. Il s’agit de la cession des exploitations agricoles pour usage d’habitation par les maires, les promoteurs et les coopératives d’habitat. Ceux qui ont les destinés du pays (les politiques) et ceux qui sont dotés d’une certaine intelligence (les intellectuelles) ne mènent aucune action concrète à l’encontre de ce phénomène pour le contrer ou l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard s’il ne l’est pas déjà. En tant que citoyen et agent de développement nous essayons d’attirer l’attention de ceux qui ont le pouvoir d’arrêter ce phénomène, d’y faire face immédiatement et le plus rapidement possible.

La cession des exploitations agricoles pour usage d’habitation constitue une véritable menace quand à la sécurité alimentaire de notre pays. Avec la dégradation et l’appauvrissement des ressources en terres et en eau, à l’échelle mondiale, il se présente un sérieux défi pour nourrir une population qui devrait atteindre les 9 milliards d’habitants d’ici 2050, selon un rapport de la FAO. Comment peut on dans un contexte mondial marqué par une croissance démographique galopante, un réchauffement climatique croissant, une avancée des dunes de sable avec comme conséquence l’ensevelissement des cuvettes maraichères, une salinisation des terres agricoles, une avancée du désert, un appauvrissement des terres à causes des pratiques agricoles inadéquates, etc. ; céder des surfaces arables à usage d’habitation.

De plus en plus les surfaces arables font l’objet d’intenses transactions par les coopératives d’habitats.  Ces espaces devront normalement être protégés par nos pouvoirs publics car ils constituent le «  bol alimentaire » je veux dire la porte de ravitaillement à laquelle ALLAH (SWT) fait passer la nourriture destinée aux êtres vivants. Tout le monde sait que la production agricole a des exigences par rapport aux types de sol et aux types de climats. Il est extrêmement difficile voire impossible de produire du mil ou de la pomme de terre en pleine désert ; du maïs ou des choux dans un milieu très salé ; des carottes ou de l’oignon dans les montagnes pierreuses de « Allou kagne ».

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A travers les pays qui sont devenus des références en matière de développement agricole et qui prétendent nourrir le monde par le surplus de leur production, l’identification, l’aménagement et la protection des terres arables occupent une place centrale dans les politiques de protections des terres agricoles. En France le grand public et les acteurs politiques locaux ont compris que la terre arable est une ressource naturelle non renouvelable et la capacité à nourrir l’humanité n’est pas un acquis ad æternam. C’est ainsi que le ministre de l’Écologie  Nicolas Hulot propose de contrer le phénomène en taxant les bétonneurs pour lutter contre l’artificialisation des sols et de financer la préservation de la biodiversité ». Au Maroc la cession des terres domaniales agricoles est permise aux petits agriculteurs et ouvriers sans terre à des fins purement agricoles, aucun producteur agricole n’a le droit de céder ses terres à autres usages qu’agricole contrairement à notre pays où un exploitant peut se lever un bon jour vendre toutes ses parcelles agricoles à des promoteurs pour y aménager des infrastructures à usages d’habitation ou autres remplaçant la production agricole avec du béton et du ciment.

Et pourtant le rapport SOLAW offre pour la première fois une évaluation mondiale de l’état des ressources en terres de la planète. Ce rapport nous renseigne qu’un quart des ressources sont dans un état de dégradation extrême, 8% sont modérément dégradées, 36% sont stables ou légèrement dégradées et 10% sont « en cours de bonification ». Le reste de la superficie terrestre est constitué soit de terres nues (18 % environ) soit de plans d’eau continentaux (2 % environ). Sur tous les continents, de vastes zones sont touchées par la dégradation des terres, avec des incidences particulières le long de la côte ouest des Amériques, dans le Bassin méditerranéen d’Europe du Sud et d’Afrique du Nord, dans tout le Sahel et la Corne de l’Afrique, et un peu partout en Asie. La plus grande menace est la perte de qualité des sols, suivie de la perte de biodiversité et de l’appauvrissement des ressources  en eau. A ceci s’ajoute qu’une partie importante des terres agricoles de la planète subissent les effets des pratiques d’exploitation qui entraînent l’érosion hydrique et éolienne, la perte de matière organique, le tassement de la couche arable, la salinisation et la pollution du sol ainsi que la perte de nutriments.

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Avec une telle situation, un tel contexte le Sénégal doit revoir sa politique de préservation des terres agricoles en identifiant toutes les terres arables du Sénégal sans exception et décrète la non réalisation de toutes activités non agricoles quelques soient son importance pour préserver ce bol dans lequel Dieu dépose notre alimentation et celle des générations futures. Je ne saurai terminer cet article sans rappeler ce que nous disait notre compatriote Jacques Diouf ancien directeur de la FAO « L’humanité doit apprendre à vivre les changements climatiques. Mais, il ne faut pas qu’ils deviennent un autre facteur qui aggrave la faim dans le monde, un autre facteur de division entre les pays riches et les pays pauvres. Il nous appartient d’aider les  populations à risque les plus vulnérables, à relever ce nouveau défi »

Qu’ALLAH bénit l’humanité et lui donne la conscience de se rappeler qu’IL l’a nommée « khalif » (garant des biens terrestres) sur Terre.

 

Modou Fatma MBOW

Ingénieur – Kébémer

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