Nous serions tentés d’applaudir en apprenant la nouvelle sur toutes les lèvres: La levée d’eurobonds à hauteur de plus de 2,2 milliards de dollars par l’Etat Senegalais. Certains parlent de prouesse jamais réalisée en Afrique.
En effet Le Sénégal a émis sur les marchés financiers ce mardi 06 mars 2017, des obligations internationales ou Eurobonds pour un montant de plus de deux milliards de dollar contractés en deux tranches.
-un milliard de dollars sur 30 ans à un taux d’intérêt de 6,75 et à un
– milliard d’euros emprunté pour 10 ans à un taux 4,75%.
Il faut souligner également que Les souscriptions ont atteint plus de dix milliards de dollars avec près de 300 offres.
Cette grande confiance accordée à notre pays par les marchés financiers s’explique par
la stabilité politique (exceptionnelle en Afrique), par une croissance qui frôlerait les 7% ( sans se faire ressentir dans le panier de la ménagère), le respect des engagements liés aux remboursements de la dette extérieure( contrairement à la dette intérieure) et des perspectives de revenus nouveaux résultant de l’exploitation du gaz et du pétrole.
Nous apprenons également dans la même foulée que ces fonds émis serviront d’une part au rachat de 200 millions de dollar de crédits, notamment l’Eurobond de 2011 plus cher( taux d’intérêt 8,75); et d’autre part au financement nous dit-on des projets d’infrastructures du Plan Sénégal Emergent (PSE) notamment ceux inscrits dans le budget 2018.
Et c’est là où le bât blesse.
Nous sommes en droit de nous interroger sur la destination de cet argent; quels sont les investissements ou les infrastructures qui vont bénéficier de financements par tous emprunts?
Sachant que ces investissements doivent être suffisamment productifs et générer des revenus substantiels à l’Etat pour assurer à ce dernier le remboursement effectif de cet endettement.
Nous osons espérer que ce ne seront pas des investissements comme ceux qui sont à l’origine de la réfection du building administratif, de l’achat du TER qui seront les cibles de cet argent.
Ce serait catastrophique d’affecter ces fonds à des dépenses « politiques »en cette année électorale. » ( exemple: entreprenariat rapide des jeunes).
Malheureusement l’Etat n’a pas communiqué sur la destination précise de ces emprunts.
Nous ne sommes pas en mesure aujourd’hui de distinguer de manière exacte les infrastructures qui seront financées et réalisées par cette levée de fonds. Cela nous aurait permis probablement de mieux apprécier la pertinence économique pour notre pays de ces opérations d’émission d’obligations sur les marchés financiers internationaux.
Enfin face à toute cette euphorie ambiante provoquée par cette émission d’obligations nous tirons la sonnette d’alarme sur le niveau faramineux de la dette intérieure qui frôle environ les 400 milliards de nos francs dont 85 milliards dus aux enseignants.
Hawa Abdoul Ba