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Rapport Armp 2017 : De L’audit… Des Audits

La publication du rapport 2017 de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) n’en finit pas de faire des vagues. Entre indignations et sentences populaires des uns, démentis véhéments et scandalisés des autres c’est selon, il y’en a pour tous les goûts et sur tous les tons.

Pour notre part, il nous donne l’opportunité de partager quelques remarques sur l’audit et les audits.

Tout d’abord c’est quoi un AUDIT ? Beaucoup en parlent sans savoir véritablement de quoi il s’agit.

L’AUDIT est un acte de management qui,  par une analyse objective d’une situation de l’entreprise, doit permettre de vérifier la régularité des procédures , des règles et des dispositions de gestion , l’adéquation entre les objectifs fixés et les résultats obtenus .

A la différence du CONTROLE qui est une fonction essentielle et PERMANENTE dans la vie d’un système,  l’Audit est PONCTUEL et s’intéresse certes au contrôle mais ne le fait pas. L’audit a une durée limitée dans le temps aussi bien pour son déroulement qui ne doit pas excéder généralement trois semaines sauf dans des cas spécifiques (très grosses entreprises par exemple ) que pour la période concernée par l’audit qui dépasse rarement les cinq ans.

L’AUDIT ne se substitue pas à la Hiérarchie et ne juge pas. C’est ce qu’a dit à juste titre le DG de l’ARMP pour faire le distinguo entre sa structure et les corps de contrôle de l’Etat comme l’Inspection Générale d’Etat (IGE) et la cour des comptes par exemple.

En fait , c’est le glissement sémantique populaire qui a fait apparaître l’audit comme étant une sorte d’inquisition avec des réquisitoires souvent violents contre les audités pour mieux les confondre..  Au point que dès qu’on parle d’audit tout le monde s’attend à  voir des cafards et autres « dialgatis » mis à nu pour s’en indigner et demander  hic et nunc des sanctions exemplaires.

En réalité, l’AUDIT, est une méthode d’observation de l’organisation d’une entreprise qui cherche à identifier les éléments significatifs de son fonctionnement  en les rapportant à un cadre de référence convenu.

Son objectif principal n’est pas de fouiner pour trouver coûte que coûte des « cafards » mais plutôt d’aider l’entreprise à se perfectionner sur tous les plans de la gestion , en préconisant des solutions correctives à certains manquements ou insuffisances constatés.

Ensuite , il faut noter qu’il existe trois (3) formes d’audit :

L’audit de régularité : pour voir si les règles édictées sont appliquées convenablement. C’est ce que fait l’ARMP qui va s’assurer si les règles en matière de passation des marchés publics ont été respectées comme il se doit par les structures ciblées.

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L’audit d’efficacité : pour apprécier le fonctionnement des dispositions arrêtées et voir si les règles édictées sont bonnes et cohérentes. C’est un peu ce qui est arrivé à l’ARMP pour nécessiter la modification –tant décriée- de certaines dispositions du code des marchés publics pour rechercher une plus grande efficience dans ce domaine.

L’audit de management : pour voir si les règles édictées sont adaptées et ensuite si elles sont bien respectées . Règles financières, comptables, juridiques, informatiques, GRH, de production ( techniques ) ; règles commerciales etc….

Le déroulement pratique de toute forme d’audit – au-delà de quelques variantes mineures-se fait  généralement en trois phases .

PHASE 1 /  L’Enquête Préliminaire :  Premiers questionnements basés sur des entretiens et des recherches documentaires , l’Enquête  Préliminaire permet à l’Auditeur de disposer d’éléments pour reformuler  les problèmes, faire un premier DIAGNOSTIC à partir duquel il  peut déjà identifier les actes d’actions prioritaires et commencer à élaborer les PLANS D’ACTION correspondants  pour ETABLIR UN PROGRAMME DE VERIFICATION qui sera la deuxième phase  du déroulement de l’Audit 

PHASE 2 / L’Enquête proprement dite . C’est tout un programme de vérifications sur le terrain . UN VERITABLE TRAVAIL DE FOURMI. Il s’agira pour l’auditeur  de procéder à des entretiens directs et indirects d’agents concernés, à une analyse approfondie des divers documents disponibles, à la vérification du contrôle interne dans son existence, son fonctionnement , sa pertinence etc… En la matière, la règle d’or pour l’Auditeur est  de VALORISER  ses audités.

En effet, l’Auditeur n’est pas là pour  alimenter  en « munitions » les protagonistes des guerres « crypto-personnelles » ni à rechercher vaille que vaille des coupables mais pour aider à améliorer l’efficacité de l’Entreprise .

Aussi Toute mission d’AUDIT ACCEPTEE doit aboutir à des RESULTATS TANGIBLES

sous forme de RAPPORT D’AUDIT qui sera la Troisième phase  du déroulement de l’Audit

PHASE 3 / LE RAPPORT D’AUDIT : Cest un document qui récapitule les constats faits  à l’issue des enquêtes  menées, les analyses auxquelles l’Auditeur a abouti et qui présente   un PLAN d’ACTIONS qui  reformule les problèmes, amorce des solutions  et propose des moyens d’actions pour corriger les dysfonctionnements relevés.

Contrairement à ce que pensent certains, en général, les observations, remarques et autres justifications des audités sont recueillies et sont commentées ou annotées par l’auditeur au fur et à mesure de l’élaboration du rapport d’audit et non pas à la fin de la rédaction du document. Aussi, est-il assez étonnant d’entendre des audités se plaindre de n’avoir pas reçu le rapport final pour y apporter leurs correctifs. C’est  une bien mauvaise foi qui est …de bonne guerre pour se dédouaner ou se « victimiser ».

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Le RAPPORT d’AUDIT est ensuite remis au « Client  » c’est-à-dire au commanditaire de l’audit et dans le cas d’espèce au Président de la République, destinataire de tous les rapports d’audit des corps de contrôle de l’Etat. Ce dernier doit  en principe, le diffuser  ( les résultats d’un AUDIT font généralement l’objet de diffusion )  mais est LIBRE de suivre ou non  les recommandations contenues dans le rapport notamment les propositions de sanction quant à leur effectivité .  Cette liberté d’option fait partie de ses pouvoirs régaliens que lui confère son statut de clé de voûte de nos Institutions. Il faut que les gens comprennent cela et arrêtent de faire des injonctions pour « lever le coude » sur certains dossiers. Expression  d’ailleurs impropre. « Lever le coude », en bon français veut dire «se saouler la gueule,  boire plus que de raison» . Dans le cas d’espèce, il serait plus indiqué de dire « sortir les dossiers mis sous le coude «  par exemple…Passons… .

Maintenant qu’on en sait un peu plus sur l’Audit de manière générale qu’en est-il des Audits au Sénégal ?

Les audits au Sénégal  se suivent et se ressemblent. Ils donnent toujours lieu à des documents produits  par les corps de contrôle habilités et qui souffrent de quelques tares rédhibitoires.

Ils ne sont pas toujours PUBLIES. Cette confidentialité organisée donne libre cours à des élucubrations et autres interprétations souvent très fantaisistes assez loin de la réalité. Le manque ou la rétention d’informations alimente la rumeur qui enfle, qui enfle qui enfle…et qui ne s’arrêtera que lorsque la diffusion des rapports d’audit deviendra une pratique républicaine systématique. CQFD

Ensuite, ces audits relèvent presque toujours des manquements liés à la bonne gouvernance de nos entreprises et structures incriminées et qui ont noms : non respect sinon violation flagrante des procédures en vigueur, gabegie, détournements divers de numéraires, d’objectifs, recrutements népotiques etc…par les responsables épinglés qui, pour la plupart ne sont jamais inquiétés par l’Autorité Suprême. Et pour cause !!! C’est lui qui les a nommés et qui les a sommés de « faire de la politique » pour « massifier le parti » avec les moyens financiers de leur structure, mis à leur disposition. Tant que cette logique de positionnement politique demeurera la pierre angulaire des nominations à des postes de responsabilité de haut niveau à la tête de nos entreprises et structures publiques et para publiques, il ne faut pas s’étonner de vivre régulièrement des scandales récurrents dans la gestion desdites structures. On peut comprendre que la froide logique politique impose de placer « ses hommes » à la tête des grandes entreprises mais encore faudrait-il qu’ils aient le profil de l’emploi. Ce qui n’est pas toujours le cas pour certains d’entre eux qui ont fini de convaincre de leurs limites objectives dans le management de haut niveau.

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Certes, l’idéal aurait été de disposer de politiques ayant le niveau requis à la tête des entités concernées. Mais tant que l’appartenance politique reste le critère le plus important au détriment du profil de l’emploi, nos DG politiques ont encore de beaux jours devant eux pour perpétuer impunément les scandales et autres « hauts faits d’armes » dans leur magistère. Comme on en voit tous les jours au Sénégal.

Il est quand même remarquable de voir de beaucoup de VIP n’entrent en politique qu’une fois nommées à des postes de haut niveau (Ministre ou DG) pour disposer des moyens financiers conséquents comme « armes de guerre » politiques. Pourtant,  le mélange des genres -politique et manager- ne fait pas toujours bon ménage.

Les entreprises et structures les plus performantes dans ce pays (SONATEL, Banques ..) sont celles qui sont confiées à des leaders charismatiques dont l’étiquette politique si elle existe, n’est pas trop visible ni bruyante comme ce qu’il nous est donné de voir avec nos DG politiques actuels.

Etre distingué par le Président de la République pour être nommé à un poste de DG est, certes un grand mérite . Aussi, nos DG propulsés se doivent de tout faire pour légitimer cette distinction en travaillant bien par « une gestion sobre et vertueuse » des structures à eux, confiées. Pour ce faire, il n’est jamais de trop pour certains d’entre eux,  plutôt que de se complaire dans la posture jouissive de leur station de DG, d’accepter de se recycler pour se mettre à niveau et combler leurs lacunes éventuelles dans le management des hommes et des structures. Un DG qui se respecte doit pouvoir lire et comprendre un budget d’entreprise entre autres, par exemple. Et pour cela, les séminaires thématiques, résidentiels et autres, foisonnent dans le pays et ne demandent qu’à les accueillir pour les formater à mieux assumer leurs hautes charges. Simples questions de volonté et de responsabilité personnelles

Sinon, encore et toujours, « bonjour les dégâts »…. 

 

Guimba  KONATE

guimba.konate@gmail.com

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