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La Protection Des Enfants Est D’abord Et Avant Tout Le Rôle Des Parents

Aujourd’hui, après le petit-déjeuner au resto 1, je marchais lentement, la tête pensante pour regagner ma chambre. Il était 9h 23 minutes. Je passais devant la boutique de la Commission sociale des étudiants de l’Ugb quand, soudain, j’entendis une voix aiguë d’enfant qui martelait : «Kou niou si diap rek daniou la wara raye nga dei, def leine comme nouniouy def xalei yi.» Je marquais une pause et orientais dès lors mon regard pour découvrir l’auteur de ces propos. C’était un garçon en classe de CM1 -il me le fera savoir par la suite- qui semblait être le meneur de ce débat entre bambins. Ils étaient six : trois garçons et trois filles. En ce même moment, une des 3 filles renchérit comme pour montrer son adhésion à la thèse soutenue par son ami: «Bilaye ! Diaroul sakh niou leine di teudj kasso. Kone daniouy ame louleine gueuneule. Ndakh kasso Sénégal mome dafa neex. Dangay teude, di lekk di nane ba parei yor sa commande foula neikh diapeu seitane télé.»

Je m’intéressais subitement à eux. Je m’éloignais un moment et me mis à les observer, les écouter parler pendant une bonne dizaine de minutes. J’étais littéralement séduit par la richesse du débat et la profondeur des arguments que défendaient ces enfants. Je ne pouvais ainsi m’empêcher de me joindre à eux.

Je lisais la peur dans leurs innocents yeux. Peur de finir comme les enfants dont l’histoire est racontée à la radio et à télé. Peur de cet environnement désormais hostile. Peur du mal qui les hante et dont ils ne peuvent dire si, épargnés il en sont. Je discutais longuement avec eux, les rassurais. C’est après les avoir emmenés dans la boutique pour leur acheter, à qui mieux mieux à manger, qu’ils eurent confiance et se confièrent à moi. Je leur demandais ce qu’ils étaient venus faire dans le campus à pareille heure. Ils me firent savoir qu’ils venaient de Bango, habitaient tous la même maison, que c’est leurs parents qui les ont envoyés vendre du sucre dans le campus. Et c’est par la suite qu’ils m’informèrent qu’ils n’avaient même pas pris le petit déjeuner et qu’ils ont marché de Bango à l’Ugb. J’éprouvais de la peine avant de constater, effectivement, que dans chacun de leurs sacs, il y avait 10 kilos de sucre qu’ils devaient vendre à 500F, le kilo.

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Si je me suis donné la peine d’expliquer tout ceci, c’est pour mettre à nu, dénoncer l’irresponsabilité et la négligence de certains parents. Dans un pays aussi agité par la recrudescence des phénomènes dégradants et tudesques comme les meurtres d’enfants, il faut être sadique pour laisser un être faible et sans défense parcourir des kilomètres parce que tout simplement la mère, le père, la tante ou la grand mère développe un commerce dont le chiffre d’affaires doit être rendu important par l’enfant ou les enfants de la maison. Et, personne ne le souhaite d’ailleurs, quand le mal arrivera, on pointera du doigt l’Etat. On le traitera de tous les noms d’oiseaux tout en oubliant que les responsabilités sont partagées, que la protection des enfants est d’abord et avant tout le rôle des parents.

Ibrahima DRAMÉ

Etudiant à l’Ugb

Master 2 Affaires et Commerce International

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