Henri Kissinger a dit que l’art de la bonne gouvernance consiste à se fixer des objectifs dans les limites de ce qu’une société peut accepter : il ne faut aller ni au-delà ni en-deçà. Il faut dire que le régime de Macky Sall est alors à mille lieux de la bonne gouvernance. En analysant les contours de ce pseudo dialogue national, on ne peut que faire le constat d’un énorme gâchis pour notre pays avec cette deuxième alternance (qui n’en est d’ailleurs pas une, car l’homme qui nous dirige a participé activement et férocement aux douze ans de règne du PDS). On mobilise des énergies et des passions soit pour divertir le peuple, soit pour le diviser et à la fin on vient se présenter comme un pape de la miséricorde et du dialogue ! Et si tout ceci n’était qu’une mise en scène pour occulter ses tartuferies ?
Il arrive, selon une légende de chez nous, que le crapaud s’éclate la gorge à force de vouloir, par son croassement hystérique, égaler un éléphant. C’est aussi cela le destin tragique des ambitieux de toujours vouloir imprimer leurs marques de férocité sur des proies de qualité. Cette triste et honteuse histoire de réquisition imposée aux enseignants traduit un déficit de leadership sans précédant dans notre pays. Le leadership est avant tout une exemplarité intellectuelle et morale : par leur leadership les hommes d’État irradient leur époque et leur peuple d’une lumière de sagesse et de vertu.
Macky Sall est un président trop ordinaire : ses petits calculs politiques sont désormais prévisibles par le citoyen le plus modeste. Ce que tout le monde prédisait est finalement arrivé : on a trouvé à Ousmane T. Dieng un strapontin. Tel un antiévolutionniste, « l’organe crée la fonction » chez Macky Sall : on créé d’abord des institutions (pour récompenser une clientèle politique) et ensuite on va leur trouver une fonction parmi celles qui sont dévolues aux institutions classiques de la république. Créer un haut conseil des collectivités locales sous le prétexte de l’acte 3 de la décentralisation alors qu’il suffisait de réformer le conseil économique social et environnemental pour l’adapter aux impératifs de cette décentralisation, c’est indécent. Notre pays ne mérite pas un tel partage éhonté du gâteau ! Tel un charcutier politique, notre président excelle dans l’art du charcutage : FONGIP, BNDE, ANEJ, PUDC, HCCL…. Cette infinité d’agences grève nos maigres ressources et donne l’impression d’une absence de mouvement que l’on veut occulter en pédalant dans le vent. Cette « folklorisation » de notre État est un croche-pied fait à notre démocratie, car on fait de la république la bête de somme de la politique clientéliste et populiste.
Qui va assurer dans l’avenir la formation de nos enfants ? Quelle école formera le génie politique qui, par sa vision et son exemplarité, sortira notre pays de l’obscurantisme et de la pauvreté ? Qui va s’occuper de la sépulture et des funérailles du mort-né prétentieusement dénommé « NTS » (nouveau type de Sénégalais) ? Comment une grève peut-elle durer douze ans (2004-2016) ? Pourquoi ne pas innover dans la forme de lutte syndicale et, par exemple, opter pour la surproduction ?
La politique est, dit-on l’art, de gérer la cité. Toutefois, au regard de la façon dont les peuples sont gouvernés de nos jours il y a lieu de se demander si la politique requiert encore le minimum de génie pour continuer à mériter le statut d’art. Des expressions du genre « vox populi vox dei […]
La notion de dialogue politique qui doit en soi être une pratique ou une culture politique, est au Sénégal objet de débats stériles, voire de disputes. Ce paradoxe est révélateur d’une grande tare de notre démocratie : ce ne sont pas les idées qui forgent notre destin, mais la duperie, la magie, l’argent et la violence. Le dialogue est à la fois une aptitude intellectuelle et une vertu morale : c’est dès lors évident que, dans un univers où la médiocrité et la corruption morale règnent, le dialogue ne peut prospérer.
Le Sénégal serait donc sur la voie de l’émergence parce qu’on construit des infrastructures superflues comme le Centre de conférence international Abdou Diouf, une arène nationale, un train express régional, etc. ! Alors que l’urgence dans le pays profond demeure la construction de routes et d’infrastructures de base, on se complait dans une sorte de misère dorée pour se faire bonne conscience et davantage tromper le citoyen. Alors que le pays profond se meurt dans une misère toujours plus profonde, on crée des institutions inutiles, incertaines et coûteuses pour caser une clientèle politique. Alors que l’impact des Conseils de ministres décentralisés est nul, on continue encore à promettre monts et merveilles aux Sénégalais. La réalité du pays est pourtant d’une étonnante morosité même si le temps d’un référendum a maquillé la grisaille en marron beige. Le Sénégal est comparable à un corps grippé : toutes les parties de ce corps sont affectées par la douleur même si la tête pense à la fête.
L’art a ceci de particulièrement divin qu’il crée un monde fictif qui a pourtant la faculté de toujours refléter le monde réel. Mieux, dans les délicats procédés artistiques, il arrive que des artistes gravent le passé, le présent et l’avenir dans le même albâtre qu’est l’œuvre d’art. C’est ainsi que certains artistes réussissent à imprimer à notre avenir une forme qu’elle n’aurait peut-être prise sans l’art. Mais ce qui est surtout étonnant, c’est cette étrange capacité de l’art à toujours donner une clef de lecture de la réalité. Plus nous fréquentons l’univers artistique, davantage nous comprenons notre monde. L’illustration que nous en donnons ici est fournie par le septième art (cinéma) : le film Sam le croque-mort.
«L’œuvre authentique n’est et ne peut être un soutien de l‘oppression, et le pseudo-art (qui constitue parfois un soutien de cette sorte) n’appartient pas à 1’art.» H. Marcuse
Quand le mensonge et la duplicité sont exaltés et idéalisés dans une société, il n’y a plus de raison d’espérer une quelconque avancée pour cette société. La vérité n’est pas seulement une norme du discours, ni même une simple exigence morale : elle est la valeur cardinale qui rend possibles toutes les autres valeurs, l’exigence fondamentale pour toute entreprise rationnelle, pour tout acte posé par un être rationnel ; bref la vérité est le fondement de toute vie sociale viable. L’argent a encore faussé le jeu politique et la démocratie sénégalaise a été assassinée sur l’autel de la cupidité. On a inondé le pays d’argent au moment où la campagne agricole s’est révélée être un fiasco. On a manqué de loyauté et de grandeur dans l’adversité politique. Notre société est malade, car le mensonge y a édifié un empire sournois et corrosif pour la citoyenneté. Le mensonge a altéré la perspicacité et la clairvoyance des intellectuels : comment un intellectuel sérieux peut-il défendre l’idée saugrenue selon laquelle les 15 points de la réforme constituent une avancée démocratique ? On a voulu tromper les Sénégalais en les embarquant dans un écran de fumée dont la seule finalité est d’occulter un mensonge présidentiel.
Un homme a fait une promesse historique qu’il a répétée et psalmodiée sur tous les toits du monde, il y a tiré le maximum de profit et de gloire personnelle : à l’arrivée il s’est débiné de façon absolument astucieuse. Macky Sall a fait un jeu de dupes et il a été dupé par le Sénégalais. En organisant ce référendum de façon si brutale et si précipitée, il a voulu faire oublier sa forfaiture. Il voulait que les citoyens ne délibèrent plus sur son «wax waxeet» (reniement) parce qu’ils devraient désormais être occupés par un débat stérile sur des articles ambigus ou sans portée démocratique. Les grands manipulateurs excellent dans la stratégie de déplacement de la problématique : ce à quoi s’attendaient les autorités par un référendum aussi absurde n’est ni plus ni moins qu’un déplacement de la problématique. Macky Sall a fait des Sénégalais des instruments et de notre démocratie un marketing politique international. Il a voulu vendre notre vitalité démocratique pour se payer une aura mondiale, mais ses intrigues ont été débusquées. Rien que la faiblesse extrême du taux de participation malgré l’engagement personnel du Président et l’achat ostensible des consciences érigé en mode de gouvernance, le référendum a échoué en tant que référendum. Dans un pays qui se nomme Sénégal, une forfaiture pareille ne pouvait pas rester impunie : nous héritiers de Lat Dior Diop, de Aline Sitoé et des autres martyrs de la liberté, avions le droit de dire Non à la félonie. 
Nous ne pouvions pas souiller la mémoire de nos aïeux, déchoir la dignité pour des raisons pécuniaires, abdiquer de notre statut de souverain inaliénable et indivisible, engager notre descendance dans l’ambiguïté de combines politiques dont les ficelles sont en partie tirées de l’étranger. L’imposture a des limites, même si elle peut prospérer un temps relativement long dans les consciences. Il faut toujours du temps à la vérité pour s’imposer, car son temps n’est pas celui des intérêts et passions. Les passions sont les bras de l’histoire, mais elles n’en sont pas le cerveau : c’est ce qui fait qu’elles sont généralement usurpées par les causes sournoises. Les révolutions sont souvent parasitées par ce genre de virus que sont les causes sournoises : il faut toujours du temps à toute révolution pour épurer les parasites. Les Français hier, les Egyptiens aujourd’hui ont été obligés d’extirper le virus de l’imposture dans le corps de la vraie révolution. C’est ce qui fait que toutes les révolutions ont donné l’impression de bégayer : c’est parce que le but de la révolution est parfois dévoyé ou noyé dans des combines impopulaires. Quelque chose a été enclenché au Sénégal il y a 4 ans, mais détourné par des entrepreneurs politiques : il est temps que le Peuple reconquière sa souveraineté et réoriente sa révolution. 
Macky a perdu le référendum même si les chiffres sont en faveur du Oui et il le sait. Il sait que sans l’argent et la corruption de certaines, les Sénégalais se détourneraient de ses pseudo-réformes. Il sait que le Peuple ne lui fait plus confiance, car si en quatre ans seulement, il est contraint de débourser autant d’argent pour remporter un référendum, il n’est plus légitime. Il sait que les Sénégalais ont compris sa forfaiture et qu’il est le Président sénégalais le plus impopulaire en l’espace de quatre ans seulement. Gouverner les hommes malgré eux a un nom : c’est la tyrannie. Qu’elle passe par l’intimidation, l’achat des consciences ou la persécution des opposants, c’est toujours de la tyrannie. 
Alassane K. KITANE 
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès
«Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent.» (George Orwell)
Tous les observateurs et analystes politiques en conviennent : le champ politique sénégalais est le lieu où tout ce qu’il y a de plus affreux et d’absurde, trouve une sublimation à la fois morale et intellectuelle. Les alliés de Macky se lancent maintenant sans vergogne dans une campagne d’assomption de son forfait. Nos politiciens se servent de la démocratie en la mettant constamment en péril : par leurs discours pompeux et mensonger, ils emballent le peuple et l’engagent dans un cercle vicieux de retour incessant au point de départ. Cette tactique du sapeur-pompier pyromane est la seule constante dans la pratique de la classe politique, certes vieillissante, mais toujours plus astucieuse et aguerrie en matière d’intrigues malveillantes.
«Quand un écrivain s’engage dans la politique, il doit le faire en tant que citoyen, en tant qu’être humain, et non pas en tant qu’écrivain.»
Quand l’ignorance prend le pouvoir, quand la folie s’empare du courage et inhibe les sages, quand l’insolence de l’ignorance prend les allures de l’engagement, quand dans un pays civilisé les passions noient la saine raison, on ne peut avoir qu’une démocratie de saltimbanque. Quand les gouvernants se rabaissent au rang de simples fretins par l’extrême pauvreté de leur discours et le manque de noblesse de leur position politique, la cité est en danger. Quand on ne peut plus délibérer sérieusement sur les enjeux économiques et politiques à cause d’un bavardage entretenu par les gouvernants, c’est la genèse de l’asthénie démocratique.
Kaolack-Fatick : 44 km de calvaire pour tous les Sénégalais qui voyagent par la route nationale (Rn1). Cette route qui doit être réhabilitée par l’entreprise Jean Lefebvre est devenue un cauchemar pour non seulement les passagers et automobilistes, mais aussi pour les riverains. Un crime permanent contre l’humanité est perpétré depuis plus d’un an sur ce tronçon par ladite entreprise et le régime de Macky Sall. Alors que la lumière n’a jamais été faite sur les causes de la dégradation si rapide de ce tronçon et que des sanctions n’ont jamais été prises à l’encontre des responsables de ce grave forfait, un autre crime est en train d’être commis à l’insu des médias.