Menhir sur le socle de notre fraternité, sur la nécessité historique de concrétiser la nation sénégalaise. Je vous en conjure, dignes enfants de la Casamance, miroirs de ma souffrance et de mon déséquilibre, approchez-vous. Nous proposons engagement et unité dans l’honneur et dans l’enthousiasme. Plus que frères, jumeaux incompris, compagnons siamois, sosies encagoulés, vous êtes à ma portée. Pardonnons-nous les fougues innocentes et les manquements coupables, j’en souffre et j’en arrache.
Contributions de Birame waltako NDIAYE
Il est question de la judiciarisation de la vie politique sénégalaise faite de tromperies des juges et des clercs à la merci des maîtres de céans depuis le fourré coup d’État de 1962 jusqu’à la traque récente des biens mal acquis. Bavards sur l’accessoire et muets sur l’essentiel, Macky Sall et ses compagnons peuvent mieux faire. Nous les espérons susceptibles de renverser la tendance à l’enrichissement illicite vers du concret, pas celui des Karim Wade promus prodigieux sans technique ni talent. Et nous voilà, à peine remis des désillusions du « Sopi » de Wade-père, en bute à la Cour de répression de l’enrichissement illicite(CREI), titubante de la faille des gouvernances ternies des fonds politiques traumatisants et témoins des trahisons hautes d’atteintes.
Discret et rabat-joie comme tout, grand-père a vu juste sur les finalités, aujourd’hui négligées, des unions de cœur. Comme en amitié, la vie de couple est affaire de bohèmes intrépides raccordant sans cesse leurs violons. S’aimer pour le meilleur et pour le pire requiert davantage de dépassement, de dévouement et d’arrangement que les seules flammes dédicacées puis condamnées à l’étiolement par des cas de force majeure. L’amour transparent, l’amour angélique, l’amour chef-d’œuvre est hantise, frénésie et revendication de sainteté.
Abdoulaye Wade a changé, il ne fait plus dans les collections d’arguments et dans les curieuses intrigues politiques. Il veut sans équivoque faire libérer et promouvoir son fils, il ne s’en cache pas, il est « prêt à donner sa vie » dans ce baroud d’honneur. À l’endroit de Macky Sall et de ses acolytes, il certifie l’argument du père qui s’investit pour son préféré parmi tous les sénégalais. Ses camarades de parti qui restent à ses côtés malgré cette manifeste partialité, le font en connaissance de cause. En vérité, il est entrain de lier et de restreindre, à coup de maître, la vie et la destinée du Parti Démocratique Sénégalais(PDS) au sort triomphant de Karim Wade.
En confessant publiquement ses petits plaisirs, Souleymane Faye ne fait pas dans la légèreté, il règle des comptes avec lui-même. L’artiste s’est assigné l’attribut de « musulmenteur », il exprime l’embarras du sénégalais partagé entre pudeur par-ci, entente par-là sur le décor fabuleux des valeurs déclamées et la manifeste propension au laisser-aller. Dans cette inconstance, dans les successifs tempéraments conflictuels, se logent, entre objection de conscience et refus du don de soi, les auto-griefs d’imposture, de tartuferie et de trahison. Au Sénégal, être musulman n’est pas toujours synonyme de conviction et de choix; il est dévolution, rôle et discrétion.
Le mal est déjà fait, Gakou s’apparente à un mouton immolé qui se débat. C’en est fini de ses ambitions politiques à court terme. Il gagnerait davantage de son compagnonnage avec Niasse même s’il lui faut surseoir pour le moment à ses désirs. Tout au plus, il acquiert de ses rebuffades, une posture de méritant, respectable certes, mais contre-productive sans l’appareil progressiste. Cela s’applique également à Khalifa Sall, il l’a d’ailleurs compris, il veut le PS comme échine dorsale, mais surtout comme créneau de légitimation.
En feu et en flamme, le drapeau tricolore a fait les frais de l’indignation des sénégalais peinés de la représentation mesquine du prophète de l’islam. Un enfant noir, lointain africain, aspirant sénégalais, né sous le ciel gris de l’exil des pères, a surpris d’une interrogation sur le sens d’un tel geste manifestement disproportionné. Heu ! Il s’agit, sous l’impulsion des brûlants mollahs tropicaux, de désaccords contre des publications blasphématoires qui s’expriment confusément. Refus de modernité ou combat d’une nouvelle génération, éprise de rigidités et du désir de plénitude ?
Point de contradiction dans l’agenda de Macky Sall sur les évènements de Charlie Hebdo, sa participation à la manifestation de Paris est un signal de désapprobation de la violence et du terrorisme. L’interdiction de vente des publications représente une aspiration au respect des sensibilités religieuses et une volonté d’assurer l’ordre public. La liberté d’expression ne traduit pas absence de limite. Qu’est-ce qui fait qu’on ne peut traiter quelqu’un de pouilleux, de gros ou de moche ouvertement sans s’attirer le mépris de l’opinion publique? Il n’est pas question de loi, mais plutôt d’éthique et de responsabilité de tous pour un mieux vivre ensemble.
Les accords de partenariat économiques(APE) interpellent davantage pour leurs effets tranchants sur le processus d’intégration des États africains. Leurs objectifs fallacieux de croissance et leurs effets nuisibles sur les économies nationales ne sont que prolongement de l’ordre économique qui sévit déjà en terre africaine. La nouvelle donne vient de leurs conséquences désastreuses sur l’agenda de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) à l’horizon 2017 en plus d’exacerber les conflits d’intérêts au sein des organisations sous-régionales.
Noël, promesse renouvelée de fraternité, les sénégalais en ont trouvé occasion et moyen de recouvrer en liesse leur unité d’origine. N’est-ce pas le début de nos humanités, celle de musulmans conciliants, dans l’espace tout aussi ajusté des compatriotes christianisés ? Dépassement des identités fluctuantes, l’appropriation collective de la nativité est prouesse humaniste et triomphe constant. Elle témoigne de notre capacité intrinsèque à vivre de bonne foi sans que la religion, dresseuse des sens, ne compromette la sympathique indulgence patriotique.
La volonté d’évaluer la perspective d’une monnaie commune, à la conférence des chefs d’États et de gouvernement de la communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), au mois de mars, nous est souvent servie sans ardeur. Conformément au programme de coopération monétaire adopté en 1987, les 15 pays envisagent battre leur propre monnaie. De cette ambition, l’avenir du franc de la communauté financière d’Afrique (CFA) est en cause. Des voix s’élèvent de plus en plus pour dénoncer l’arrimage du franc CFA à l’euro et la dépendance qu’il implique vis-à-vis de la France.
À l’arrêt de l’autobus, en partance pour la kermesse Cathédrale, une jeune femme m’apostrophe. Tonton, ça va? Catastrophe! Ma bulle de jouvence s’écroule, la joie enivrante du samedi soir décampe, l’horizon lointain de la solitude se rapproche. Qu’à cela ne tienne! C’est exactement à ce moment précis que nous perdons toute jeunesse, toute légèreté, toute fougue. Un déséquilibre, oui une sourde vibration me secoue et rebute ma désinvolture d’éternel garçonnet.