En confessant publiquement ses petits plaisirs, Souleymane Faye ne fait pas dans la légèreté, il règle des comptes avec lui-même. L’artiste s’est assigné l’attribut de « musulmenteur », il exprime l’embarras du sénégalais partagé entre pudeur par-ci, entente par-là sur le décor fabuleux des valeurs déclamées et la manifeste propension au laisser-aller. Dans cette inconstance, dans les successifs tempéraments conflictuels, se logent, entre objection de conscience et refus du don de soi, les auto-griefs d’imposture, de tartuferie et de trahison. Au Sénégal, être musulman n’est pas toujours synonyme de conviction et de choix; il est dévolution, rôle et discrétion.