Certains diront que le mot que j’ai choisi est inapproprié. Mais je n’ai pas trouvé mieux pour décrire la réalité que je souhaite mettre en débat. Lorsqu’on se propose d’analyser le mode de fonctionnement (dysfonctionnement serait d’ailleurs plus pertinent) du système politique que notre société a créé, on ne peut manquer d’être frappé par sa grande capacité à se reproduire quasiment à l’identique. Les acteurs politiques se succèdent, assimilent et reproduisent les logiques, le langage, les codes et usages, les petits calculs, les renoncements, et bien d’autres pratiques et comportements qui peuplent l’espace politique sénégalais. Cette formidable capacité des élites sénégalaises, qu’elles soient politiques, intellectuelles, religieuses ou coutumières, à se laisser mouler dans cette sorte de culture politico-sociale et administrative, faite d’une symbiose inachevée entre des normes et valeurs traditionnelles, des normes occidentales importées ainsi que des normes religieuses travesties, semblent être l’un des principaux facteurs de blocage de notre société.