Tous les événements sont l’occasion, au Sénégal, d’appeler au dialogue. Personne ne veut être en reste dans cet exercice. La classe politique, la société civile, les chefs religieux comme la presse, tout le monde veut jouer sa partition. Il en a été ainsi au lendemain des élections législatives du 30 juillet dernier, entachées de nombreuses irrégularités tout au long de son processus, comme le jour de l’Aïd El Kébir. Ce jour-là, nombre d’imams ont abordé ce fameux dialogue dans leurs prêches. Comme s’il saisissait la balle au bon, le président-politicien déclare notamment, après la prière à la Grande Mosquée de Dakar : « Je reste ouvert au dialogue. Ce pays, nous ne pouvons pas le construire sans nous parler les uns les autres. Il est vrai qu’il y a des moments de tension naturelle liée à des élections, mais une fois cette compétition derrière nous, nous devons continuer à dialoguer. » Et le président-politicien de poursuivre : « Je lance donc un appel à la classe politique pour que nous évaluions ensemble le processus électoral que nous venons de vivre et anticiper sur les prochaines élections. »
Contributions de Mody NIANG
Il avait le pouvoir, tout le pouvoir, et ne s’en privait pas. Avec son fameux décret, il nommait à tous les emplois civils et militaires. Il n’était même pas gêné de déclarer publiquement qu’il pouvait nommer son chauffeur ambassadeur. Il nous en a effectivement fait voir de toutes les couleurs avec ses nominations.
Ce qui intéresse par-dessus tout notre président-politicien chez les individus, ce n’est certainement pas la vertu, mais le gain électoral qu’il peut en tirer. Les mensonges, les reniements, les trahisons ne le dérangent pas.
Mes chers compatriotes, ce TER est un scandale, un scandale gravissime dont nous allons payer les sottes conséquences pendant de longues années. Un TER sur 57 kilomètres dont on nous dit qu’il sera électrique et atteindra une pointe de vitesse de 160 km /heure ! Un TER unique en Afrique de l’Ouest, ajoutent-ils ! Des milliers de nos villages sont plongés dans l’obscurité dès la tombée de la nuit, ainsi que nombre de quartiers dans nos villes. Un TER qui traverse 14 gares entre son point de départ et son point d’arrivée ! Où va-t-il développer cette vitesse dont nos gouvernants se vantent ?
Cette contribution date de 2008. En le lisant, on se rend compte que les situations qui y sont décrites n’ont pas le moins du monde changé, en tout cas pas dans le bon sens. Elles sont plutôt figées, peut-être même sont allées de mal en pis. La faute certainement aux citoyennes et aux citoyens, mais davantage aux politiciens qui nous gouvernent depuis notre accession à la souveraineté internationale.
La presse a fait état de la ‘’forte mobilisation’’ réussie par Awa ‘’coudou’’ Ndiaye lors de la visite du président-politicien à Saint-Louis, le dimanche 5 mars 2017. « C’est un déferlement de centaines de jeunes et de femmes qui a jalonné l’entrée du Pont Faidherbe et arraché un large sourire au Président Macky Sall visiblement satisfait », précise le quotidien ‘’L’AS’’, dans son édition du lendemain. Mais, qui est cette Awa Ndiaye qui a le vent en poupe ? Elle a été tour à tour Ministre de la famille, de l’Entreprenariat féminin et de la Micro-finance, Ministre d’État auprès du Président de la République, Ministre d’État, Ministre du Genre, de l’Équité et des Relations avec les Associations féminines africaines et étrangères jusqu’au départ du président Wade du pouvoir. Elle a occupé ainsi, pendant plusieurs années, de hautes fonctions à une période où, dans de nombreuses autres structures de l’Etat, c’était la bamboula. Comme c’est exactement le cas depuis le 2 avril 2012. Dans son rapport 2008, l’Autorité de Régulation des Marchés publics (Armp) a mis en évidence des cas de mauvaise gestion d’une extrême gravité. L’un des exemples les plus frappants, c’était incontestablement celui d’Awa Ndiaye, alors Ministre de la [...]
L’affaire dite de la Mairie de Dakar occupe pleinement l’actualité depuis plusieurs jours. En attendant de savoir comment elle va se terminer, elle interpelle tous les compatriotes tant soit peu conscients de leurs responsabilités citoyennes. Elle soulève, en particulier, cette lancinante question de l’argent public confié à une minorité de privilégiés qui en usent et en abusent. Nous faisons pourtant partie des pays les plus pauvres et les plus endettés.
Excellence, Monsieur de la République, votre prédécesseur disait de nous que « nous avions de la peine à nous souvenir de notre dîner de la veille et ne croyions qu’à l’argent et aux honneurs ». En langue nationale walaf, ce mépris s’exprime ainsi : « Senegale, boo ko laajee lu mu reere biig du la ko wax, te gëmul […]
Le mardi 10 janvier 2017, on pouvait lire ce qui suit, dans un journal de la place : « Macky Sall était partout. Depuis hier, lundi 9 janvier, il n’est nulle part. C’est que l’image du chef de l’État, qui ornait les grandes affiches visibles à travers la capitale depuis quelques mois, a complètement disparu. » Et le […]
Le 2 novembre 2016, je consacrais à «L’autre virtuose de la tortuosité qui ne pouvait plus se passer de l’oxygène du pouvoir», une contribution dont voici la conclusion : «C’est cet homme sans autre conviction que ses intérêts, que le président Macky Sall est allé chercher pour lui confier une commission-bidon, et lui payer pour rien, […]
Le Président Macky Sall a entamé hier une visite d’Etat de quatre jours en France. A son arrivée, il a été reçu à Orly par Annick Girardin, modeste Ministre de la Fonction publique, accompagnée de l’Ambassadeur de France à Dakar et d’autres personnalités. Son rang protocolaire a frustré plus d’un, selon certains observateurs et suscité une vive polémique relayée par les réseaux sociaux. Deux quotidiens sénégalais sont vite venus à la rescousse pour relativiser. Ils rappellent la visite de chefs d’Etat et de gouvernement en France, et dont aucun n’a nécessité le déplacement du Président français.
Tous les citoyens, toutes les citoyennes, tous les démocrates de ce pays, hors de cette lourde coalition Bennoo Bokk Yaakaar bien entendu, ont constaté, avec amertume, le rythme de caméléon avec lequel se déroule le processus des inscriptions sur les listes électorales. Ce processus pose vraiment problème et devrait inciter les citoyens à réagir vigoureusement. On devine aisément, si on considère cette lenteur (choisie) du processus, que le Président de la République et son très dévoué Ministre de l’Intérieur ont bien une idée derrière la tête, qu’ils vont mettre en œuvre sans état d’âme si on n’y prend garde.
« (…) Le calendrier électoral est connu. Les élections législatives se tiendront au plus tard le 29 juin 2017. La date sera fixée et il n’y a pas de débat possible sur cet agenda. Je ne suis pas dans la spéculation, dans les calculs politiciens.
Je ne m’étais pas trompé. Comme je l’avais annoncé dans ma contribution publiée le 5 octobre 2016, ils me sont copieusement tombés dessus et m’ont traité de tous les noms d’oiseaux. Les quotidiens leur ont largement ouvert leurs pages, même ceux qui s’étaient gardés de publier mon texte. Pour l’essentiel, ces courtisans zélés – c’est d’eux qu’il s’agit –, me reprochent ma « haine », ma « méchanceté » et mon « insolence » à l’endroit de la dame la mieux protégée du Sénégal. L’un d’eux, un vieux journaliste, a même évoqué le tribunal qui a condamné Jeanne D’Arc au bûcher, et devant lequel il me traînerait volontiers. L’objectif de ce texte est davantage d’apporter des clarifications que de répondre à leurs attaques en règle.
Oui, je me suis posé plusieurs fois cette question, exprimée en langue walaf et titre de ce texte. Oui, je me la pose encore aujourd’hui, après ses « révélations » de ces derniers jours, qui lui ont valu de presque partout une volée de bois verts :
Elle fait du cinéma, cette «Première dame». Elle nous prend manifestement pour ce que nous ne sommes pas : des demeurés, des gens qui ne comprennent rien. Ces derniers jours, elle a occupé la «Une» de nombreux médias, y compris des médias privés qui annonçaient sa visite à Grand Yoff. Elle a atterri finalement à Yoff et, semble-t-il, à Ouakam. Ses déplacements annoncés ont le même objectif déclaré : «Voler au secours des sinistrés, les soulager, etc.» Comme de coutume, elle a été à Yoff hier, flanquée de ses hommes et dames de compagnie ainsi que des médias et, en particulier, de la télévision «nationale», plutôt «républicaine». A l’occasion, des personnes du troisième âge ont eu droit à des consultations grâce à son «hôpital mobile». Beaucoup de médicaments ont été distribués dans la localité.
On sait d’un adage walaf que «ku aj, buggul ku séenu kaw». En d’autres termes, le larron qui a caché son butin dans le feuillage d’un arbre craint qu’on lève la tête. Le brave Ousmane Sonko a osé se livrer à cet exercice pour y voir plus clair et nous éclairer la lanterne. Mal lui en a pris : le décret de révocation lui est tombé dessus pour lui clouer le bec, lui et tous les lanceurs d’alertes potentiels. Le message du fameux décret est clair : «Fermez-vous la bouche, les yeux, et hermétiquement les oreilles, et laissez-nous jouir tranquillement de notre nguur !».
Les médias de service public ont toujours été accaparés par les différents régimes qui se sont succédé au Sénégal. On croyait que l’accaparement avait pratiquement atteint son comble avec les douze années de gouvernance Wade. En réalité, son successeur est aussi politicien et aussi amoureux des médias de service public que lui. Peut-être même, le […]
Les conditions rocambolesques de la libération de Karim Wade ont remonté à la surface le fameux « Protocole de Reubeuss », qui alimente par intermittence l’actualité sénégalaise depuis onze à douze longues années. On aura tout entendu, tout lu avec ce fameux « Protocole », qui est allé de rebondissement en rebondissement et donnant lieu, chemin faisant, à toutes sortes de commentaires et à des amalgames les plus malhonnêtes. Aujourd’hui, l’horizon semble s’éclaircir et les langues commencent à se délier vraiment. Comme poussés par on ne sait quelle force, des acteurs qui rejetaient formellement l’idée d’un quelconque protocole, se disputent aujourd’hui les médias publics et privés, pour en reconnaître sans sourcilier l’existence, même s’ils l’appellent « accord», « engagement », « traité », etc. Nous avons donc beaucoup lu, beaucoup entendu, de la part de ces hommes et de ces femmes qui étonnent et indignent par leur versatilité. Il est vrai que nous sommes au Sénégal, un pays où la parole donnée n’a plus aucune valeur. On peut y affirmer formellement une chose aujourd’hui, et tout le contraire le lendemain sans frais.
La grâce a été donc accordée à Karim Wade, sur «demande de tout le monde», explique sans conviction le Président de la République. «Sur demande de la famille», renchérit le Secrétaire général du Gouvernement, auteur du livre «Contes et mécomptes de l’Anoci » (Editions Sentinelles, Dakar, août 2009), au moment où il était encore journaliste. Ce qui était donc finalement considéré comme «une demande sociale» a été satisfait et le bénéficiaire se la coule douce à Doha, sûrement traité comme un prince par «son ami», l’Emir du Qatar.