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Librement Oui !

Le dictionnaire Larousse définit le référendum comme «un procédé de démocratie semi-directe permettant aux cito­yens de manifester eux-mê­mes un choix politique». L’ex­périence n’étant pas nouvelle au Sénégal, je voudrais souligner ici la liberté d’expression politique que nous offre ce référendum qui déchaîne autant de passion.

Ce texte définitif du référendum, publié dans Le Soleil du 1er mars 2016, je l’ai parcouru, relu à tête reposée pour me forger une opinion personnelle. J’ai suivi beaucoup de débats organisés dans les médias, j’ai dévoré beaucoup d’articles dans la pres­se écrite et en ligne. Chaque cou­rant s’est voulu très convaincant, arguments juridico-politiques à l’appui, sur fond de conflit entre la morale et le droit. Les acquis, les pièges, les non-dits, les clairs-obscurs, tout a été passé au peigne fin. Mais cela est signe louable et encourageant de la vi­ta­lité de notre démocratie qui ne saurait souffrir du diktat de la pensée unique.

Après les conclusions des Assi­ses nationales, après les propositions de la Commission natio­nale de réformes des institutions (Cnri), après les décisions du Conseil constitutionnel, le Prési­dent a pris l’option de consulter le Peuple pour qu’il se prononce sur la révision de la Constitution. Le pouvoir du Peuple (démo-cratie) trouve son véritable sens à cette occasion. Il faudrait alors laisser le Peuple sénégalais, lar­gement éclairé des enjeux du scru­tin, opérer librement son choix politique.

Personnellement, je constate de l’amalgame dans la perception de ce référendum. A entendre les uns, c’est la personne mê­me du Président qui est ciblée et l’on se désole que les tirs groupés viennent essentiellement du camp de ses anciens camarades libéraux. Un règlement de comp­tes crypto personnel ou simple nihilisme politicien ? Il est vrai qu’en épargnant son présent septennat, c’est l’herbe qui est fauchée sous les pieds de tous ceux-là qui étaient aux aguets, pres­sés d’en finir avec l’actuel occupant du Palais. On peut alors comprendre leur déception et leurs frustrations, leur man­que de hauteur.

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Par ailleurs, quand des chefs de parti se contentent de donner des consignes de vote, sans prendre la peine de convaincre leurs militants de la pertinence ou non de cette révision, je me dis que c’est leur manquer de respect, c’est leur dénier toute capacité de réflexion, c’est leur ôter la possibilité de choisir librement. Et puis, à ce que je sache, le ré­férendum n’est pas l’affaire des partis politiques. Par consé­quent, nous le Peuple, nous refusons la mainmise de ces professionnels de la politique qui s’activent pour des intérêts personnels. L’intérêt national étant su­périeur aux parcours individuels, la seule consigne qui vaille, c’est de pousser le Peuple à aller voter massivement et en cela, j’approuve la campagne contre le boycott.

Ainsi, pour n’avoir pas décelé ce qui pourrait constituer un recul des acquis démocratiques pour n’avoir pas senti un affaiblissement de l’Etat de droit, pour n’avoir pas trouvé de pièges et de non-dits dans les droits et libertés fondamentaux et devoirs des citoyens, je voterai oui. Dans ce texte de loi, je ne vois pas la prétendue légalisation de l’homosexualité, la suppression de la laïcité, ce que je vois par contre, c’est un pays qui veut aller de l’avant, «en approfondissant la démocratie et la bonne gouver­nan­­ce, en renforçant l’Etat de droit et en élargissant les droits et libertés des citoyens» (Cf. l’ exposé des motifs) Pour tout cela, je voterai donc oui, avec la conscience tranquille, avec le préjugé favorable.

 

Albert FAYE

Coordinateur du Rewmi

à Mont Rolland

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