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Capitulation, Enfin !

C’est un peu une leçon d’histoire qui est étalée sous nos yeux. Elle interroge l’attitude des petits chefs qui se retrouvent subitement confrontés à de grandes équations. Le résultat des courses est systématiquement le même à l’arrivée : c’est fuite en avant, c’est renonciation, ou c’est les deux à la fois. Rampant, calculé, soupesé et finalement quasi acté, le projet d’élargissement de Karim Wade est le dernier coup de massue que le Président de la République assène à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), et plus globalement à l’idée même de lutte contre la corruption au Sénégal, les fraudes fiscales, les blanchiments d’argent sale, les détournements de deniers publics, etc.

En fait, le coup est déjà parti. Là, on est juste curieux de savoir à quoi peuvent bien servir maintenant les chamboulements survenus récemment à la Crei ? Quel malchanceux d’entre les opposants au régime va-t-on offrir à la vindicte populaire et médiatique pour divers «délits» ? Va-t-on ignorer encore longtemps les «clients» identifiés par l’Ofnac et dont les dossiers ont été transmis à l’autorité judiciaire ? On en doute. La traque des biens dits mal acquis, comme nous l’évoquions entre ces lignes il y a quelques jours, est devenue une vieille relique d’une histoire sans consistance portée par un faux héros aux capacités de reniement proprement hors du commun. De quoi ce pouvoir n’est-il pas le nom désormais après cette capitulation retentissante mais prévisible ?

Cette aptitude phénoménale à ruser, à dissimuler pour tromper en fin de compte, alors qu’on est la première institution de la République, est une tendance dangereuse pour la stabilité de ce pays. L’évocation d’une libération prochaine de Karim Wade, dans les circonstances manœuvrières permises par un «dialogue national» sans queue ni tête, est une insulte à la dignité des électeurs sénégalais qui ont rendu possible le départ d’Abdoulaye Wade. Elle est sans égard aucun pour ces citoyens qui, au prix de leur vie et de leur intégrité physique, ont affronté la machine répressive des Wade avec force et détermination. C’est ce sacrifice là que l’autre promet de rendre vain. Tant mieux pour Karim Wade dont on s’indigne qu’il soit le seul de la bande vagabonde des 25 à payer un prix pour sa participation à la casse !

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Après quatre ans de faire-semblant, la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite s’est donc effondrée sous les coups de boutoir d’une élite corrompue et prédatrice dont la seule ambition est d’institutionnaliser la culture du règlement de comptes permanent comme moyen de conserver le pouvoir. A présent, personne ne peut faire croire aux Sénégalais que la tentative de destruction de Karim Wade n’était pas qu’un vulgaire règlement de comptes entre gens de l’élite. Entre «bandits», comme disait l’autre, les yeux rivés sur un butin…

 

Momar DIENG

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