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Sénégal, Un Modèle Politique Qui Tombe !

Pendant ce moment-là toutes les possibilités sont offertes. Certains se replient sur leurs groupes, leurs communautés, leur clan, leurs terroirs ou se referment. Derrida ne disait-il pas que la meilleur façon d’être fidèle à un héritage c’est de lui rester infidèle.

Il me semble qu’il faut reprendre le geste de ceux qui dans des moments similaires ont imaginé le futur du Sénégal. Imaginer le futur de notre pays ne signifie pas qu’il faut forcément répéter le contenu. Tous les signaux de nos différents secteurs sont quasiment au rouge: un secteur public faiblement productif et source d’handicap du secteur marchand, le choix absurde de verser dans des concepts creux et vides comme celui de l’émergence, l’incapacité de l’Etat à mettre en œuvre l’équivalent de grands programmes de développement alternatif, un système éducatif de moins en moins performant et qui décline de plus en plus, la distribution de droits sociaux non financés, des gouvernements irresponsables désireux de rester en place sans assumer des réformes courageuses, etc. Bref, notre fameuse exceptionnalité décline. N’étions-nous pas cette référence en Afrique en termes de progrès et de démocratie et d’Etat de droit ?

Pourtant, ce déclin politique et économique du Sénégal est admis par tous les observateurs avertis. Seuls les sénégalais semblent être maintenus dans l’ignorance. Le Sénégalais est toujours le dernier a être informé des choses le concernant. Ce désastre qui frappe le Sénégal provient de l’anachronisme et l’hypocrisie de sa classe politique. Pendant des années on nous a bassinés avec des formules vagues et creuses. Qu’est ce qu’un modèle économique qui ne produit pas de croissance ? Qu’est ce que c’est que ce modèle social qui ne fait que creuser la pauvreté ? Nous avons perdu des places dans tous les domaines, dans tous les classements internationaux : PIB par habitant, part dans le commerce international, rayonnement culturel, niveau d’éducation et de formation, influence exercée au sein des organisations internationales.

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Bien sur, rien ne dit que nous ne saurons pas nous relever car nous avons connu des moments beaucoup plus difficiles. Mais nous ne le ferons qu’en identifiant les causes réelles de nos échecs et non en leur cherchant des excuses ailleurs. Cette crise est la notre elle est de notre responsabilité collective. Ce n’est la faute ni de la mondialisation ni des grandes puissances encore moins de l’ancien colonisateur.

Il faudrait trouver la bonne distance de l’estime de soi en acceptant que nous avons beaucoup d’efforts à faire. On n’est plus un modèle, on reste enfermé dans une démocratie de populistes et de petits dirigeants sans vision. Certains pays africains réussissent mieux que nous. Le Ghana réussit fort bien face à la même mondialisation. Les Rwandais ont réussi des taux de croissance extraordinaires après avoir connu des situations dramatiques.

Pourtant nous avons l’une des classes politiques les mieux formées en Afrique, un Président de la République plus puissant que le Président américain. Cette classe politique a certes des projets mais qui ne correspondent à rien et qui ne tournent autour de rien! Dés lors la pensée commence maintenant, c’est-à-dire comment faire avec ces différents problèmes identifiés ? Il ne suffit plus de mettre les mots sur les maux, il faut agir!

 

Mouhamed Ngouda Mboup

Constitutionnaliste

Enseignant-chercheur à la FSJP/Ucad

Ancien ATER à la faculté de Droit de l’Université de la Rochelle,

Ancien enseignant à l’Université de Grenoble

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