Le Sénégal vient de sortir, grâce au génie de son peuple, d’une élection présidentielle qui aurait pu le mener à la ruine. Mais ce qui est curieux et renversant à la fois, c’est que, à peine le peuple nous a-t-il extirpés de ce cauchemar que les perdants de la présidentielle nous nous parlent de respect scrupuleux du calendrier électoral pour les Législatives, comme si ce respect des institutions a toujours été le viatique de ceux qui nous ont gouvernés pendant douze douloureuses années.
L’intelligence étant la faculté de se servir de l’expérience, nous estimons qu’avant de nous lancer, la tête baissée, dans une autre élection, il nous faut faire l’état des lieux du parti politique sénégalais ! Un diagnostic sans complaisance qui permettra de mesurer l’impact négatif, sur la marche de nos institutions, du statut d’association privée du parti politique au Sénégal et de son mode de fonctionnement basé sur l’accaparement par un individu ou une minorité. Comment peut-on seulement confier à une association privée la gestion de tout un Etat qui appartient à toute une Nation ? C’est là une grave erreur institutionnelle qu’il urge de corriger.
Il nous faut nécessairement formater un nouveau type de parti politique au Sénégal pour renforcer notre démocratie mise à rude épreuve par le défunt régime libéral! Et pour cela, les Législatives doivent être repoussées bien au-delà du premier juillet 2012* pour permettre au Ministère de l’Intérieur, de concert avec toutes les forces vives de la Nation, de réviser, en profondeur, le statut des partis politiques. Nous estimons que, d’association privée, le parti politique sénégalais doit devenir une association d’intérêt public avec des obligations plus accrues et plus contraignantes. Désormais, pour être autorisés à participer aux différentes élections organisées dans ce pays, les partis politiques doivent être tenus d’organiser, sous la supervision du Ministère de l’Intérieur, des Congrès à l’échelle départementale, régionale et nationale, pour choisir démocratiquement leurs dirigeants et leurs candidats aux différents postes électifs. Par le même mode de scrutin par lequel sont élus les députés, les sénateurs et le président de la république !
Si un tel mode de désignation avait été adopté en 2012, l’autre n’aurait pas pu imposer sa candidature inconstitutionnelle aux militants de son propre parti. D’autres voix se seraient sûrement élevées pour s’opposer à lui et briguer le suffrage des militants libéraux et nous éviter les douze martyrs et les multiples dégâts humains, moraux et matériels occasionnés par son forcing.
Un parti politique dirigé par un monarque qui en fait sa propriété et qui impose toutes les orientations et toutes les décisions à la majorité des militants, peut-il appliquer les principes démocratiques et promouvoir la démocratie au niveau national, une fois le pouvoir exécutif conquis ?
Il faut reconnaître que la plupart de nos partis politiques sont des micro-dictatures qui ne peuvent générer que la macro-dictature. Il nous faut donc les réformer pour en faire des micro-démocraties génératrices de macro-démocratie !
Il serait indécent et insultant pour le peuple, de permettre à des partis politiques dirigés par des dictateurs et générateurs de dictature, d’aller allègrement aux Législatives, comme si rien de grave ne venait de se passer dans notre pays !
Pour un nouveau type de parti politique sénégalais avant les Législatives !
*Au-delà de l’impérieuse nécessité de réformer les partis politiques, des Législatives le 01 juillet perturberaient gravement le nouveau calendrier mis en place à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’UCAD pour sauver l’année académique : premier semestre : avril-juin ; deuxième semestre : juillet-septembre !
Pr. Gorgui DIENG
Département d’Anglais, FLSH
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar.
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