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Parti Socialiste Sénégalais : Héritage Bradé

Le père Léo s’est certainement retourné  dans sa tombe quand le bureau politique du Parti Socialiste a décidé de ne pas présenter un candidat …socialiste à l’élection présidentielle de 2019.

C’est une lourde responsabilité que les dirigeants socialistes ont prise. En effet, ce parti qui a conduit notre pays à la souveraineté internationale, est devenu un patrimoine National. Dans chaque famille sénégalaise on trouvera un socialiste. Ce sera peut être le grand père, la grand mère ou le père qui a appartenu à cette formation politique qui est née d’une coalition de plusieurs partis politiques qui avaient décidé d’enterrer les querelles de politique politicienne. Tout est parti du Bloc Démocratique Sénégalais (BDS) de Léopold Sedar Senghor et Mamadou Dia, deux hommes qui se complétaient dans l’action politique. Pour la petite histoire la première section du BDS était celle de ….Fatick avec à sa tête Mamadou Dia, ville où il a obtenu tous ses mandats électifs.

Ils ont été rejoints par le sage, Maitre Lamine Gueye, responsable de la SFIO (Section française de l’internationale ouvrière) qui avait son électorat dans les villes alors que Senghor avait opté pour les masses rurales reléguées au second plan par les colons. Cette entente a mené les deux formations à créer l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS). Alors qu’en Afrique on parlait de parti unique, Père Léo, l’Agrégé de grammaire préférait le terme de parti Unifié. D’autres formations politiques viendront  massifier l’UPS. Ce fut le cas du PRA (parti du regroupement africain)des professeurs Assane Seck et Amadou Mactar Mbow. Bref on peut dire que les hauts cadres qui ont fait ce pays à l’indépendance avaient décidé de le mettre dans le rang des pays modernes et démocratiques.

C’est ce parti qui a vu passer tant de générations et dont les gouvernements successifs ont formé de hauts cadres disséminés à travers le monde pour leur compétence. C’est pendant le règne du PS que notre pays, par une diplomatie de haute facture, a placé deux sénégalais à la tête de deux organisations internationales. Il s’agit du Professeur Amadou Moctar Mbow élu directeur général de l’UNESCO, cette organisation spécialisée du système des Nations Unies chargée de l’éducation, des sciences et de la culture pendant presque 14 ans. Ensuite, il y a eu monsieur Jacques Diouf pendant 14 ans directeur général de la FAO, chargée dans le système onusien de l’alimentation et de l’agriculture. Qui dit mieux en Afrique ?!

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Le parti socialiste c’était aussi l’Ecole du parti qui organisait régulièrement des sessions de formation pour mieux armer les militants quand il s’agira de défendre les différents programmes de développement  que le gouvernement socialiste mettait en place pour tous les citoyens. La Fédération des étudiants socialistes était très active pendant les vacances. Elle organisait à travers tout le pays des conférences contradictoires avec les autres formations politiques. Un débat d’idées de haute facture. N’est ce pas DIOP Decroix, Abdoulaye Bathily et qui encore? On est loin de cette période faste. A quoi assiste t-on  aujourd’hui ? On brûle des autobus, on s’en prend aux biens des autres car, dit on, tous les malheurs viennent…du gouvernement. Même si un juge condamne un politicien on dit c’est le gouvernement !

Le parti socialiste c’était aussi le GER son groupe d’Etudes et de Recherches animé par de grands intellectuels qui donnaient leur avis sur la politique socialiste. Des fois on assistait à des prises de position non conformes aux décisions du gouvernement. Et cela était normale dans un parti démocratique où le débat d’idées était accepté. On oubliera pas le Club Nation et Développement qui rassemblait des grands intellectuels et autres personnes ressources qui réfléchissaient à haute voix et de façon très intelligente sur tout ce qui touchait à la vie sociale, économique, politique et culturelle de notre pays.

A tout cela on ajoutera le fait que les dirigeants socialistes de cette époque particulièrement le Père Léo  n’avaient jamais cherché à s’enrichir contrairement à celui-la qui, dès sa prise de fonction à la tête de l’Etat en 2000 déclarait, je le cite: « Nos soucis d’argent sont terminés « . N’est ce pas Idy, ancien futur quatrième président du Sénégal ?  Quand ils ont quitté le pouvoir,  la majeure partie des dirigeants socialistes étaient pauvres comme JOB. Moustapha Guirassi, fils d’un grand dignitaire socialiste Feu le President Mamba Guirassi le rappelait récemment dans une émission.

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Une telle formation politique ne mérite pas ce qui lui arrive. Beaucoup de militants socialistes sont nostalgiques de cette période où les grands de ce monde se bousculaient pour venir rencontrer les dirigeants socialistes sénégalais. On citera entre autres le Roi Faycal d’Arabie Saoudite, l’Empereur Haile Selassie d’Ethiopie, le Maréchal Josip Bros Tito de la grande Yougoslavie, le  Etcheveria du Mexique, le président Nicolas Ceausescu de Roumanie, Georges Pompidou président de la République française et camarade de promotion du père Léo, Pierre Eliot Trudeau premier ministre du Canada et père de l’actuel premier ministre canadien Justin Trudeau.

Ce n’était donc pas étonnant que le père Léo soit désigné par ses pairs pour aller à Tel-Aviv rencontrer la dame de fer, Mme Golda Meir  premier ministre de l’Etat d’Israel pour trouver une solution au conflit israélo arabe. On oublie souvent qu’il y a plus d’arabes en Afrique que partout ailleurs dans le monde. Cela a permis plus tard le retrait israélien du Sinai cette partie intégrante de la terre africaine, motif du déplacement de la délégation africaine conduite par le père Léo dont les reporters occidentaux avaient magnifié la façon pédagogique et professorale avec  laquelle  il avait mené les négociations avec la chef du gouvernement israélien réputée très difficile.

Un parti qui a tant fait sur le plan national et international ne mérite pas de rater une élection présidentielle. Il est vrai que dans le monde ce sont les coalitions qui gagnent les élections mais après  d’âpres discussions programmatiques à l’issu desquelles chacun met sur la table ce qu’il faut faire en cas de victoire. On a entendu Modou Diagne Fada, qui a rejoint la majorité présidentielle dire que les deux délégations de l’APR et de sa formation ont ficelé une entente. Qu’en est il du PS et des autres formations de Benno Bokk Yakaar ?  On ose espérer que le prochain congrès du PS pour investir le candidat Macky Sall sera une bonne occasion pour les responsables de rassurer les militants en leur expliquant que leur parti n’a pas été …dissous de fait dans l’APR, cette formation politique qui est une véritable Armée mexicaine. L’avenir nous édifiera.

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L’autre semaine, il s’est tenu dans notre pays et de façon inaperçue un congrès des mouvements de la société civile africaine, lanceurs d’alerte, avec comme hôte notre Y ‘en a marre national. Une trentaine de délégations venant de tous les coins d’Afrique ont pu se réunir tranquillement sans aucun risque d’expulsion pour ces organisations que la plupart des Etats africains considèrent comme des nids de subversion. Avant de se quitter, il paraîtrait qu’aucune délégation n’a osé prendre la responsabilité de pouvoir abriter une pareille rencontre dans son  pays. Je crains fort que le …Sénégal abrite la deuxième rencontre faute de candidature. C’est peut être encore l’exception Sénégalaise ? Qui parle de dictature dans notre pays ?

Cette semaine a enregistré une déclaration commune des organisations  des droits de l’homme comme la Raddho (rencontre africaine des droits de l’homme) Amnesty  Senegal et la ligue sénégalaise des droits de l’homme pour dénoncer le retard pris pour trouver le coupable du meurtre au mois de Mai 2018 de l’étudiant de l’Universite Gaston Berger de Saint Louis. Que je sache, je n’ai entendu aucun droit de l’hommiste dénoncer le retard pris par la justice dans l’organisation de procès dont les protagonistes sont  des grosses pontes ou appartiennent à certaines familles.

Il y a peut-être des sous citoyens qui n’entrent pas dans les champs d’action de ces organisations ? Ces organisations n’ont pas entendu les cris des veuves  de ces suppliciés de Mbour, tués sauvagement sans sépulture ? Pourquoi chers  droit de l’hommistes   vous ne criez pas avec des vuvuzelas pour apporter votre soutien à ces vaillantes dames qui, dans la douleur, attendent depuis plusieurs années pour savoir pourquoi leurs maris ont été tués. Alors on préfère les communiqués  populistes en demandant  que la justice fasse vite parce qu’on a affaire à un étudiant pour ne pas dire un intellectuel. Dites nous pourquoi ces deux poids deux mesures ? On aimerait bien savoir.

 

Abdou Gningue

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