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Est-il Hypocrite De Condamner Le Mal ?

L’argument de l’ « hypocrisie sénégalaise » semble être devenu, de nos jours, l’un des mieux partagés dans notre pays. En effet, cet argument est de plus en plus servi aux détracteurs des perversions morales à qui l’on rappelle systématiquement qu’il existe, au sein même de notre propre société, d’autres actes infiniment plus graves que ceux qu’ils dénoncent. Actes qui sont même souvent, circonstance aggravante, accomplis par ceux qui sont censés nous servir de modèles (hommes politiques, religieux, éducateurs etc.).

Cet argument, l’un des plus puissants de l’idéologie matérialiste moderne utilisé pour nous renvoyer à nos propres contradictions, surtout combiné à celui de la « surenchère », fut récemment invoqué par l’un des acteurs d’une séquence pornographique (de la série « Rendez-vous ») diffusée sur la télévision nationale. Acteur qui, interpellé sur ses dérives, rappela vertement à ses censeurs que des scènes de loin plus obscènes sont quotidiennement diffusées sur les médias sénégalais, sans créer de scandales particuliers. Au même titre d’ailleurs que l’existence, au su et au vu de tous, de chaînes codées dites «Boul Khool » beaucoup plus répréhensibles. Plus récemment, l’organisateur d’un concours avilissant (dit « miss jongoma ») rétorqua assez crûment à ses contempteurs religieux de « s’occuper plutôt de leurs ouailles ». Sachant qu’il existait même parmi ces religieux des comportements de loin plus condamnables qu’ils feraient mieux de dénoncer d’abord. En somme de « balayer d’abord devant leur propre porte » (de semblables arguments, genre « bou niou kenn sonal », étant de plus en plus brandis, surtout dans les forums sur le web, pour défendre crânement toutes sortes de dépravations).

Ce genre d’argumentaires, dont la récurrence croissante requiert, à notre avis, une certaine analyse, nous mène à nous poser les questions élémentaires suivantes. Doit-on considérer comme « hypocrite » le fait de condamner une pratique immorale, du moment que l’on sait pertinemment qu’elle existe dans notre propre société ? Est-on obligé d’approuver une perversion sociale ou morale du simple fait qu’il en existe de plus graves et de plus condamnables dans notre société que l’on ne parvient pas à éradiquer ? Les sénégalais doivent-ils être considérés comme des « hypocrites » chaque fois qu’ils critiqueront des dérives constatées dans leur société, juste parce qu’il existe parmi eux des citoyens censés être des modèles de vertu qui tombent dans ces dérives ou en commettent même de pires ? Autrement dit, ne doit-on plus appliquer sur un individu donné les lois et règles proscrivant une pratique, à chaque fois que l’on verra la commettre d’autres individus (« intouchables ») à qui le pouvoir ou la position procure une forme d’impunité juridique ou sociale ?

Ces questionnements ne peuvent manquer, à notre avis, d’être appréhendés, dans un premier temps du moins, sous l’angle de l’esprit de nos lois, car faisant indirectement appel à la nature même du système judiciaire. Quoique l’objectif théorique de toute condamnation ou proscription soit qu’elle puisse être un jour appliquée à tous, sans aucune sorte de discrimination ou partialité injuste, basée sur le pouvoir, l’origine ou la classe, l’existence de règles dont l’application concrète ne peut être étendue à tous, du fait des privilèges, faveurs légalement injustifiées ou pressions diverses, ne saurait toutefois remettre en cause la légitimité, en tant que telle, de ladite condamnation. Du moins tant que celle-ci contribuera à jouer le rôle lui étant dévolu de barrière destinée à limiter le chaos et l’immoralité d’une société. Et que l’on aura toujours à cœur d’annihiler progressivement les inégalités constatées dans sa mise en œuvre, à travers une meilleure organisation politique, juridique et sociale. A titre d’exemple, l’on sait bien que le vol existe dans toutes les sociétés et que les formes de vol les plus préjudiciables pour la société sont en général le fait des puissants. Mais accepterons-nous pour autant l’abrogation des lois sur le vol, du seul fait de leur prétendue « hypocrisie », car risquant de faire condamner le modeste voleur de poules plus que les riches escrocs à col blanc ?

Cette question de la loi de deux poids et deux mesures se trouve ainsi, à notre sens, assez mal posée. Car elle aurait du plutôt porter sur les différentes voies possibles permettant de mieux démocratiser les mécanismes du système judiciaire et le rendre plus conforme à nos valeurs. Lui permettant ainsi de résorber peu à peu les champs de non-droit et d’éviter les exceptions immunitaires actuelles, plutôt que de les affaiblir pour installer, à la place, un chaos qui serait même beaucoup plus néfaste pour les plus faibles. Elle devrait également, au plan social, s’orienter plutôt sur la manière de mieux choisir nos modèles et références (en politique, en religion etc.), pour ne plus laisser des imposteurs amalgamer et usurper impunément nos valeurs fondamentales. Le fait que tous les juges ne soient pas des saints ne devrait point mener, que l’on sache, vers la dissolution de la Constitution à laquelle ils sont censés veiller ! L’existence de médecins fumeurs ne doit pas, non plus, conduire à mitiger les conséquences médicales du tabagisme aux yeux du public. La présence de tartuffes parmi les religieux signifie-t-elle que les principes moraux défendus dans leurs sermons et prêches soient caduques pour autant, au point de dénigrer leurs contenus pour cause d’ « hypocrisie » (même si la duplicité de ces derniers restera naturellement condamnable) ? Les Chrétiens accepteraient-ils que l’institution de l’Eglise soit dissoute du seul fait de l’existence de prêtres pédophiles ? Tous ceux qui invoquent, souvent de mauvaise foi, il faut en convenir, cet argument de l’« hypocrisie » consentiraient-ils à se l’appliquer eux-mêmes avec assez de rigueur, en refusant, par exemple, de porter plainte pour vol, sachant qu’il existe d’autres actes autrement plus graves (comme le meurtre) dans leur propre société, et peut être même chez les juges et avocats appelés à s’occuper de leur dossier ? Une chose est un principe, une autre sera l’intégrité des hommes appelés à l’appliquer. Car tout principe, en tant qu’élément transcendant, est naturellement appelé à primer sur le sujet immanent appelé à le matérialiser ou à l’incarner. La dérogation de ce dernier au dit principe ne remettant nullement en cause, pour tout acteur clairvoyant, la validité impersonnelle du principe. Doit-on dévaloriser le principe de l’autorité parentale, du simple fait qu’il existe des parents pédophiles ? Doit-on déprécier le principe du mariage, du fait de l’existence de femmes ou époux adultères ? Doit-on remettre en cause la noblesse de l’enseignement juste à cause de professeurs indélicats qui abusent de leurs élèves ? Quel remède que de préconiser la suppression d’un principe moral du simple fait qu’il se trouve des sujets ne consentant pas à se l’appliquer eux-mêmes !

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Ainsi, interdire par principe une pratique immorale, tout en sachant qu’il se trouvera toujours des sujets contrevenant aux règles établies, n’est nullement un signe d’hypocrisie ou de fausseté, mais plus un acte de responsabilité et de refus de la banalisation du mal. Autrement, il ne saurait jamais subsister une quelconque règle humaine ou un quelconque principe valable. Car l’on ne peut imaginer, nulle part au monde, à n’importe quelle époque ou lieu, une norme qui soit respectée par tous et partout, sans des hommes tapis dans l’ombre et prêts à la transgresser pour une raison ou une autre. Et c’est précisément, à notre sens, ce refus conscient d’accepter l’inacceptable qui nous fait hommes et nous empêche de sombrer dans l’animalité pure. Sachant toutefois que l’éducation, la connaissance et la prise de conscience, plus que la seule répression, se doivent d’être toujours en amont de ce combat perpétuel. C’est justement cette capacité responsable de trier le bon grain des comportements sains de l’ivraie des fausses libertés, celle de refuser le mal et la bestialité absolue, à travers l’exercice de la raison, du bon sens moral et de la spiritualité, qui accorde à l’homme sa noblesse sur les autres éléments de la nature mis à sa disposition. Accepter l’animalité, c’est simplement condamner l’humanité.

D’ailleurs, il est intéressant de se rappeler que même les pays considérés généralement, par les tenants de l’argument de l’ « hypocrisie sénégalaise », comme leurs « références » en matière de « tolérance » et de respect de la « vie privée » (comme la France), ne se gênent nullement pour fixer leurs propres limites culturelles et morales. Ce que beaucoup de sénégalais semblent ignorer. Sinon, comment comprendre que la « patrie des Droits de l’Homme » ait souverainement choisi de pénaliser la polygamie, lui préférant l’homosexualité, le mariage gay et l’homoparentalité, conformément aux « valeurs de la république française » ? Cet exemple de l’interdiction de la polygamie en France (sans nous focaliser outre mesure sur ce pays, car bien d’autres exemples étant susceptibles d’être pris ailleurs) nous semble d’autant plus représentatif de ce « double jeu » de la tolérance, même chez les nations dites « humanistes », censées nous guider sur la voie du « progrès » et des « droits humains », que l’histoire de France, aussi bien que l’actualité récente et les statistiques, ont amplement démontré que l’infidélité et les relations clandestines avec d’officieuses maîtresses ou courtisanes, souvent généreusement dotées de luxueuses « garçonnières », furent de tout temps pratiquées par une bonne partie de l’élite française, au même titre que son bas peuple. Il peut, en effet, paraître tout simplement ahurissant, du moins pour tout esprit cultivé, de constater, à l’étude de leurs biographies, la polygamie effective de la majorité des « Grands de France » et la permanente contradiction entre, d’une part, la pratique et, d’autre part, les discours engagés et l’abondante littérature inondée de grands principes de justice, de fidélité, de loyauté, d’amour éthéré, d’humanisme etc. De Henri IV à Louis XIV, de Félix Faure à Mitterrand, de Molière à Voltaire, la liste des deuxièmes ou troisièmes femmes officieuses des rois, des présidents de la république, des grands auteurs et de l’élite française est interminable : Madame de Pompadour, Diane de Poitiers, Mme du Châtelet, Anne Pingeot (la femme cachée de Mitterrand qui eut avec lui une fille restée longtemps clandestine) etc. Cette « hypocrisie », fait intéressant, peut être même étendue au niveau international où les grandes nations, qui excellent généralement au « double jeu » diplomatique imposé par la realpolitik, privilégient constamment leurs intérêts stratégiques, en s’accommodant quotidiennement de situations pourtant supposées contraires à leurs principes officiels. Cette interdiction « officielle » de la polygamie en France s’avère, en outre, d’autant plus frappante à nos yeux qu’elle ne s’embarrasse nullement de la notion pourtant capitale de « vie privée » qui, au même titre que dans l’argumentaire ayant légitimé l’homosexualité et bien d’autres comportements déviants, aurait théoriquement du permettre à toute femme « majeure » y consentant « librement » (« sans déranger personne ») de choisir de vivre dans un ménage polygame. D’où, assez prosaïquement, un constat manifeste des limites juridiques souverainement imposées à la notion de « vie privée » par chaque peuple, en fonction de ses valeurs et de son projet de société. Ceci, contrairement à une certaine prétention universaliste que tend insidieusement à imposer aux masses le « droit-de-l’hommisme » sénégalais, à qui l’on peut facilement opposer d’autres exemples de limites légales à la vie privée : consommation de drogue à usage privé, tentative de suicide, violences conjugales, menaces terroristes ou sociales etc. Si un pays « phare » comme la France décide de pénaliser, en fonction de ses valeurs, la polygamie, le port du voile islamique dans certains espaces, la burqa et d’autres attitudes antinomiques à ses grands principes, pourquoi notre peuple, culturellement croyant, n’aurait-il pas également le droit de condamner les pratiques contraires à ses valeurs ? Aussi, l’argument inconséquent et assez perfide (souvent invoqué chez nous au nom du « maandu ») renvoyant à Dieu Seul le droit de juger les pratiques sociales d’un peuple et dénier ce même droit aux hommes composant ce peuple, serait-ce au nom de la « tolérance », revient, ni plus ni moins, à remettre en cause le principe même de la responsabilité des hommes à réguler eux-mêmes leur société et à définir des limites aux comportements sociaux jugés acceptables, selon les limites et les valeurs communes dudit peuple. Le fait d’avoir un jour péché devrait-il nous empêcher d’être le « premier à jeter la pierre » au criminel s’apprêtant à attaquer notre famille ?

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Et quand bien même certaines pratiques immorales seraient-elles démontrées comme faisant partie depuis longtemps de la sociologie sénégalaise, il conviendra de rappeler que l’argument du fait accompli, c’est-à-dire du constat de son existence effective, ne saurait non plus les légitimer. Accuser une société d’hypocrisie du fait qu’elle développe, à travers les silences et les non-dits (dénoncés par d’autres comme des « tabous » à briser), des réflexes d’auto-défense, pour ne pas banaliser les comportements internes déviants contraires à ses propres principes, relève, à notre avis, d’une compréhension insuffisante des mécanismes d’autorégulation sociale inhérente à toute société. Sachant qu’il ne saurait exister nulle part de société totalement exempte de dérèglements moraux et sociaux, ces derniers s’assimilent à une sorte de maladie chronique (à l’instar du diabète) que l’on ne saurait jamais guérir entièrement, mais dont l’absence d’un traitement constant conduirait toutefois le « corps social » vers une mort imminente. L’existence prouvée de l’inceste et de la pédophilie dans tous les peuples doit-elle mener vers leur acceptation ? Ou doit-on considérer comme « hypocrite » le fait de condamner les auteurs d’inceste ou de pédophilie, sachant qu’ils constituent une réalité bien de chez nous ou du seul fait que les pervers assez riches et assez puissants risquent de passer entre les mailles du filet judiciaire ? Pour aller jusqu’au bout de leur logique de la « franchise », ses partisans ne devraient-ils pas juger « hypocrite » le fait de se cacher pour faire ses besoins naturels, lui préférant peut être, comme y convient les nudistes, de se promener nus, en dévoilant avec « authenticité » leur nudité naturelle ? En approuvant l’organisation d’un concours de « miss jongoma », dévoilant leurs atours intimes au monde entier, enfants comme adultes, ses souteneurs bravaches ne devraient-ils pas également accepter de montrer d’autres « jongoma » (comme leurs mères, filles ou sœurs) dans leur plus profonde intimité avec leurs époux, sans craindre d’autres futures escalades en la matière ? A l’opposé de l’argument de la surenchère utilisé pour tenter de légitimer ce scénario catastrophe, ne devrait-on pas plutôt envisager le problème dans l’autre sens, à savoir comment combattre progressivement les autres types de dérives similaires étant passés sous les mailles du filet de la « tolérance sénégalaise » ou même de nos passions humaines ? Comme les nombreux autres types de contenus du même ordre qui polluent nos médias et pervertissent nos enfants : clips obscènes, films ou telenovelas avec des scènes érotiques, concours de miss dégradants avec des jeunes filles à demi nues, prestations de certaines artistes aux propos, danses et attitudes obscènes etc.

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Ainsi l’alternative, plus viable et plus réaliste, consistant à condamner sévèrement les pratiques immorales qui risquent de gangréner graduellement toute la société, tout en mettant résolument en place les instruments éducatifs, moraux, médiatiques et juridiques à même de mieux les prévenir nous semble capitale. En ce sens, le rôle des éducateurs, des religieux et de tout citoyen responsable s’avère d’autant plus important qu’ils constituent les « gardiens du Temple ». Rôle de veille qu’ils se doivent toutefois d’assurer avec ténacité, sans céder au piège du désarmant « argument du confinement », aspirant actuellement stigmatiser les religieux qui tiennent à rester informés sur le niveau de dépravation de leur société. Ainsi que l’illustre par exemple, au Sénégal, le reproche ironique (et en réalité machiavélique) invitant les marabouts à plutôt s’occuper de leurs « kourouss » (chapelets) et de leurs « nafilas » (prières nocturnes) au lieu de « passer leur temps à lorgner ce qui se passe à la télé ». Ou, à défaut, de « zapper ailleurs s’ils ne veulent pas regarder ces images » (rien ne les y obligeant) et de laisser ceux qui le veulent « savourer » leur plaisir, en tant que citoyens d’un pays laïque (sous-entendu, où chacun pouvait faire tout ce qu’il voulait dans la sphère publique d’où la religion est, en principe, écartée). Démarche, il est assez facile de le voir, délibérément stigmatisante envers les religieux. Soutenue, consciemment ou non, par certains médias usant systématiquement de termes équivoques ou dotés, dans le langage moderne, d’une connotation de « fanatisme » et d’unilatéralisme intolérant (à l’instar « Fatwa des religieux contre… » etc.). Terminologie médiatique ayant, entre autres, pour objectif de marginaliser davantage (sémantiquement puis symboliquement, ensuite socialement) et de soumettre à un « terrorisme intellectuel » les religieux restés, en dépit de tous les amalgames, assez conscients pour s’opposer encore à la déchéance totale de notre société.

En vérité, cet argument fallacieux de l’hypocrisie sociale est essentiellement utilisé pour nous déstabiliser, nous faire douter sur la pertinence de nos propres valeurs et abdiquer, ce faisant, du combat pour leur préservation. Une rhétorique tellement légère et tellement faible qu’elle n’a pu perdurer jusqu’ici dans les discours et dans les mentalités que grâce à l’ « effet perroquet » des médias, faisant actuellement de beaucoup de sénégalais des consommateurs passifs de concepts qu’ils sont loin de maîtriser et des répétiteurs mécaniques d’idées-slogans régulièrement émises sur les radios et télévisions, sans aucun recul critique sur le bien-fondé de leur unanimisme apparent. Car concepts consistant le plus souvent en simples paralogismes et vraisemblances rationnelles (considérées comme pertinentes par un public dont la seule référence devient justement de plus en plus la simple « pertinence » logique), mais fort incomplètes en réalité et dépourvues de limites morales et spirituelles intangibles. Ce en quoi cet argumentaire s’assimile à l’habile manœuvre du renard moderne destinée à faire lâcher au corbeau traditionnel, haut perché sur les branches du baobab centenaire, la précieuse noix d’acajou qu’il tenait jusqu’ici si consciencieusement sous son bec d’airain…Tombera-t-il dans ce piège ?

 

A. Aziz Mbacké Majalis

A. Aziz MBACKE Majalis
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