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Les Sénégalais Avec Leurs Forces De Défense Et De Sécurité

Les Sénégalais Avec Leurs Forces De Défense Et De Sécurité

C’est un officier supérieur de Gendarmerie en retraite depuis seulement deux (02) ans, juste après son retour de mission en 2010, comme Commandant du Contingent Sénégalais en Haïti, qui tient à saisir son nouveau droit d’expression, pour dire ce que vit la « grande muette », qui n’a personne pour la défendre comme le font toutes les autres couches sociales dans notre pays.

L’opinion sénégalaise relayée par la presse de ces derniers temps a mis en vedette, dans le mauvais sens, les « hommes en tenue », plus particulièrement la Police et la Gendarmerie, dans plusieurs « affaires » dont on peut citer parmi les plus populaires, les évènements de Sangalkam, de la Place de l’Obélisque à Dakar, de Podor, de Kédougou etc.

Les populations ont mis sous haute pression les autorités pour réclamer l’arrestation de Gendarmes et Policiers qui ont fait usage de la force ou des armes dans l’exercice de leurs fonctions.

De l’autre coté et dans le même temps, elles exigent la libération des personnes qui auraient tué sauvagement, mutilé ou blessé gravement des personnes dont un policier à la Médina, parce qu’ils sont marabouts ou politiciens.

Pourquoi nos compatriotes ne soutiennent que très rarement les hommes en tenue ?

Les sénégalais en général pensent que c’est une faiblesse que de se soumettre à la loi. Ils sont parfois utilisés dans la lutte quasi permanente entre l’opposition et le pouvoir, ce qui les jette souvent contre les forces de l’ordre.

Dans le cas de Sangalkam, seule la mort déplorable de Malick BA est prise en compte.

La condamnation du Commandant de Brigade est faite sans appel par la population choquée, avant tout jugement pour savoir si celui qui a tiré était dans le droit ou le devoir de le faire.

Est ce que l’on sait que cela peut être un cas de légitime défense ?

En effet, si celui qui a utilisé son arme défendait la Brigade de Gendarmerie attaquée par une foule qui ne pouvait être contenue que par l’usage des armes, c’en est un.

Il est bon aussi de faire savoir ou de rappeler qu’au maintien de l’ordre, Il est interdit d’utiliser des cartouches à blanc ou des tirs en l’air. Chaque tir doit toucher et les cartouches réelles sont les seules prévues par la loi, quelle que soit leur composition : il appartient aux responsables de juger des moyens nécessaires pour rester maitre de la situation.

Seule la justice, après une enquête complète, est habilitée à dire si ce gradé avait le droit de tirer ou non ! Quand des citoyens veulent s’opposer à un arrêté ministériel concernant la décentralisation, il existe des moyens légaux et en aucun cas cela ne peut leur donner le droit de s’attaquer à ceux dont le travail est de maintenir l’ordre. Ceux qui le font doivent s’attendre à une résistance par la force armée si nécessaire, sans préjudice pour des poursuites judiciaires.

« Force doit rester à la loi » n’est un slogan inventé par les « forces de l’ordre » mais un devoir qu’ils sont tenus d’accomplir. Imaginons un peu les conséquences possibles si le magasin d’armes de la Brigade était ouvert par les manifestants…

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Dans le cas ou les Gendarmes sont reconnus coupables de crime ou débit, qu’ils subissent la rigueur de la loi, mais la population doit leur reconnaitre au moins le mérite d’avoir voulu maintenir l’ordre, ce qui n’a rien à voir avec ceux la qui tuent par pure criminalité et qui sont si bien défendus par ces « organisations des droits de l’homme » qui ne pensent jamais à protéger les hommes en tenue ou les honnêtes citoyens.

La mort de notre cher fils Mamadou DIOP à la place de l’Obélisque est aussi un cas très sérieux et douloureux pour la Police. La « tête » du Commissaire Harona SY est réclamée mais qu’est ce qui prouve sa culpabilité dans cette affaire ?

Je peux penser que ce haut gradé a usé et abusé de la force durant la campagne électorale (les images sont parlantes et j’ai moi même subi ses assauts en compagnie du candidat Idrissa SECK) mais pour moi rien ne certifie sa responsabilité directe et personnelle dans cette triste mort.

Je pense aussi que le Ministre de l’Intérieur est beaucoup plus responsable que lui pour avoir pris les décisions impopulaires qui ont amené la contestation et personne ne marche pour réclamer son arrestation..

La aussi, si le problème était le refus respecter un arrêté du Ministre de l’Intérieur, les policiers agissaient dans un cadre légal, même si l’ont peut retenir un usage abusif de la force contre des candidats à la présidence de la république qui ont été malmenés, même si la mort du jeune est directement liée aux événements, il n’est pas encore établi que le commissaire Harona SY soit le responsable.

Si dans certains cas comme à Podor et Kédougou ou il est rapporté que les gendarmes auraient fait un usage abusif de la force ou des armes, nul n’ignore qu’ils ont fait face à des gens qui ont défié la loi en faisant des actes prohibés et en s’opposant à leur arrestation.

Ainsi, si leur responsabilité devenait entière dans ce qu’on leur reproche, il appartient à la justice de l’établir après avoir connu les faits et les circonstances aggravantes ou atténuantes. Les « bavures » policières existent dans tous les pays du monde et les auteurs ne sont pas pour autant traités comme de vulgaires criminels !

Il est possible que ceux qui réclament l’arrestation de tous ces hommes ne cherchent qu’à les humilier car il est « exigé » de l’autre coté la libération de marabouts ou politiciens qui sont détenus pour des crimes beaucoup plus flagrants et plus graves, n’ayant rien à voir avec le travail. Ces auxiliaires de la justice peuvent être à sa disposition jusqu’au jugement définitif, en continuant à travailler ailleurs sans le moindre risque de fuite, le manque de personnel est une réalité au sein des forces de sécurité.

Il est évident que tous ces problèmes sont les conséquences de la lutte politique féroce au Sénégal. Le Président Abdoulaye WADE a fait face aux leaders de l’opposition, à l’instar des Chef d’Etat depuis notre indépendance, lesquels ont marqué les hommes en tenue à leur façon à des moments cruciaux de leurs mandats.

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Le Président Léopold Sédar SENGHOR a vécu une crise politique en 1962 avec le Premier Ministre Mamadou DIA et le rôle des Forces de l’Ordre a été déterminant dans le fonctionnement des institutions d’alors. Je crois savoir qu’il a toujours veillé sur l’honneur et la dignité des hommes en tenue.

Le Président Abdou DIOUF que je connais le mieux pour avoir été dans sa sécurité durant tous ses mandats (2000 à 2010) et pour lequel j’ai la plus grande estime possible, a été l’artisan de la plus grande humiliation de la Police du Sénégal en décrétant sa dissolution totale à la suite d’une marche. Cet acte finalement n’a servi qu’à régler des comptes administratifs ou personnels car je connais des victimes de radiation dont je peux certifier l’innocence.

C’est aussi à sa mauvaise gestion de la rébellion casamançaise que j’ampute le massacre des vingt cinq (25) militaires dont les cercueils alignés hantent encore nos mémoires. Impossible d’oublier le sauvage assassinat du Lieutenant GADIO de la Gendarmerie, sans compter tous ces autres morts et blessés dans nos rangs comme au sein de la population civile.

Une rébellion se mate dans tous les pays du monde et c’était largement à notre portée !

C’est également durant sa présidence que l’opposant Abdoulaye WADE a appelé les populations à se battre contre les gendarmes et policiers auxquels il « retirait » le droit de faire usage de la force dans le maintien de l’ordre. C’est dans la même période (1998) que des manifestants ont attaqué un car de la Police et tué 4 ou 5 policiers et mutilé à vie un officier de paix. La famille pleure encore et les auteurs sont non seulement libres mais même leur casier judiciaire a retrouvé la virginité par une loi d’amnistie.

Pour ce qui est du règne du Président WADE, on peut mettre à son actif de meilleures conditions de vie et de travail par une augmentation des effectifs, des salaires, des primes, des équipements et de la durée de services.

En revanche, il a fait de la Division des Investigations Criminels (DIC) une « police politique ».

La meilleure illustration pour moi est l’accusation faite par le sieur Serigne Mbacké NDIAYE, porte parole du Président de la République, au candidat Idrissa SECK d’avoir fait recruter par un Colonel de Gendarmerie en retraite deux cents (200) anciens militaires qui déstabilisaient le pays !

J’ai eu à porter personnellement le poids de ce grossier mensonge d’Etat mais cette fois la population était de notre coté et a démenti vigoureusement, ce qui m’a enlevé la nécessité de me défendre. Mon seul tord a été d’avoir fait un travail de sécurité professionnel et je saisi l’occasion pour remercier l’Association des Militaires Retraités ainsi que tous ceux qui m’ont vaillamment défendu.

Sa gestion catastrophique de la crise casamançaise par l’argent a permis aux rebelles d’être bien entretenus et mieux armés, au détriment des militaires qui paient chèrement en vies humaines et blessures. Maintenant nous basculons vers ce que nous ne pouvons accepter : le déshonneur par les prises d’otages !

A mon avis une marche serait plus juste pour réclamer la libération des gendarmes et militaires détenus en otage par les éléments du M.F.D.C. Cette marche serait un désaveu publique pour ces gens que je considère comme des bandits de grand chemin qui volent, pillent et tuent tout en réclamant les égards de la république.

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Chers camarades : faisons confiance en notre justice ! Votre procès sera celui du régime sortant dont les abus flagrants sont la source de ces problèmes.

Avec l’avènement du Président Macky SALL, les signes déjà annoncés sont rassurants et vous ne serez surement pas « l’agneau du sacrifice » pour calmer des foules qui sont souvent manipulées. Nos morts et blessés ne seront plus oubliés au nom de la réconciliation politique.

Le discours de politique général de Monsieur le Premier Ministre devant les élus du peuple nous donne toutes les raisons d’avoir les ressources nécessaires pour maintenir haut le moral des troupes.

Toutefois, enlevons nous cette étiquette de corrompus : c’est une réalité qu’on ne peut nier. Même si la proportion en valeur pécuniaire est infime par rapport à d’autres corporations et individualités. Même si la responsabilité populaire est évidente : sans corrupteurs, point de corrompus. Refusons de l’être et menons un combat sans merci contre les camarades qui le sont, jusqu’à ce qu’ils rentrent dans les rangs ou les quittent définitivement. Notre devoir est de mettre fin à toutes les infractions contre les lois et règlements.

Rappelons nous que notre raison d’exister et de « veiller sur la sécurité publique », pendant que la criminalité actuelle recommence à gagner du terrain dans notre pays. Même si « la peur du

gendarme n’est plus le début de la sagesse » comme au bon vieux temps, continuons à traquer ces grands bandits qui n’ont plus grand chose à craindre.

Refusons énergiquement d’être des instruments de la politique des tenants du pouvoir contre les populations. Nous venons d’elles et souhaitons retourner parmi elles au terme d’une carrière bien remplie, si Dieu nous laisse en vie.

Sans passion aucune contre les auteurs des infractions, nous devons continuer à ne garder que le droit de ne « faire usage de la force qui nous est confiée que pour le maintien de l’ordre et l’exécution des lois et règlements ».

Quant aux marcheurs, le Président SENGHOR qui parlait des Forces de Défense et de Sécurité avait dit : « Quand le lion dort, il faut le laisser dormir tranquillement ».

La devise des Forces Armées est : « On nous tue, on ne nous déshonore pas. » et celle la Gendarmerie Nationale: « Honneur et Patrie ».

Donc tous les hommes en tenue continueront d’accepter de mourir pour notre pays partout ou le devoir nous appellera. Tous ceux qui leur feront face dans l’exercice de leur fonctions doivent s’attendre à ce que « Force reste à la Loi ! » pour assurer la paix et la sécurité nécessaire à tout développement.

Vive le Sénégal !

Me Ababacar Sadikh NIANG 

Ceinture Noire 6ème DAN WTF

Ancien Président de la Fédération Sénégalaise de Taekwondo

Officier Supérieur de Gendarmerie en retraite

Officier de l’Ordre National du Lion

Officier de l’Ordre du Mérite

Email : asniang2010@yahoo.fr

Tel : 77 646 9999 / 70 844 4949

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