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Baromètre De Notoriété : Quelles Opportunités Pour Le Sénégal ?

Le baromètre, un instrument inventé en 1643 par le physicien et mathématicien italien Evangelista Toricelli, sert à mesurer la pression atmosphérique et, accessoirement, à déterminer de manière approximative l’altitude. Aujourd’hui, le terme est souvent utilisé en sciences sociales pour désigner des variations ou tendances au sein de la société. Ne dit-on pas, à ce sujet, que la presse est le baromètre de l’opinion publique?

Dans le domaine des études et des sondages, le baromètre caractérise un travail, généralement répété à intervalles réguliers, dont l’objectif est de cerner les contours d’une variable étudiée, telle que des hommes politiques et des célébrités, mais aussi des entreprises ou institutions, des marques ou même des événements. Un tel instrument fait partie des outils destinés à jauger la popularité des acteurs politiques et sociaux, dans les pays développés. En France, par exemple, une dizaine d’organismes proposent des baromètres mensuels de popularité, publiés dans des journaux tels que Libération, Paris-Match, Le Journal du Dimanche, Les Echos, Le Point, etc. L’un de ces baromètres, celui de l’Institut français d’opinion publique (IFOP), existe depuis plus de cinquante ans.

En dehors des sondages relatifs aux intentions de vote, ces baromètres, selon l’appréciation de Nicolas Kaciaf, maître de conférences en science politique et membre du Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales (CERAPS) de Versailles Saint-Quentin, sont « ceux qui suscitent le plus d’échos dans les milieux dirigeants ». Les hommes politiques et leurs entourages, affirme cet universitaire, « les attendent avec impatience et anxiété, tandis que les journalistes politiques s’en servent systématiquement de repères pour analyser l’actualité politique ». Avec, comme matière première, des personnalités qui, à l’instar de la bourse et au gré du contexte, deviennent des valeurs haussières ou baissières.

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Collecte de l’information

A quoi peut bien servir un baromètre au Sénégal? Un baromètre peut participer à une meilleure connaissance de l’opinion publique par rapport aux personnalités, institutions, marques ou événements sondés – les « variables » – et permet d’avoir des informations sur le degré de satisfaction de l’opinion par rapport à ces variables. Il permet aussi de livrer aux journalistes de précieuses informations pour fonder et améliorer leurs analyses des faits économiques, politiques et sociaux.

Les acteurs, objet du sondage, peuvent utiliser le baromètre pour engager des initiatives stratégiques dans le but de mieux gérer leur popularité. Dans un tout autre domaine, sur le plan économique, les responsables de marketing des marques peuvent se servir du baromètre pour évaluer et affiner leurs plans de communication. Car un baromètre de notoriété n’est pas irrémédiablement et exclusivement destiné à mesurer la cote des hommes politiques, il peut aussi servir à des objectifs directement économiques, plus « concrets », permettant aux entreprises d’évaluer leurs produits et services et, surtout, de les rendre plus conformes aux besoins et aux préoccupations des consommateurs.

Enfin, dans le cadre de leurs travaux, les résultats d’un baromètre sont toujours utiles aux chercheurs en communication et aux analystes politiques; car un baromètre, c’est, avant tout, une source de faits et de chiffres, matière première des chercheurs. Ces derniers éprouvent énormément de difficultés, en Afrique, à réunir des informations relatives à leurs sujets d’études. Même si les sources existent, explique un spécialiste sénégalais des sondages, « les pièces à assembler sont tellement nombreuses que cela décourage, dans la plupart des cas, les chercheurs ». D’où la nécessité d’organiser la collecte des données et d’en favoriser le bon traitement. Naturellement, la méthodologie utilisée pour conduire les études doit rester rigoureusement identique, car c’est d’elle que dépendent la fiabilité et l’acceptabilité des résultats publiés.

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Popularité ou notoriété

Une multiplication d’initiatives de ce genre ne peut être que bénéfique pour le développement de la recherche, car les informations agrégées et traitées alimentent les travaux. Sur la durée, les journalistes, les chercheurs et les analystes bénéficient d’éléments objectifs de comparaison pour commenter les faits politiques, économiques ou sociaux. On saura par exemple, grâce au baromètre, que tel président de la République, après cent jours, aura été plus populaire que tous ses prédécesseurs ou, au contraire, se sera révélé le moins populaire de tous au terme de cette période.

Mais faut-il parler de baromètre de popularité, de notoriété? La question n’est pas anodine, car les deux termes présenteraient quelques nuances. Selon certains, en effet, on peut avoir une notoriété sans avoir une popularité. Un éthicien canadien, René Villemure, distingue la popularité et la notoriété. Etre populaire, dit-il, c’est « être aimé du plus grand nombre », alors qu’être notoire, c’est « être connu du plus grand nombre ».

Mais d’autres opposent aussi popularité et notoriété (toutes deux ne seraient que le fait d’être connu du plus grand nombre dans une sorte de « réputation sans exigence ») à la crédibilité (qui serait une bonne réputation construite dans le temps). La popularité ou la notoriété renverrait, à une simple médiatisation exposant la personnalité, l’institution, la marque ou l’événement concerné à une visibilité exceptionnelle, sans que cela soit forcément lié à un jugement positif de la part du public.

Opportunités pour le Sénégal

Les sources pouvant servir à renseigner un baromètre sont principalement : la presse, les enquêtes de terrain et de l’Internet. L’enquête ou l’étude, en vue de l’établissement d’un baromètre, n’a pas obligation de retenir toutes les sources de données. L’accent peut être mis sur quelques-unes d’entre elles, voire sur une et une seule source pour aboutir, à travers une méthodologie appropriée et une rigueur sans faille, à des résultats fiables. Mais le travail préparatoire doit toujours comporter, à la base, de bonnes études qualitatives et quantitatives et souvent requérir l’utilisation permanente des données des médias.

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Dans toutes les démocraties avancées, l’information est complétée et soutenue par des études et sondages réalisés grâce à des travaux scientifiques menés avec la démarche méthodologique qui sied. Ce genre d’informations, constitue aussi – et c’est important dans le contexte mondial actuel − une précieuse aide à la bonne gouvernance.

Au Sénégal, quelques organismes spécialisés effectuent des sondages sur une variété de thèmes et de centres d’intérêt, en fonction de leurs cibles ou clients. La presse elle-même en publie parfois les résultats, basés sur des enquêtes réalisées sur un échantillon qui se veut représentatif de la population. A ce jour, il n’existe pas cependant, dans notre pays, de baromètre permettant de connaître, avec suffisamment de scientificité et avec la régularité d’un métronome (chaque mois, par exemple), la popularité des personnalités publiques, voire de certains événements importants ou des institutions. Il va sans dire que la disponibilité d’informations issues d’un baromètre de notoriété, ne peut que constituer des opportunités pour le Sénégal.

 

DR. THIENDOU NIANG

Directeur du Cabinet Afrique Communication

Email: acs1@orange.sn

 

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