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La Bombe Universitaire De Dakar

L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est en danger et c’est le moins qu’on puisse dire rien qu’en s’attardant sur les effectifs : 65.000 étudiants dans une structure construite pour en recevoir 20.000.

Un réseau de prostitution y étend ses tentacules. C’est rare, le week end, de ne pas voir quelqu’un qui met à profit le fait que ses voisins de chambre soient partis se ressourcer à la maison pour s’adonner à des escapades fornicatrices.

A la Cité Aline Sitoe Diatta (ex Claudel), il suffit de s’y déplacer la nuit pour rencontrer des jeunes et des adultes (même des vieux) en quête de chairs fraîches et intello ; Ce sont les devantures de cette cité qui porte le nom d’une brave femme qui a fini de faire la fierté de toute la Nation, qui sont transformées en un grand parking de grosses cylindrées en attente de la fille qu’elles sont venues convoyer. Le gars descend, sort son téléphone, compose un numéro et quelques instants après c’est une jeune fille dont l’innocence et la jeunesse sautent à l’œil qui sort avant de s’engouffrer dans une de ces voitures en attente ; direction : mystère et boule de gomme.

Les visites sont normalement interdites à certaines heures mais pas les sorties.

Au niveau du campus social la quasi-totalité des chambres sont des lieux de commerce de divers produits et services : cd, traitement de texte…

L’électricité y étant gratuite, des bénéfices sont vite faits. Le gaspillage y règne en maître : c’est l’Etat qui paie ; Non c’est le peuple qui paie !

Dans l’antre où sont normalement préparés les futurs dirigeants de notre pays, l’on y apprend à profiter de « l’Etat providence » avant même d’accéder aux hautes sphères. Le mal est là !

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Des chambres qui humainement ne peuvent pas contenir plus de quatre étudiants reçoivent une dizaine d’un coup : même sous le lavabo, un matelas est rapidement étalé la nuit avant d’être rangé le jour venu.

Au sein des amicales c’est une guerre fratricide que des étudiants se livrent. Chacun sait que les membres des amicales sont des privilégiés. Ils sont logés, nourris, soignés…beaucoup plus facilement que les autres. Quid des deals autour de l’acquisition des chambres ?

Ils peuvent bloquer le système éducatif sachant bien que pour se débarrasser d’eux , le pouvoir sur qui ils essaient d’exercer une pression peut penser leur octroyer une bourse étrangère ; et cela ne date pas d’aujourd’hui : combien sont-ils , les membres des amicales, à se retrouver dans des universités en France ou ailleurs après avoir mené l’université vers une année blanche en 1988 et à une invalide en 1994. Aujourd’hui ceux qui s’agitent pour les remplacer savent bien qu’il y’a un gâteau, et une cerise dessus. C’est ce qui explique en partie que des machettes, des couteaux… fassent la loi lors des renouvellements.

Au même moment les taux de redoublement ne cessent de grimper, surtout en faculté des lettres. Il est très facile de trouver à l’UCAD un brillant élève qui échoue, ne se retrouvant pas devant ce casse tête chinois : pléthore d’étudiants, des cours vendus, aucun approfondissement lors des cours magistraux, inaccessibilité du professeur titulaire…

Sur le plan politique c’est encore plus grave. Tous les partis y ont des mouvements de soutien. Les intérêts foncièrement divergents les mettent chaque jour face à face.

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Il urge que l’Etat prenne ses responsabilités au risque de voir ce cocktail Molotov exploser un jour et gagner la rue. L’heure est à la mise en œuvre de solutions osées et responsables pour que l’université de Dakar retrouve son lustre d’antan.

Pour désengorger la faculté des lettres il faut vaincre le mal à la racine, revoir les orientations dans les séries littéraires à partir du secondaire ; Ces séries reçoivent le plus grand nombre d’élèves par conséquent il est normal que la faculté des lettres soit débordée.

Il faudra aussi :

• redynamiser les centres d’orientation qui ne jouent plus pleinement leur rôle ; qu’ils se déplacent vers les futurs étudiants avec en bandoulière la bonne information leur permettant après l’obtention du Bac de se mouvoir facilement dans le cycle supérieur ;

• Assainir le campus social et règlementer les conditions d’hébergement ;

• Donner plus de tonus et de lisibilité aux Centres universitaires régionaux (CUR) comme on a eu à le faire avec l’Université Gaston Berger de Saint Louis ;

• Critérier l’accès au poste de délégué d’une amicale (bonnes notes, assiduité, bonne conduite …) ;

La liste est longue et chacun pourra proposer des solutions lors d’un grand débat sur la situation à l’Université.

Il reste à l’Etat et aux différents acteurs présents à l’Université d’œuvrer pour que jamais cette bombe n’explose !

 

Souleymane Ly

Julesly10@yahoo.fr

776516505

www.julesly.blogspot.com

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