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Loi Sur La Limite D’âge Des Véhicules Importés, Une Supercherie

Quel est l’intérêt d’une telle loi ?! Il y en a aucun tant qu’on ne fait pas ce qui se doit au préalable. Au contraire cela nous mène à plus de problème qu’on en rencontre de jour en jour. Certains nous disent que cette question, sur ces matériels tant prisés par les hommes, n’est pas une priorité mais en effet elle l’est parce qu’elle agit directement sur des sujets essentiels comme le développement durable par la sauvegarde de l’environnement et surtout la sécurité routière. Cette loi sur la limite d’âge des véhicules a été instaurée de façon irresponsable et irréfléchie. Une loi dont on pensait que le nouveau régime gérerait de manière plus responsable et réfléchie mais la déception fût très grande quand l’on a appris le fait qu’ils l’aient uniquement rallongé de 3 ans. Cela n’arrange rien en termes de développement durable ni en termes de sécurité routière. Les prétextes avancés pour la maintenir ainsi sont de pures supercheries.

Quel a été l’intérêt principal de cette loi pour qu’elle soit votée ?! Le régime sortant avançait comme raison le fait de nous éviter pour notre pays de se constituer un dépotoir de véhicules usés venant d’Europe ou d’ailleurs. Seulement, c’est faux parce que ce n’était pas uniquement pour cela mais plus pour vendre les véhicules de la société « Seniran » dont les wadistes étaient actionnaires majoritaires (et non le Peuple sénégalais, ni son état). Mais c’était aussi pour faire des deals avec des sociétés politiques telles que la CCBM. Il faut se rappeler que le gouvernement wadiste avait renouvelé tout son parc automobile de 4×4 et autres types de véhicules de luxe par l’intermédiaire de cette société. Vous imaginerez les histoires de pots de vin, de pourcentages et de clientélisme dans tout ce.

Mais le problème ne se situe plus là, vu que le régime wadiste a été déchu. En fait, le problème est le paradoxe choquant qui existe quand on regarde le parc de véhicules utilisés par le peuple sénégalais, d’une part (les clandos, les taxis, les véhicules particuliers, les véhicules de transport en commun ou transporteurs, etc.) et ceux utilisés par ceux qui ont les moyens de payer un véhicule de moins de 5 ans avant et moins de 8 ans aujourd’hui, d’autre part. Voyez-vous l’écart ?! Les clandos aux roues plates ou aux poignées d’ouverture de porte remplacés par des cordons en nylon ou les taxis dans lesquels une fois à leur intérieur, on a les yeux rivés que sur la chaussée à cause des châssis troués par le bas, il y en a moult dans notre pays, ce genre de véhicules. Les véhicules dont le compteur kilométrique ni l’indicateur de vitesse ne fonctionnent sans vous parler de l’état général de ces véhicules qui pullulent dans ce pays. Sans oublier les « Ndiagas Ndiaye » et les « cars rapides » retapés à plusieurs reprises malgré le fait qu’ils soient un symbole de débrouille pour notre pays et certains camions de transporteurs délabrés que l’on en rencontre souvent sur la route occuper la voie de gauche par peur de faire un tonneau vu leur charge.

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Il faut donc se demander pourquoi cette contraignante limite d’âge alors que la majeure partie du parc de véhicules roulant actuellement au Sénégal se constitue en de réels dangers publics causant plus de 1200 victimes annuellement alors que des pays 6 à 7 fois plus peuplé tablent sur un peu moins de 4000 tués sur la route. Et encore la majorité des accidents par exemple en France est causée par l’alcool. Alors qu’au Sénégal, à part l’indiscipline sur la route, le manque de maitrise de la conduite (achat de permis) et les routes en mauvais état, ce n’est pas l’alcool qu’on incriminerait pour autant de morts sur les routes. Et pourtant, ces vieux véhicules passent facilement tous en contrôle technique moyennant souvent des dessous de tables, sans même passer dans un centre de contrôle. La corruption est ainsi toujours présente dans nos institutions. Le ministère des mines plus précisément est concerné pour ce cas mais pas uniquement à ce sujet généralement. Maintenant comment cela se fait-il qu’on doit accepter que l’on bloque le renouvellement du parc du fait que toutes les couches de la population n’ont pas les moyens de se payer un véhicule modeste et sûre alors qu’on maintient en même temps les véhicules arrivés en fin de vie toujours en circulation par des fraudes au contrôle technique ?! Si à cela, nous combinons l’indiscipline des conducteurs, il ne faut surtout pas s’étonner de voir autant d’accidents sur nos routes.

Un exemple bête, figurez-vous que dès 2013, un véhicule construit en 2004 ne rentre plus au Sénégal. Sur cette photo de l’article, on a un véhicule mis en circulation en 2004 dans un pays autre que le Sénégal mais l’année prochaine, il ne pourra plus être importée au Sénégal à cause de cette loi irréfléchie. Ceux qui nous disent que cette loi est « magnifique » pour lutter contre la pollution ne regardent pas plus loin que leur bout de nez soit ils ont des intérêts cachés dans le maintien de cette loi. Alors que le Sénégal arrive 110ème sur la liste des pays pollueurs dans le monde avec un taux d’émission inférieur à 1% du total des gaz à effet de serre causé par tous les pays du monde. Nos autorités se moquent vraiment de nous. Et saviez-vous comment finissent les véhicules qu’on fait rentrer par la route quand les douaniers ou les policiers mettent la main dessus si la période autorisée de circuler sur le territoire expire, il est facile de deviner que ce sera une réappropriation et jamais envoyé à la casse. Pourquoi limiter l’âge des véhicules importés à 8 ans alors qu’il y des véhicules qui roulent sur les routes du pays qui sont 3 à 6 fois plus vieux sans contrôle technique ni bonne assurance en plus d’avoir des conducteurs indisciplinés sur la route ?! Et on souhaiterait voir par la suite les accidents et la corruption diminuer au Sénégal ?! Vraiment, cela frôle la stupidité si ce n’en est pas une entière.

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Tout cela pour signaler que cela mérite plus de réflexion que le fait simpliste d’ajouter arbitrairement 3 années aux 5 ans que le régime de Wade avait instauré pour la limite d’âge des véhicules à importer dans le pays. C’est sot.

Comme solution plus avenant pour tout le monde, pour le développement durable et la sécurité routière, cette loi pourrait être revue et appliquée de façon plus objective. Beaucoup d’autres applications simples pourraient l’accompagner de sorte que ce blocage ne soit pas aussi problématique. Le blocage se situe entre le maintien manifeste des véhicules en fin de vie en circulation et l’absence de renouvellement de ce parc de véhicules pour des prétextes infondés. Ce qui constitue d’ailleurs une injustice entre ceux qui ont les moyens et ceux qui en ont peu pour pouvoir se payer un véhicule modeste et sûr pour usage propre ou en faire un taxi par exemple. Un issu simple serait aussi d’augmenter d’une année, cette limite d’âge de véhicules rentrant dans le territoire sénégalais annuellement ou bis-annuellement ou repousser cette limite d’âge au moins jusqu’à 20 ans et la réviser tous les 5 ans. Il faut surtout pour la sécurité de la population remettre plus de rigueur dans le contrôle des véhicules non conformes aux règles techniques de sécurité routière qui constituent de vrais cercueils ambulants. Il est urgent que le gouvernement agisse.

 

Aboubakrine Ndiaye

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