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Artisanat : Pour Une Gestion Cohérente Et Efficace Du Secteur

A la suite de l’élection présidentielle du 25 mars 2012, le décret n°2012-437 du 10 avril 2012 portant répartition des services de l’Etat avait introduit une réforme en profondeur qui consacre l’éclatement de la direction de l’artisanat en 3 entités. Malheureusement des tractations de couloir de certains ont fait que cette lumineuse idée est rangée dans les tiroirs au grand dam des artisans qui voyait enfin l’essentiel de leur problèmes réglés.

Une Direction de l’exploitation des sites et villages artisanaux dont la mission s’articule autour de l’édification des nouveaux sites de regroupement des artisans mais également l’exploitation des installations déjà acquises entre autres.

Une Direction de la recherche de financement de l’artisanat qui aura pour rôle essentiel la résolution de l’épineuse question de l’accès du secteur aux financements issus de différentes sources comme les lignes de crédit mises en place par l’Etat ou par la coopération bilatérale ou multilatérale d’appui à l’artisanat ou par les banques classiques. Cette direction devrait s’orienter davantage vers un maillage du territoire national avec un tissu de mutuelles d’épargne et de crédit destinées aux artisans pour l’octroi de crédits d’équipement, d’acquisition de matières et fournitures et de campagne.

Une Direction de la promotion de l’artisanat qui concentre les missions relatives aux actions promotionnelles articulées autour des questions du renforcement des capacités des artisans par la formation initiale et par le perfectionnement professionnel principalement basés sur le modèle allemand de la formation par alternance centre de formation /atelier d’apprentissage ainsi que l’exploitation optimale des opportunités de l’offre de formation et de perfectionnement par les centres classiques de formations publiques ou privés. Elle s’occupe également de la promotion des produits artisanaux par la définition et l’application d’une approche stratégique de marketing des biens et services en tenant compte du découpage de l’artisanat en 3 sections (production-services-art), avec des programmes spécifiques à chaque section et à chaque filière.

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Limites de la réforme institutionnelle

Dans la mise en œuvre des programmes de promotion de l’artisanat, l’approche par filière devrait être privilégiée. L’intégration verticale et horizontale des corps de métiers présentant des affinités permet de gagner en efficacité et en impact sur le plan socio-économique. Pour intéressante qu’elle soit, la nouvelle réforme institutionnelle présente incontestablement des limites en ce qu’elle favorise l’autarcie des différentes entités avec l’émiettement et la disparité des interventions avec le risque d’empiétement des compétences d’une part et qu’elle n’autorise guère une bonne politique de coordination, d’impulsion et de mise en cohérence de l’action gouvernementale en matière de promotion et de développement de l’artisanat.

Certains pays du Maghreb et du sud-est asiatique ont réussi à promouvoir le passage de leurs entreprises artisanales au stade de PME/PMI pour aboutir à l’édification d’un tissu dense d’entreprises créatrices de richesses. Pour réussir leurs politiques de développement de l’artisanat, il leur a fallu structurer les acteurs selon une forme d’organisation cohérente, harmonieuse et efficiente .Très tôt ces pays ont compris que pour gagner le pari de développement du secteur, l’on ne saurait faire l’économie d’une bonne organisation aussi bien à la base avec des organisations professionnelles artisanales fortes (OPA) qu’au niveau institutionnel (chambre de métiers) pour une synergie des interventions.

Des acteurs disparates

A côté de ces acteurs classiques, des ONGS évoluent dans le secteur de façon disparate sans aucune concertation préalable, plaçant souvent les artisans devant une pléthore d’interlocuteurs dont les motivations et les buts ne sont pas toujours compris. Pour toutes ces raisons, il apparaît nécessaire, pour une mise en cohérence des actions de développement de l’artisanat et gagner en efficience dans l’exécution des projets et programmes, ériger une Direction générale dont la mission serait, entre autres, d’impulser, de cordonner et d’assurer le suivi évaluation des interventions des 3 directions précitées et de définir des plages de convergence avec les acteurs non étatiques par l’organisation de rencontres périodiques de concertation.

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La vision stratégique et transversale émanant de ce modèle d’organisation constitue un support pour les décideurs dans la définition de la politique nationale de développement de l’artisanat et permet une grande lisibilité des réalisations du Ministère chargé de l’artisanat. Cette vision combinée à une approche intégrée des axes de promotion (formation, promotion, financement, aménagement de zones et sites) constitue un facteur clé de succès dans la mission du ministère en produisant plus d’impact socio- économique en termes de résultats attendus par les bénéficiaires des interventions. En espérant que cette contribution attire l’attention de notre nouveau ministre pour une gestion cohérente et efficace de notre secteur.

 

Amdy Moustapha THIAM

Elu a la chambre de métiers de Dakar

Secrétaire Général CNCAS/Artisanat

Président de l’Union des professionnels de la métallurgie (URPAM)

urpamgie@yahoo.fr

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