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Une Nouvelle Approche Au Financement De L’enseignement Supérieur Au Sénégal

Une Nouvelle Approche Au Financement De L’enseignement Supérieur Au Sénégal

L’éducation supérieure au Sénégal connait depuis toujours une crise aigüe du fait de beaucoup de facteurs, comme le manque de moyens pédagogiques, la faiblesse des émoluments des professeurs, le manque d’amphithéâtres et de salles de classes pour les étudiants, le ratio anormal professeurs/étudiants, la non-orientation des nouveaux bacheliers etc… Tous ces facteurs ont un point commun: l’insuffisance du financement de l’éducation supérieure au Sénégal. Il y’a aujourd’hui quelque 111,749 étudiants dans le supérieur, 90,587 sont dans le public, contre 21,162 dans le prive (situation économique et sociale du Sénégal 2011. L’Université Cheikh Anta Diop à elle seule concentre un effectif de 72,962 étudiants.

Privatiser le mode de financement de l’éducation supérieure permettra de résoudre la problématique du financement de l’éducation supérieure au Sénégal, et en même temps, régler définitivement les problèmes liés à la qualité et l’accessibilité de l’enseignement supérieur pour tout détenteur du baccalauréat.

Cette privatisation sera conçue de manière à atteindre plusieurs objectifs, parmi lesquels:

1) rendre les étudiants plus responsable du choix de leur domaines d’études

2) permettre aux structures d’enseignement d’avoir une autonomie financière suffisante.

La réalisation de ces deux objectifs précités, déclenchera une prolifération sans précédent de vastes capitaux, d’innovation, et de technologies qui seront à la base d’un essor véritable de l’éducation supérieure de qualité au Sénégal.

Modalité de la Privatisation et Comment La Réussir

La privatisation revêt au Sénégal une connotation péjorative du fait des nombreuses expériences traumatisantes vécues par les Sénégalais dans d’autres domaines. Cependant, toute privatisation n’est pas mauvaise en soi. Actuellement, l’enseignement public supérieur au Sénégal est entièrement financé par l’État, qui y consacre 37 milliards de francs CFA par an (selon la loi des finances 2011). Ce montant, bien qu’important est aussi carrément insuffisant comme le démontre l’existence de bacheliers non orientes, de grèves multiformes des étudiants et professeurs, tous réclamant une amélioration des conditions de travail.

Einstein disait que  » la définition de la démence: c’est de répéter les même actions, encore et encore, et d’une manière s’attendre à des résultats différents. » Le problème de l’enseignement supérieur au Sénégal c’est de n’avoir jamais songé à essayer des solutions différentes de tout ce qu’on a eu à faire depuis les indépendances.

Il n’existe que deux solutions, soit financer entièrement les besoins de l’éducation supérieure par le budget de l’État, en faisant fi d’autres secteurs sociaux; soit trouver un financement alternatif qui résoudra pour de bon la problématique des moyens. Le second choix semble être le plus judicieux, et nous pensons qu’il devrait être axes sur les points suivants:

1. Garantir un prêt éducationnel à chaque étudiant désireux de poursuivre ses études: ce prêt sera contracté au niveau des banques de la place, et peut varier jusqu’à un maximum annuel défini par l’État. Ce prêt devra être non-discriminatoire et accessible à tout étudiant inscrit dans une structure agréée d’éducation supérieure, publique ou privée. Pour ce faire, l’État devra garantir ces prêts au niveau des banques, et de ce fait substituer sa crédibilité à celle des étudiants. Cela permettra aux étudiants de bénéficier de prêts au même taux d’intérêt que l’État du Sénégal. En outre, ces prêts seront remboursable en une durée assez longue, de manière à garantir leur remboursements par les étudiants une fois leur formation terminée. Ce point nous semble particulièrement important et nous allons illustrer par des données:

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Supposons que l’État du Sénégal, par son pouvoir régalien, demande aux banques établies au Sénégal de financer jusqu’à hauteur de 2 millions 500 milles CFA par an tout détenteur de bac, ou tout étudiant inscrit dans une structure d’éducation supérieure (publique ou privée). L’État s’engage à garantir le remboursement du prêt en cas de défaut de paiement, substituant du coup sa crédibilité a celle de l’étudiant. Pour une formation Master ce sera pour 5 ans, donc un total de 12,5 millions par étudiant, à la fin de leur cursus. Ce prêt sera remboursable en 25 ans, avec une période de grâce de 1 an après la fin des études. Cette durée de remboursement assurera des paiements mensuels abordables de moins de 86,000 CFA.

2. Responsabiliser l’étudiant en lui permettant de choisir une structure agréée d’éducation supérieure qui va recevoir ses frais de scolarité. L’objectif ici est de permettre à l’étudiant de s’orienter vers une structure et un programme de son choix, et non d’attendre d’être orienté vers une formation, qu’il n’aurait pas choisi lui-même. Une fois son choix fait, les frais de scolarité pour cette structure et ce programme seront directement versés par la banque à la structure. Pour illustrer encore à partir de l’exemple précédent, supposons que l’étudiant choisisse de faire la médecine à l’UCAD et qu’il soit accepté et inscrit dans le programme, supposons aussi que les frais de scolarité à la faculté de médecine sont 1,5 millions. La banque va verser directement à la faculté les 1,5 millions une fois l’inscription est confirmée.

3. Le caractère social de l’enseignement supérieur sera aussi important. Le logement et la restauration des étudiants seront laissés à leur propre appréciation. Par exemple, la gestion du campus de l’UCAD ne devra plus être l’affaire du gouvernement, mais de l’UCAD. En ce sens, le COUD devra disparaitre et ne sera plus financé par l’Etat, mais plutôt par l’UCAD. De la même façon, une autre structure privée d’enseignement supérieur pourra sponsoriser un autre campus social pour ses étudiants. Les étudiants devront avec le reliquat de l’emprunt, soit avec 1 million de francs CFA, gérer leur propre logement et restauration pendant leur séjour universitaire annuel.

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Un cahier de charge extrêmement rigoureux sera signé avec les diffèrent campus sociaux. Ce cahier de charge devra inclure des standards en matière de logement, de restauration etc… qui seront à même de permettre un épanouissement académique et social des étudiants inscrits dans les différentes universités.

4. La création d’une structure autonome de surveillance, d’accréditation, et de mesure pour accompagner les universités publiques ou privées dans leur mission de formation. Le rôle de cette structure sera de s’assurer que les formations offertes dans les structures agréées correspondent à certaines normes académiques (minimum nombre d’heures de cours par exemple, de sujets académiques à dispenser pour un tel diplôme etc…) de manière à ne pas favoriser l’émergence d’usine a diplômes. Un autre rôle tout aussi important pour cette structure sera d’accompagner les structures d’éducation supérieure au Sénégal dans leur processus d’accréditation de manière à faire accréditer le plus grand nombre. Il y a présentement quelques 113 structures d’éducation supérieures privées et 10 autres structures publiques y compris l’UCAD (ANDS Situation Économique et Sociale 2010). Le rôle de la structure de surveillance sera d’accompagner toutes ces structures dans la dynamique de la reforme proposée.

Cette structure sera autofinancée par des prélèvements automatiques qui seront effectués sur les droits d’inscriptions payés par les étudiants à chaque institution d’éducation supérieure. Ce prélèvement permettra à cette structure de disposer d’un financement suffisant de manière à remplir sa mission de manière satisfaisante. Nous pensons que pour une gestion transparente et efficiente de cette structure, son instance dirigeante devra être une commission composée de 9 membres répartis comme suit : 3 membres issus des institutions d’éducation supérieure, 2 membres issus du secteur privé, 1 membre de l’Etat, 2 membres représentant des étudiants and 1 membre de la société civile.

Cette commission engagera un personnel qui se chargera de faire le travail nécessaire pour bien remplir la mission de la structure. En reprenant l’exemple précèdent, un taux de prélèvement de 5% des frais de scolarité devra ramener 75,000 francs CFA par étudiant. Si l’on ramène ce chiffre au nombre d’étudiants actuellement au Sénégal dans le supérieur, l’autofinancement de cette structure serait à hauteur de 8 milliards par an, entièrement payés par les universités publiques et autres institutions d’enseignement supérieur privées.

Externalités Positives de la Privatisation

La solution proposée est radicale dans le mesure où elle change complètement la donne dans la gestion de l ‘éducation supérieure au Sénégal. Une compétition intense au niveau des programmes d’études devra s’ensuivre et assurer un plus grand choix aux étudiants. Cette compétition sera rendue saine par l’existence d’une structure autonome de surveillance et de normalisation.

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En outre, le changement du financement de l’éducation supérieure permettra aux universités publiques et privées d’avoir un financement assez large de manière à leur permettre de résoudre les problèmes liés au manque de moyens:

1. Reprenons l’exemple précèdent concernant l’UCAD : Des frais de scolarité de 1.5 millions CFA rapportes au nombre d’inscrits actuellement vont générer un total de 109.4 milliards par an. Comparons ce montant au montant annuel du budget de l’Etat consacré à l’éducation supérieure au Sénégal : 37 milliards reçus en 2011 de l’Etat par le l’UCAD et le COUD. Cette manne financière pourra permettre facilement de créer assez d’amphithéâtres, de salles de classe, embaucher assez de professeurs de qualités, de manière à réduire le ratio professeurs/étudiants.

De la même manière que les plus grandes universités du monde bénéficient de l’apport de professeurs de renommée internationale, les universités publiques comme privées pourront, avec les nouveaux moyens financiers additionnels, s’octroyer les services d’éminents professeurs de Harvard, Oxford, etc…

2. Une autre externalité directe de cette privatisation sera l’émergence d’une véritable économie autour de l’éducation supérieure: le transport, le logement, l’informatique, la restauration, la consultance etc…, seront ouvert à l’investissement privé tout autour des différents campus universitaires. Aussi bien on devra s’attendre à la génération de milliers d’emplois dans tous les secteurs affilies a l’éducation supérieure. Par exemple, les banques de la place qui devront servir les prêts éducationnels aux étudiants vont créer des départements entiers qui devront servir cette nouvelle marche, le secteur immobilier ne sera pas en reste du fait de l’effet d’entrainement du fait de la création de nouveaux campus sociaux.

3. L’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur et des conditions de travail des étudiants / professeurs, sera autre conséquence bénéfique de la privatisation. En effet, les étudiants auront le choix sur la filière et la formation qui les intéresse, et souvent, c’est des formations en phase avec le marché du travail. La compétition entre les structures d’éducation supérieure devra permettre l’élimination des formations non valorisées sur le marché du travail, et aligner les besoins du marché aux formations offertes. Par exemple, on sait qu’au niveau de l’UCAD La majorité des étudiants sont orientes vers des formations littéraires comme « lettre moderne », « géographie », etc… En fait le nombre d’orientés dans ces filières fait 5 ou 6 fois celui des autres orientés dans d’autre formations au potentiel d’insertion plus élevé comme les sciences, l’économie ou même le droit. La reforme que nous proposons va indubitablement pousser les établissements d’enseignement supérieur y compris l’UCAD à proposer des formations que les étudiants, le secteur privé, et l’économie sénégalaise demandent, des formations au potentiel d’insertion professionnelle prouvé.

 

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