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Cri Du Coeur D’un émigré Sénégalais

Cri Du Coeur D’un émigré Sénégalais

Je vous écris une lettre ouverte pour vous tenir informer d’abord des difficultés que nous (sénégalais de l’étranger), rencontrons au sein de nos propres représentations diplomatiques (consulats et ambassades).

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je profite de l’occasion pour féliciter chaleureusement la courageuse Bousso Dramé qui a eu l’audace de dénoncer l’attitude inacceptable du consulat de France à Dakar à l’égard des sénégalais demandeurs de visa.

Je ne vais pas épiloguer sur sa lettre car elle a été déjà lue et commentée par des millions d’individus à travers le monde. Les réactions suscitées par cette lettre prouvent que beaucoup de personnes souffrent en silence du comportement méprisant des représentations diplomatiques occidentales et n’ont pas le courage, peut être, de l’étaler dans l’espace publique.

Mais l’attitude du consulat de France n’est t-elle expliquée par le comportement irrespectueux de certaines nos autorités (qui sont à la fois au Sénégal ou qui représentent notre cher pays à l’étranger) à l’égard des sénégalais?

Comme le dit le proverbe wolof: « le cordonnier ne te fabrique que les chaussures que ton aspect lui inspire » (oudé ni mou la guissé la layeuweulé).

Je m’explique:

Je vie en France depuis plus de 10 ans (dans le cadre de mes études) mais je viens régulièrement au Sénégal. Pendant ces 10 années, je me suis présenté 6 ou 7 fois aux différents consulats (bordeaux, Lyon, Paris, Marseille) et ambassade du Sénégal en France pour régulariser des documents type passeport, carte nationale d’identité, carte d’électeur, extrait de naissance pour mes enfants, …. mais à chaque fois, j’ai été très mal reçu. Je pourrai même dire NOUS étions très mal reçu car les sénégalais que je rencontrais là-bas se plaignaient de la même chose que moi (un accueil très désagréable, presque pas de bonjour, une inorganisation indigne d’un service publique, un manque inquiétant de professionnalisme dans le traitement des dossiers, une lenteur administrative inexplicable et inacceptable, etc….). Mais je dois préciser qu’il y avait quelques très rares exceptions, parmi ces fonctionnaires, qui faisaient tant bien que mal leur travail avec une grande honnêteté. Ils se reconnaîtront.

Les mésaventures, au sein de ces structures sont tellement nombreuses qu’il n’est même pas utile, à mon avis, de les détailler

Je peux vous affirmer que beaucoup de sénégalais souffrent de cette situation. C’est un parcours du combattant pour renouveler nos passeports, pour transcrire les extraits de naissance de nos enfants, etc…Ces gens ne comprennent toujours pas qu’ils sont payés pour servir le Sénégal et aussi les sénégalais de l’étranger.

Comment nos autorités peuvent réclamer auprès des représentations diplomatiques étrangères, du respect et de la considération envers les sénégalais d’ici et d’ailleurs, alors qu’elles ne nous respectent pas? Il est certain que les sénégalais sont trop mal traités au consulat de France à Dakar, mais il est fort probable que les français vivant au Sénégal sont bien reçu par leurs autorités consulaires. Ce qui n’est pas le cas des sénégalais de l’extérieur dans leurs propres consulats.

Donc, je pense que nous devons aussi balayer devant notre porte et dénoncer toutes les injustices d’où qu’elles viennent. Je ne suis pas entrain de comparer mais je veux juste dire aux sénégalais qu’il faut aussi dénoncer ces regrettables attitudes surtout quand elles proviennent des nôtres.

Depuis le début du mois de juillet 2013, notre pays impose des visas d’entrée aux étrangers. Ce qui est une très bonne chose car nous sommes un peuple souverain. Mais si dans quelques mois ou quelques années, nous constatons une baisse du tourisme, celle-ci sera en grande partie expliquée par le manque de professionnalisme de nos représentants diplomatiques et non pas par les 50 euros demandés aux touristes, si ces derniers sont reçus et traités comme nous le sommes.

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Nous sommes et nous devons rester un peuple civilisé, courtois et hospitalier et nous devons traiter avec notre téranga légendaire, tous les étrangers comme des êtres humains tout court. C’est ce qui fait notre grandeur.

Je connais beaucoup de sénégalais, dans divers domaines d’activités, qui ont des projets très interssants pour le Sénégal mais devant les obstacles que nous rencontrons dans les administrations sénégalaises ici comme au Sénégal, il leur est très difficile voire impossible de planifier leurs idées sur le long terme. Ces obstacles et tracasseries administratives ne feront que favoriser la corruption et la concussion car pour ne pas perdre de temps, on est tenté d’accepter de payer des commissions imposées.

Le Sénégal est malade

Le diagnostic a été posé depuis de longues années. Cette maladie s’appelle la corruption, la concussion, le népotisme, l’incompétence de certains nos dirigeants qui n’ont aucune vision sur le long terme. Ils ont l’habitude de nous dire pour accéder au pouvoir, que la situation est urgente, que l’heure n’est plus au bavardage, il faut agir. Comme le dit le philosophe (Pr Songué dans mots contre maux), » priorité à l’action, c’est la meilleure manière de dire mort à la pensée ».

Le diagnostic* est posé mais le malade* continue de souffrir, son état est instable et pourtant le traitement* est connu et les médicaments* sont disponibles. C’est donc la prise en charge qui est très mal conduite. Je pense qu’il devient urgent de confier ce malade aux spécialistes* qui ont les compétences pour le prendre correctement en charge en discutant sur l’attitude thérapeutique à adopter.

* – le diagnostic = c’est la corruption, la concussion, le népotisme, l’absence de vision sur le long terme, la méconnaissance des priorités, l’appât du gain,……

– le malade= c’est le Sénégal

– le traitement= c’est la volonté politique, le courage politique, être au service du Sénégal et non se servir du Sénégal pour s’enrichir. Le courage politique, c’est de se débarrasser, par exemple, de ses partisans-ministres ou directeur de société, s’ils n’ont pas les compétences requises pour occuper le poste et faire le job correctement.

– les spécialistes= ce sont les ressources humaines sénégalaises connues à travers le monde, les compétences dans tous les domaines. Dans la quasi-totalité des organismes internationaux, on trouve au moins un sénégalais. Ces derniers aimeraient probablement revenir servir leur pays mais nos dirigeants n’ont pas la volonté ou ne savent pas comment créer les conditions pour permettre à ces compétences de franchir le pas et de venir occuper des postes de responsabilité au Sénégal ou de créer des entreprises pouvant employer des centaines ou des milliers de chômeurs.

– la bonne conduite thérapeutique = c’est de mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. C’est de combattre le népotisme, de donner la possibilité aux diplômés de prouver leurs compétences. Mais au Sénégal, il faut connaître quelqu’un pour atteindre ses objectifs. C’est pour cette raison que les riches deviennent de plus en plus riches et que les pauvres sont de plus en plus pauvres. On peut aisément comprendre, mais sans le cautionner, qu’un jeune diplômé, chômeur en plein temps, décide de prendre les pirogues pour se rendre en Europe, en connaissant parfaitement ses risques de mourir et ses maigres chances de trouver un travail en occident.

Ceci est inacceptable.

Je précise que je ne suis d’aucun parti politique ni en connivence avec aucun mouvement ou une idéologie particulière. A mes yeux, il n’est pas nécessaire d’être un politicien pour être utile à son pays, même si pour devenir rapidement riche, la voie la plus courte est celle de la politique. Je n’ai rien inventé, j’ai fait juste un constat. Dans ces conditions, comment il faudra procéder pour expliquer à nos jeunes frères et soeurs que l’avenir est dans les études?

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Comment pouvez vous nous expliquer, à l’heure où certaines familles sénégalaises crèvent de faim, les députés de notre assemblée nationale sont dotés de « soukerou koor » d’un montant de 100 000F CFA, alors qu’ils ont déjà de bons salaires?

Comment peut-on comprendre qu’un député, élu par sa communauté rurale ou commune conduit une voiture d’une valeur de 20 à 40 millions de FCFA (l’argent du contribuable sénégalais) alors que le centre de santé qui se trouve dans sa localité n’a même pas de voiture pouvant transporter une femme enceinte en état critique? Je ne parle même pas d’une ambulance.

Où en est t-on avec la politique de rupture promise par le Président MackySall?

Je pense comme les rappeurs, qu’il nous faut de Nouveaux Types de Sénégalais, en commençant par ceux qui sont chargés de nous conduire sur la voie de la prospérité.

Je ne reste pas sans savoir qu’il n’est pas évident de redresser, en 1 ou 2 ans, un pays pillé par ceux qui le gouvernaient ces 12 dernières années. Mais on aimerait bien connaître, la voie empruntée par le capitaine du bateau pour nous aider à sortir de cette misère. Le gouvernement actuel connaît les problèmes des sénégalais et a l’obligation de conduire une politique de rupture, de déterminer les priorités même si au Sénégal tout reste à faire. Nous ne pourrons pas accepter un éternel recommencement.

Changer de politique:

C’est avoir le courage de diminuer le train de vie de l’état, réduire le nombre de ministres et députés, supprimer définitivement le sénat.

C’est avoir le courage de former un gouvernement, non seulement avec ses partisans, mais avec l’ensemble des compétences d’où qu’elles viennent.

C’est lutter contre le chômage des jeunes diplômés en créant les conditions afin de donner confiance aux investisseurs sénégalais et étrangers. Comment pouvons nous espérer voir des sociétés multinationales venir investir chez nous si le Sénégal reste gangréner par la corruption dans ses administrations? Et pourtant, le Sénégal est l’un des rares pays stables en Afrique sur le plan politique. Ce qui est atout majeur pour attirer les investisseurs. Nul ne peut s’en passer des autres. Nous avons besoin des capitaux étrangers pour construire notre pays mais avec des ressources humaines sénégalaises. La France, la grande Bretagne, et d’autres nations du G8 ne ménagent aucun effort pour attirer les investisseurs qataris, pourtant ces pays sont parmi les plus développés de la planète.

C’est faire espérer aux étudiants un avenir meilleur. Nos universités sont surchargées d’étudiants qui étudient dans des conditions minables. Comment peut on comprendre qu’un étudiant qui a un bac+4 ou 5, n’arrive même pas à trouver un stage pour valider son diplôme? Pourquoi faire des études si on sait qu’au bout le seul et unique espoir c’est de devenir un chômeur en temps plein? Pourquoi si on n’est pas fils de……on aura pas les mêmes chances de réussir? Et pourtant on clame partout que nous sommes un peuple solidaire.

Pour l’égalité des chances, je pense que nos autorités devraient imposer aux entreprises publiques et privées de prendre obligatoirement les étudiants stagiaires même s’ils ne seront pas rémunérés. Dans ce cas, Chaque entreprise selon sa taille, devrait accueillir un nombre X d’étudiants permettant à ces derniers d’avoir une première expérience professionnelle qui pourra, peut être, déboucher sur un contrat en CDI.

C’est moderniser l’éducation. Les programmes d’éducation doivent évoluer avec le temps. Tout change et nous devons vivre avec notre temps. Dés le collège ou le lycée les élèves devraient avoir la possibilité de suivre des formations professionnelles, apprendre des programmations informatiques,…Dans les universités, certains étudiants devraient suivre davantage de formations les orientant dans la création d’entreprise. Car l’état ne peut et ne pourra seul donner un travail à tous les diplômés.

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Ceci ne sera utile que si les enseignants sont bien formés et mis dans un environnement de travail adéquat.

Changer de politique, c’est mettre les soignants dans de bonnes conditions pour apporter les soins les meilleurs aux malades. C’est une très bonne nouvelle d’apprendre que le gouvernement veut mettre en place une couverture maladie universelle mais ce qui me laisse perplexe c’est le fait de vouloir demander une cotisation à ceux qui n’ont aucune source de revenus (si bien sûr, j’ai les bonnes informations). Wait and see…..

Pourtant si le train de vie du gouvernement et du parlement était revu significativement à la baisse, je pense qu’il serait vraiment possible de mettre en place une véritable couverture maladie universelle permettant de financer au moins une partie des soins de chaque malade. Les salariés cotisent pour leur assurance prévoyance, il est donc logique qu’ils bénéficient avec leur famille d’une prise en charge d’une partie de leurs soins. Mais, l’état du Sénégal n’a pas le droit d’oublier ceux qui ne travaillent pas et donc qui ne cotisent pas.

Changer de politique, c’est aider les sénégalais à augmenter leur pouvoir d’achat. La seule diminution des prix des denrées de première nécessité ne suffit pas, à mon sens, car même si les prix sont bas, les familles sans ressources continueront d’avoir des difficultés pour assurer leur dépense quotidienne. Certes c’est mieux que rien mais la solution pérenne serait de diminuer significativement le chômage des jeunes.

Le changement doit commencer maintenant.

J’invite ceux qui lirons ces quelques phrases de ne retenir que l’essentiel: comment faire pour soigner ce malade, qui est le Sénégal?

Mon but est loin de faire des critiques inutiles, mais seulement de provoquer le dialogue. En plus des critiques justifiées, à mon sens, j’ai essayé de proposer mes solutions qui ne seront pas forcément les vôtres. Nous devons davantage échanger sur les maux du Sénégal, et essayer de trouver des solutions concrètes et pérennes qui permettront de sortir ce pays au bord du gouffre.

Je ne suis pas au Sénégal certes, mais je suis au courant de ce qui s’y passe. N’oublions pas que le monde est devenu un village planétaire grâce à internet. La plupart des sénégalais de l’étranger lisent quotidiennement les journaux sénégalais en ligne et regarde régulièrement les différentes chaines de télévision sénégalaises pour être au diapason de l’information.

Cette précision est importante car certains de nos compatriotes nous considèrent comme des sénégalais de seconde zone. Que nous soyons binationaux ou pas, nous sommes tous des sénégalais à part entière. Nous contribuons quotidiennement à la bonne marche de notre pays. Les centaines de milliards de franc CFA envoyés par les expatriés tous les ans au Sénégal constituent la preuve formelle.

J’ai regardé récemment sur la RTS un journaliste qui disait à M. DAMEL MEISSA FALL (que je ne connaissait pas) : « vous ne savez pas ce qui se passe dans le pays…, le pays a changé…., vous êtes entre 2 avions, comment vous allez faire……, vous critiquez mais vous ne proposez pas de solutions..….). Je veux juste dire, en toute honnêteté, que ce Monsieur n’a dit que la vérité et rien que la vérité sur les difficultés que rencontrent les sénégalais au sein de leurs représentations diplomatiques (consulats et ambassades).

Très cordialement

 

C’était NGOOR,

ngoorserere@gmail.com

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