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« Sen Petit Gallé » Où Le Travail Des Enfants Déguisé : Quand Une Certaine Télévision Fait Du Business Sur Le Dos Des Enfants

Le visage médiatique sénégalais change alors que la téléréalité n’a pas encore fini de faire des dégâts en France. On se rappelle du suicide de François Xavier, candidat à l’émission « secret story ». Au lendemain de son suicide, Emilie, une des participantes à l’émission nous en donnait la raison : « Elle [la production] nous utilise, puis elle nous jette dans la nature, sans aucun suivi ».

La téléréalité, source de déséquilibre psychologique, même pour les adultes à cause des mirages de succès

, a fini de prendre forme sur le petit écran sénégalais. Malheureusement, le format repris au Sénégal par une certaine télé propose des candidatures infantiles. C’est le drame qui sévit dans nos « gallés » que l’on a finit de rendre « petits ». Il faut s’en offusquer.

De quoi s’agit-il? Le concept organise des concours de chants pour enfants au niveau des régions, parmi ceux qui désirent devenir chanteurs. Les « meilleurs » sont sélectionnés par la suite et acheminés à Dakar où ils seront logés dans un « luxe insolent pour leur préparation ». Pour combien d’heure par jour ? C’est ensuite le tour pour eux d’animer des concerts de musique télévisés pour enfants et adultes, à but lucratif. Les « meilleurs » sont choisis dans le groupe des enfants et les autres éliminés et retournés vers leurs pauvres parents sans aucune assistance psychologique. Le vainqueur final, lui sera récompensé. Une fois de retour aux siens, il est accueilli en « stars ». Le mot n’est pas de trop. Il est sorti de la bouche d’un des animateurs.

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Le spectacle se joue ainsi entre quatre forces inégales : l’affamé Groupe de télé, les impitoyables sponsors et le cupide réalisateur en face d’innocents enfants. Comment des enfants mineurs vont-ils évoluer parmi ces trois « loups » ? Que vont-ils devenir après les vacances ? Comme le vainqueur de la 1ère édition qui ne fréquente plus l’école ? Cet business est moralement condamnable.

Silence, les enfants travaillent ! La qualification des tâches exécutées par ces enfants est sans risque de se tromper considérée par la loi comme un travail. Car ces enfants s’adonnent à des répétitions à longueur de journée pour assimiler des chansons et des pas de danse dans le seul but de prester le jour j. Un enfant ne doit pas être utilisé pour divertir d’autres enfants en y mêlant un sponsoring et des animateurs présentateurs. Pourquoi ne pas choisir des adultes à la place des enfants mineurs ? Pourquoi ne pas organiser une compétition des jeunes chanteurs pour les primer en fin de compte ? C’est une forme de travail et cela est inacceptable. On me dira que ces enfants ont une autorisation parentale mais elle n’est pas suffisante dans le cas d’une télé réalité pour mineur. Ce domaine est clairement réglementé par la loi.

Que dit la loi ? Le code du travail en son article L145 indique que les enfants ne peuvent être employés dans une entreprise, même comme apprentis, avant l’âge de quinze ans. Et pour le cas de « sen petit maison », non seulement les enfants sont mineurs mais ils travaillent pour la télé pendant les vacances. Si l’article L145 admet des dérogations, les travaux exécutés dans « sen petit maison » n’en font pas partie.

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Dans l’arrêté ministériel n°3750 du 6 juin 2003 fixant la nature des travaux dangereux interdits aux enfants et jeunes gens, il est interdit d’employer des enfants âgés de moins de 16 ans dans les représentations publiques, dans les théâtres, salles de cinéma, cafés, cirques ou cabarets pour l’exécution d’exercices périlleux. Dans le cas d’espèce, il s’agit bel et bien d’une représentation publique et la nature de la compétition peut se révéler périlleuse en cas d’échec. Donc l’interdiction s’applique.

En plus, le Sénégal a ratifié toutes les conventions pertinentes de l’Onu et celles de son organe chargé des questions liées au travail, l’OIT. Ce sont les conventions n° 138 sur l’âge minimum d’admission au travail et celle n° 182 sur les pires formes du travail des enfants. Ces normes internationales interdisent de faire travailler les enfants ou de les utiliser sous une forme quelconque dans un but lucratif.

La convention n° 138 de l’Oit sur l’âge minimum est claire. Les Etats membres doivent inclure dans leur législation un âge minimum d’admission à l’emploi qui ne devra pas être inférieur à l’âge auquel cesse la scolarité obligatoire. Cette disposition est bien prise en compte dans la législation sénégalaise qui fixe cet âge minimum à 15 ans. Le respect de ces outils est nécessaire pour une protection de l’enfance au Sénégal.

Qu’est il advenu des candidats de l’an dernier? La question mérite <d’être posée car nous autres téléspectateurs aimerions savoir comment les candidats déchus de l’an dernier ont-il supporté le choc de se voir écarter d’une compétition qui cache son vrai visage. La vérité est que les promesses faites à ces enfants pour les attirer vers ces émissions de téléréalité ne sont jamais tenues. Une défaite et une promesse de succès non tenues sont très dures à supporter pour un enfant surtout après une publicité à la télé devant toute la nation. A mon avis, il va falloir arrêter l’émission, situer les responsabilités et sanctionner.

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Et en plus de cela, une émission de téléréalité pour quoi faire ? Utiliser des enfants, gagner la confiance des sponsors, vendre leur image et faire le buzz. Dans quel show biz’ness sommes-nous ? Ces enfants vont-ils se relever de la téléréalité ? La télé leur donne t-elle leur « chance » ? Non, ils vont exister, travailler durement pour le compte de la télé et faire le buzz tout au plus. C’est une drôle de façon de faire des vacances pour les enfants ! Cela est inacceptable.

 

L’alchimiste

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