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Entre « sen Petit Gallé » Et « oscars Des Vacances » : Les Télés Nous Abrutissent-elles ?

Entre « sen Petit Gallé » Et « oscars Des Vacances » : Les Télés Nous Abrutissent-elles ?

L’animateur Ndoye Bane a récemment traité dans son émission « Thème de la semaine » le contenu de nos télévisions. En quoi, ces dernières constituent un danger pour nos enfants et au-delà, pour nos bonnes mœurs. Le ministre de la culture Abdou Aziz Mbaye avait lui aussi fait le buzz il y a quelques mois après sa sortie devant les députés qualifiant les télévisions sénégalaises de poubelles. Au delà de l’émotion que cette sortie a engendrée, le mérite du ministre de la culture réside dans le courage de susciter un débat public sur le contenu des télés.

Dans un précédent article, j’avais proposé de réfléchir sur le symbole des émissions phares du petit écran et, je voulais simplement analyser avec vous ce que nos télévisions nous offrent aujourd’hui. Loin de moi, l’idée de jeter en pâture une quelconque production nationale comme les émissions de la TFM Sen Petit Gallé, Dakar ne dort pas ou Oscar des vacances de la 2STV. A mon avis, c’est important pour un pays comme le notre de s’arrêter, de se mirer pour se parfaire et cultiver l’excellence au détriment d’une culture de crétinisation.

Pour en revenir au ministre de la culture et sa fameuse boutade devant les députés, je crois objectivement qu’il urge de poser un débat citoyen sur l’offre des medias au Sénégal.

Sen Petit Gallé et Oscars des vacances sont elles des émissions qui sont utiles pour les jeunes ou contribuent elles à les enfoncer dans le système LMD (lutte-musique-danse) qui semble prendre en otage l’espace médiatique.

Notre pays compte 15 chaines de télévisions et 10 autres qui sont autorisées mais qui n’émettent pas encore. Les questions qui découlent de la déclaration du ministre Aziz Mbaye sont : nos télévisions remplissent elles correctement leur triple mission d’information, de divertissement et d’éducation ? Quelles sont leurs forces et faiblesses ? En quoi elles sont assimilables à des poubelles ? Est-ce que l’exigence de pluralisme et de diversité est elle respectée par ces chaines ? En d’autre termes, nos télés prennent elle en compte les minorités, tous les sénégalais se reconnaissent ils dans leurs programmes ?

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Un collègue expert en audiovisuel résume les programmes de nos chaines de télévision par une formule assez révélatrice qui résume cette situation. Au Sénégal, dans nos télévisions, le clip musical est perçu en tant que “culture”, la lutte et football de “divertissement sportif”. La musique et de la danse sont présentées comme seules formes de culture au Sénégal par les chaines de télévision avec une diffusion abusive de clips musicaux bourrés de chorégraphies vulgaires et clownesques.

Ajouter à ce tableau un manque de compétences spécifiques pour envisager la culture au sens large mettant en valeur la diversité des forces vives de la culture. Le sport se résume aussi à la lutte et au football et quasi absence des autres sports du paysage audiovisuel (souvent financièrement moins nantis) ; les meilleurs horaires sont consacrés aux séries étrangères, et 80% des émissions sont des plateaux entre un journaliste et des invités qui parlent pendant des heures. Pape Ale Niang, Omar Gning, Cheikh Diaby, Papa Ngagne Ndiaye pour ne citer que ceux la font la même émission avec le même format, seuls le titre et le ton différent d’une chaine a une autre.

Le ministre Aziz Mbaye fait certainement référence aux séries étrangères qui sont devenues une sorte d’opium pour le peuple qui ont fini d’anesthésier la production locale et abrutir les masses populaires. Je préfère quand même ces séries indiennes (plus pudiques) aux navets mexicains et brésiliens dont les histoires et images sont culturellement choquantes.

En définitive, par le truchement de la sortie du ministre Mbaye, je vous pose la question : est ce que nos télés sont des poubelles ?

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Adama SOW

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