Le Sénégal ne peut échapper à la définition et la mise en œuvre de politiques économiques actives visant à relancer la production intérieure. L’incontournable rigueur budgétaire devrait, dans ce sens, être combinée avec une politique monétaire souple en phase avec les exigences du développement et la volatilité des marchés internationaux qui impriment leurs marques à l’économie nationale.
Mais ce que l’on constate, c’est que la BCEAO (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) mène une politique monétaire restrictive, en maintenant ses taux directeurs élevés (taux de pension et d’escompte). L’objectif poursuivi est de contrer les pressions inflationnistes qui ont été élevées au cours des dernières années et freiner le relâchement budgétaire des pouvoirs publics.
Mais sur cette question, nous estimons que tout en restant prudente, la BCEAO devrait plutôt opter sans ambages pour un assouplissement de sa politique monétaire, notamment une baisse de ses taux directeurs, en maintenant un différentiel raisonnable avec la Banque Centrale Européenne. Cette baisse aura pour effet, si les banques la répercutent sur le taux de base bancaire, d’encourager et de soutenir les investissements nécessaires au développement de l’offre intérieure (c’est-à-dire la production des entreprises sur le territoire national). Une telle action est d’autant plus envisageable que l’inflation dans l’Uemoa provient moins de sources monétaires que de la volatilité des coûts internationaux des biens alimentaires et des produits pétroliers, dans un contexte de défiances de la régulation des marchés dans la zone UEMOA.
Le recours aux instruments monétaires pour dompter les pressions inflationnistes est donc contestable, dans le contexte d’une économie extravertie dépendant de l’extérieur pour la couverture d’une part prépondérante de ses besoins en denrées alimentaires et en produits pétroliers.
En outre, une réflexion doit être engagée sur la politique de change de l’Uemoa. Le maintien d’un euro structurellement fort par rapport au dollar et aux autres devises internationales ne favorise guère la compétitivité internationale du Sénégal et de ses partenaires de l’Uemoa. Le recours à un panier de devises pour servir d’ancrage au franc CFA, en dépassant ainsi le seul lien à l’euro, est devenu incontournable, pour des raisons de stabilité et d’adaptation aux nouvelles réalités du commerce international de la sous-région qui est devenu plus ouvert vers les horizons autres qu’européens.
L’arrimage du CFA à l’Euro est une option qui renforce les importations de produits finis de l’extérieur, des pays émergents et nouvellement développés en particulier, au lieu d’une relance de la production intérieure. Elle est donc une option qui entretient voire renforce l’inflation, celle-ci étant plus le fait des dérapages sur les marchés internationaux que de la production intérieure.
Dr Amadou Sow
Cellule des Cadres de CAR LENEEN