La démocratie, au Sénégal, n’est pas un exploit contemporain comme dans la plupart des pays africains. Elle y est plutôt le résultat d’une proximité historique, et même culturelle, avec l’Occident. Naturellement, à travers les siècles et les réalités, elle est devenue une question de civilisation. C’est pourquoi, après la phase coloniale, la période d’indépendance ne pouvait qu’être démocratique. Malgré la regrettable crise de 1962 qui a mis l’UPS dans une sorte de paranoïa dans la gestion du pouvoir, la demande démocratique est demeurée plus forte et plus pressante que le Président Senghor dût répondre favorablement par un multipartisme limité. Ce fut à l’honneur du Sénégal car tous les pays environnants sombraient, à l’époque, dans le monopartisme infernal. Après Senghor, Abdou Diouf est devenu Président de la République « sans être élu ». Constitutionnaliser le multipartisme intégral fut bien pour lui une subtile virtuosité politique pour se faire agréer par l’opinion publique et une certaine classe politique.