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Casamance : Un Statut Special A L’exemple De La Corse. Pour Sortir Du Conflit Casamancais

Casamance : Un Statut Special A L’exemple De La Corse. Pour Sortir Du Conflit Casamancais

Le débat sur l’octroi ou non d’un statut spécial à Touba, nous offre l’opportunité de saisir l’opinion publique sénégalaise pour reposer la question casamançaise au cœur du débat sur les solutions préconisées çà et là afin de trouver une sortie de crise honorable et digne pour sauvegarder et même consolider l’image démocratique du pays.

La Casamance, faut-il le rappeler, est soumise depuis plus de trente ans à l’irrédentisme des rebelles des différentes tendances du MFDC qui réclament l’indépendance. Cette crise a profondément traumatisé les populations qui ont subi des violences sporadiques destructrices de leurs biens et des pertes humaines considérables de part et d’autre du conflit. L’économie de la région auparavant l’une des plus prospères du pays, a été déstructurée et appauvrie par la longue durée de la rébellion.

Le rêve d’autonomie casamançais a comme soubassement une forte identité culturelle et une détermination farouche contre les tentatives de main mise de l’administration coloniale. Il a par la suite été alimenté par toute une série de frustrations liées à son enclavement, son isolement géographique et surtout sa relégation en » seconde zone « par les pouvoirs publics, alors que la région était considérée comme le Grenier du Sénégal par la grâce d’une climatologie plus arrosée et luxuriante. Cette situation entrainera une résistance par l’entremise de différents mouvements séparatistes qui provoqueront de nombreux et d’ âpres affrontements avec l’armée sénégalaise. Il s’en suivit plusieurs conciliabules de négociations pour des accords de cesser le feu et de paix qui ont beaucoup évolué mais n’ont toujours pas abouti à une paix totale et définitive.

Aujourd’hui avec l’arrivée de Mr Macky Sall au pouvoir, les méthodes et les positions ont quelque peu apaisé les rapports entre les séparatistes et les autorités publiques mais sans encore aboutir à des avancées probantes malgré l’évolution bouleversante de l’internationalisation des négociations.

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Nous voulons , profitant de l’ acuité du débat sur le Statut de Touba dans l’opinion, élargir la réflexion sur les solutions prônées pour résoudre le conflit casamançais et apporter au menu des négociations la solution élaborée , expérimentée et éprouvée par les Français de l’exemple Corse.

Les revendications locales vers plus d’autonomie ou en faveur de l’indépendance ont avivé le souhait de doter la Corse d’un statut spécifique. C’est ainsi qu’elle est devenue une région métropolitaine avant les autres par la loi du 2 mars 1982 portant Statut particulier de la région Corse, complétée par la loi du 30 juillet 1982 relative aux compétences. Ces lois prévoyaient que l’organisation de cette région tient compte de ses spécificités résultant de sa géographie et de son histoire. Ces lois ont évolué par la suite et ont abouti avec la promulgation de la loi du 13 mai 1991 portant Statut de la Collectivité Territoriale de Corse qui lui confère un Statut particulier au sein de la République Française. Toutefois de manière originale pour une collectivité décentralisée Française, elle connait un mécanisme de responsabilité politique de l’exécutif devant l’assemblée Corse. Elle est ainsi dotée de trois institutions :1)Le Conseil exécutif de Corse qui exerce les fonctions exécutives-2)L’Assemblée de Corse, organe délibérant-3)Le Conseil économique, social et culturel de Corse, organe consultatif. Toutes ces institutions sont dotées de compétences décentralisées assez étendues. Grâce à cette révolution institutionnelle la France a réussi à pacifier l’Ile malgré quelques soubresauts violents plutôt assimilés à des règlements de comptes mafieux et quelques résidus irrédentistes.

La Casamance qui présente les mêmes particularités historiques, géographiques et socio-culturelles non identiques mais similaires, que la Corse, en plus de leurs fortes valeurs identitaires proches, peut s’inspirer du même processus régionaliste, législatif et réglementaire ayant conduit la Corse au rang de collectivité territoriale à statut spécial.

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La Casamance naturelle a un positionnement unique, spécifique et particulier dans le contexte Sénégalais : Un isolement géographique coincé entre deux Etats, un enclavement infrastructurel qui oblige ses habitants à traverser des frontières pour rentrer chez eux, un délaissement politico-économique de la part des politiques qui a conduit à des drames (La catastrophe historique du bateau DIOLA) et enfin un ostracisme ethniciste il est vrai plus prévalent dans les années 1960. La Casamance a l’ambition de retrouver sa vocation de Grenier du Sénégal, par exemple en développant sa riziculture naturelle qu’on lui déniée au profit de la culture irriguée dans la vallée du fleuve et son potentiel agricole naturel que lui donne sa forte pluviométrie.

Le « Particularisme de facto » de la Casamance, fondé sur ses multiples spécificités géographiques, socio-culturelles , économiques et historiques, en plus de la problématique de l’irrédentisme persistant et insoluble, justifient la réalité d’un Statut spécial. J’emprunte à l’honorable Serigne AZIZ MBACKE MAJALIS l’argumentaire pertinent suivant :

»L’existence dans plusieurs pays du monde, de régions ou d’entités socio-historiques particulières, dont la nécessaire prise en compte des spécificités constitue une condition sine qua non de leur intégration parfaite dans l’architecture institutionnelle et administrative du système officiel, a souvent été la base de l’attribution de statuts spéciaux ou particuliers aux dites régions. Un Statut qui se matérialise par la reconnaissance juridique par l’Etat, dans un cadre formalisé, de certaines dispositions légales spécifiques à ces régions ou par une délégation de pouvoir par la puissance publique aux autorités locales sur certains domaines de compétences choisis. La nature et l’étendue des compétences déléguées et spécificités reconnues localement dépendant de plusieurs facteurs culturels, socio-historiques, économiques etc. caractérisant les régions concernées. Ce principe est essentiellement sous tendu par la conscience que « Diversité » ne signifie nullement « Dissidence ».Et qu’au contraire, la prise en compte équilibrée et harmonieuse des potentialités locales dans le dispositif global d’un Etat, selon des limites de souveraineté bien définies, était plutôt de nature à renforcer l’ensemble et à garantir sa pérennité dans le temps et l’espace. » (Touba et la Casamance. A.AZIZ MBACKE MAJALIS).

La Casamance une fois débarrassée de son irrédentisme et sa rébellion peut aspirer parfaitement à cette brillante définition du Statut Spécial. Comme quoi ce qui est légitime pour Touba pour la question religieuse, peut être également légitime pour la Casamance pour des raisons géographiques, socio-culturelles et économiques etc. C’est également ce que la France a compris et composé pour la Corse.

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Voilà pourquoi, à l’heure de l’internationalisation des négociations du conflit casamançais, il est pertinent de demander à la France ancien pouvoir colonial sur le Sénégal, à l’instar des Etats Unis, d’engager des actions concrètes en vue d’aider le Sénégal à s’inspirer de l’exemple Corse.

Frantz Fanon nous renseigne que : »Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir… ». Cette profession de foi nous inspire pour lancer un appel à tous les sénégalais patriotiques et intellectuels humanistes à saisir cette proposition, opportunité historique et solution médiane à mi-chemin de la » revendication indépendantiste » et le respect constitutionnel et absolu de l’intégrité territoriale.

Nous en appelons à Mr Macky Sall, pour soumettre à l’étude et inclure cette donne dans l’élaboration par extension de l’Acte 3 de la décentralisation et en vue de la faire figurer au catalogue des solutions soumises aux négociations.

POUR UNE PAIX REELLE ET DEFINITIVE EN CASAMANCE. Wa Salam !

 

Chérif Ben Amar Ndiaye

Diammi.casamance@gmail.com

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