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Le Sénégal, Est-il Retombé Sous Un Nouveau Programme D’ajustement Structurel Par Les Coûts ?

Le Sénégal, Est-il Retombé Sous Un Nouveau Programme D’ajustement Structurel Par Les Coûts ?

Assurément, c’est à un véritable programme d’Ajustement par les coûts que nous avons affaire avec ce Projet de Loi des Finances Rectificatives ! Cette Loi traduit le contenu principal des engagements pris par le gouvernement au près de ses bailleurs traditionnels dans le cadre du PSE. Il s’est engagé, entre autres, à faire des économies budgétaires de 300 milliards comme contribution à son financement sur ses Dépenses de fonctionnement et d’investissement.

Ce projet de Loi des Finances Rectificatives s’inscrit donc dans la volonté du gouvernement de donner un signal fort de son intention de respecter ses engagements. Mais voilà, ces économies vont être faites par une ponction sur les salaires, et une réduction des Dépenses d’Education et de Santé publique, tout en permettant d’augmenter le train de vie de l’Etat ! La dernière sortie du Ministre chargé des Finances, pour épingler le poids de la Masse salariale, en dit long sur cette volonté de faire des économies sur le salaire des agents de l’Etat.

Pour ce faire, il n’a même pas reculé devant une grossière manipulation des chiffres, pour tenter de culpabiliser ces travailleurs, au nombre de 100540, et qui coûteraient au peuple, dans la Loi des Finances Initiales de 2014, la somme astronomique de 717 milliards, dont 300 milliards seraient constitués d’indemnités !

Pourtant, il n’a été mentionné, dans aucune rubrique de la Loi des Finances de 2014 soumise à l’Assemblée nationale, là où les Dépenses de personnel qu’elle avait retenues à hauteur de 492 milliards, seraient augmentées de 300 milliards d’indemnités !

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Il a donc, délibérément, tenu notre Assemblée nationale dans l’ignorance totale de cette dérive du système indemnitaire de la Fonction publique.

Le gouvernement expliquait, devant les Députés, la cause de ce qu’il considérait comme une charge salariale pesante qui n’était pas reflétée dans la rubrique « Dépenses de personnel ». Ce sont les salaires des « volontaires et vacataires » qui sont inclus dans les « Dépenses matérielles » qui en étaient l’explication!

Mais jamais, en aucun moment, le système indemnitaire n’a été évoqué, pour expliquer ce que le Ministre de l’Economie et des Finances, a présenté comme étant une charge exorbitante de la Nation pour 100540 Agents de l’Etat !

Pis encore, il s’est abstenu de dire, quelles sont les catégories d’agents de l’Etat, qui bénéficient de cette manne financière, étant donné que tous n’en bénéficient pas.

Donc culpabiliser tout le monde est un acte délibéré de désinformation du public.

Est ce que ce sont les indemnités de judicature, d’enseignement, ou de risque dans la Santé publique qui sont en question? Motus et bouche cousue!

Le Ministre de l’Economie et des Finances fait une “réponse du berger à la bergère” , en voulant incriminer les salaires des agents de l’Etat, pour répondre à ceux qui incriminent le train de vie exorbitant de l’Etat, dans ses dépenses matérielles et salariales, notamment, celui des Grandes Institutions de la Républiques ( la Présidence, le Gouvernement, l’Assemblée nationale, le Conseil Economique, Social et Environnemental, le Ministère des Affaires Etrangères), et celui des dirigeants des Entreprises parapubliques et autres Agences!

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Combien sont- ils ? Combien pèsent – ils dans ces 717 milliards de Dépenses de personnel de l’Etat, notamment dans ces 300 milliards d’indemnité?

Il est vrai que Wade avait pris des décisions qui ont fondamentalement déréglé le système de rémunération des Agents de l’Etat, portant les inégalités de traitement à un niveau jamais atteint!

C’est la raison pour laquelle, les syndicats de la Fonction publique attendaient, du nouveau pouvoir, un audit de ce système, pour ouvrir des négociations pour sa réforme, pour plus d’équité et de prise en considération du professionnalisme, pour qu’enfin, la compétence et la probité morale, qui fondent le mérite d’un agent de l’Etat, redeviennent les seuls critères de rémunération et d’avancement de carrière dans le secteur public.

Le Ministre prétend que cet audit est fait! Donc qu’attend- il pour le mettre à la disposition des partenaires sociaux de l’Etat, en vue de la tenue de ces négociations?

Mais il semble, avec sa sortie culpabilisante, avoir décidé de réviser unilatéralement le système de rémunération!

Qu’il soit sûr, le cas échéant, que les syndicats concernés ne le laisseront pas faire, et qu’ils auront, sur cette question, tout l’appui de ceux qui militent pour une “gouvernance sobre et vertueuse”.

D’ailleurs, ce qui est aussi frappant dans cette sortie du Ministre, c’est qu’il se réfère à la Loi des Finances Initiales de 2014, qui prévoient les recettes fiscales à 1561 milliards, en oubliant qu’il a mis sur la table de l’Assemblée nationale, une Loi des Finances Rectificatives qui les réduit à 1459,4 milliards, soit de 101,6 milliards!

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Donc, avec une telle réduction des recettes fiscales, les engagements d’économie budgétaire à hauteur de 300 milliards deviennent une contrainte politique et sociale majeure, que le gouvernement aurait intérêt à en débattre publiquement avec ses partenaires sociaux, ses alliés dans BBY, et la Société civile, plutôt que d’en décider unilatéralement, à la hussarde, comme le laisse penser la sortie spectaculaire du Ministre le l’Economie et des Finances, sur les indemnités des Agents de l’Etat.

 

Ibrahima SENE, PIT/SENEGAL

Ibrahima SENE

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