« Pour les âmes bien nées, la promesse est toujours une dette, tant qu’elle n’est pas satisfaite! » Au cours de la campagne électorale de la présidentielle 2012, la coalition BBY avait fait de la cherté des prix, en particulier celui du carburant, qui est plus cher chez nous,
que partout ailleurs dans la sous région, l’un de ses thèmes forts de campagne. Ce qui logiquement, supposait que son prix à la pompe serait vu à la baisse par le nouveau régime, dès que possible parmi les premières mesures à prendre. Surtout, si l’on sait que le cours mondial du pétrole a baissé en plus. Mais paradoxalement, et à ce jour encore, le Sénégal est toujours le dernier de la classe dans la sous région, pour ce qui concerne le carburant. C’est vraiment inexplicable !
Il est incompréhensible et injustifiable aux yeux des populations, après deux ans et demi au Pouvoir, que le président de la République n’ait jusque-là pas songé à cette promesse et nécessité, à plus forte raison encore de sa matérialisation. Ceci révèle, dans une certaine mesure, d’une absence notoire d’un tableau de bord ou d’une feuille de route nette et claire, des tâches à faire par les candidats d’une part et d’autre part, d’un guide pour l’exécution correcte et le suivi strict du catalogue de promesses qu’ils étalaient au cours de leur campagne électorale. Sinon, comment comprendre cet immobilisme à cet effet, après tant de critiques acerbes faites auparavant au régime libéral sur ce sujet précis, et de maintenir encore le statuquo dans bien des domaines ?
Alors que nous nous attendions, légitimement tous, sur la base des promesses de campagne, à des ruptures profondes et radicales avec les pratiques malsaines du régime libéral, voilà que l’on nous sert du réchauffé ou la copie conforme du Wadisme.
Il est en effet récurrent en Afrique, même constant devrions-nous dire, de voir certains dirigeants politiques, une fois arrivés au Pouvoir, devenir totalement oublieux ou de faire table rase de leurs engagements antérieurs. On peut bien se demander d’ailleurs, si ces derniers ne prennent pas les citoyens comme des amnésiques, qui oublient ainsi leurs promesses faites à eux, dès le lendemain des élections? S’ils pensent réellement ainsi, ce serait une grave erreur d’appréciable politique de leur part. Et voire, une méprise impardonnable de l’intelligence et de la capacité des peuples à appréhender les situations et maîtriser leur colère, en attendant le moment opportun. C’est bien dommage, que certains hommes politiques, ne puissent pas analyser correctement les situations et en tirer les leçons évidentes qui s’imposent, et qui pourraient leur être pourtant souvent fatales. Malheureusement, ils se comportent souvent, comme si ce qui est arrivé aux autres, ne peut jamais leur arriver. C’est cela évidement, la naïveté politique ubuesque !
En 2011, pendant la précampagne présidentielle, l’opposition globalement, BBY y compris, avait établi une liste comparative des prix de certains produits de grande consommation dont le carburant, de certaines denrées de première nécessité, comme support de propagande, des différents prix pratiqués dans la sous régions et au Sénégal. On y faisait remarquer et y dénonçait à cette époque-là, le fait que le prix du carburant était plus cher au Sénégal que dans la plupart des autres pays de notre sous région. S’agissant du carburant, ce qui ressortait de cette comparaison de la situation de l’époque, demeure encore malgré tout, inchangé. Voici un aperçu qui en atteste la preuve : dans la sous-région, le prix du litre du gasoil en Côte d’Ivoire est de 615 F Cfa, celui de l’essence est à 750 francs. Au Bénin, il faut débourser 615 francs pour le litre de gasoil et 580 F Cfa pour l’essence. Au Gabon, le prix du gasoil est à 470 F Cfa ; celui de l’essence 530 francs. Au Mali, on est à 675 F Cfa pour le prix du gasoil contre 772 pour l’essence. Alors qu’au Sénégal le gasoil est à 792 FCFA et l’essence à 889 FCFA. Notons que au passage pour le cas du Mali, qu’il est très enclavé d’abord et ensuite son produit, le pétrole transite par le Sénégal pour arriver chez eux. Mais malgré tout, le carburant y est moins cher encore que chez nous. Voilà une situation cocasse que le président de la République et ses alliés doivent nous expliquer avec des arguments de taille vraiment convaincants, comment cela est-il possible ? En tout état de cause, nous savons parfaitement tous, que le cours du baril de pétrole est actuellement à la baisse sur le plan mondial. Par ailleurs et logiquement, étant donné que le prix du carburant à la pompe est indexé chez nous au cours mondial du baril de pétrole, mais pourquoi alors, quand celui-ci baisse sur le plan international, le prix à la pompe chez nous ne devrait pas logiquement et automatiquement suivre par une baisse? C’est cette hypothèse-là, qui est économiquement et socialement plus juste et compréhensible par le commun des mortels.
Nous constatons tous avec amertume, que le gouvernement s’engage dans des voies quelques fois sinueuses et prend certaines mesures économiques impopulaires qui ne concernent qu’une infime minorité de la population, avec un impact social négatif sur les conditions réelles de vie des ménages. Alors que la baisse du prix du carburant, cela va sans dire, impacterait positivement sur les conditions de vie de l’ensemble des sénégalais, sans exception aucune. Et, dans le cas d’espèce, on n’à point besoin d’être économiste pour le comprendre, parce que, c’est l’évidence même. Cette baisse du prix du carburant, attendue depuis 30 mois, est devenue à présent une nécessité absolue de l’heure. Aucune mesure n’est plus urgente que celle-là aujourd’hui. C’est la voie du salut incontournable pour votre gouvernement, surtout avec ses répercussions bénéfiques qui en découleraient, pour atténuer la souffrance des Sénégalais, toutes tendances confondues. Cette baisse est bien possible aujourd’hui, grâce à cette opportunité de la baisse du prix du baril de pétrole au plan mondial. Elle peut être concrétisée aussitôt, si le Président de la République en fait une priorité, avec l’appui d’une volonté politique et sociale affirmée. Et également, s’il en fait un objectif pour répondre à une attente de promesse et soulager les plus démunis parmi les Sénégalais. Et concomitamment, il devrait en plus, être également possible de baisser le prix du gaz, qui est l’un de ses dérivés.
Monsieur le président de la République, il est capital que vous sachiez et ne perdiez jamais de vue en aucune façon, que vous avez été élu par les Sénégalaisavec l’espoir, que vous les conduisiez vers l’objectif du bien être, à défaut alors, tout le moins, le mieux être de la majorité d’entre eux. Au demeurant, il importe fortement et devient urgent, de réviser fondamentalement la conduite actuelle des affaires publiques de l’Etat en tous points de vue, en s’appuyant sur des institutions fortes, crédibles et pérennes. Pour y arriver, la condition sine qua none nécessaire et suffisante, passe par : une gestion sobre, efficiente, efficace, transparente, républicaine, dans l’ordre et la discipline ; une gestion faite de solidarité et de partage équitable des ressources nationales excluant toute discrimination partisane indécente en faveur d’une quelconque oligarchie ou groupe social, de réduction sensible des inégalités sociales entre les citoyens, etc. le tout, en conformité avec l’état de nos ressources économiques et financières réelles du moment. Une telle gestion effective, traduirait aux yeux de tous, que vous placez véritablement en priorité, la satisfaction des besoins incompressibles et préoccupations essentielles des populations, avant et au-dessus de tout.
Il est indiscutable que l’utilité et la portée sociale de la baisse du prix du carburant, en faveur des populations sénégalaises, leur profitent de loin plus, que certaines dépenses de prestige et improductives, que l’entretien d’un personnel politique parasitaire, inefficace et sans rendement utile concret pour la nation, qu’un train de vie de l’Etat dispendieux dont les Sénégalais témoins se plaignent toujours, etc. Une telle mesure inclusive de baisse du prix du carburant en faveur des populations, rapporterait politiquement et électoralement au président de la République, plus que son parti l’APR et ses alliés réunis car, c’est seul le peuple souverain qui donne le Pouvoir.
Nous ne cessons de le répéter en permanence, à savoir que l’objectif principal de toute politique nationale doit viser en priorité la satisfaction des préoccupations majeures des populations pour lesquelles celle-ci a été conçue. Faire le contraire de cette démarche, c’est faire fausse route et commettre une erreur politique grave de conséquence. Le cas du Burkina Faso de Blaise Compaoré est là pour en témoigner, comme une parfaite illustration de la conséquence logique d’une politique qui tourne le dos aux intérêts des populations. En règle générale, toute politique qui ne vise pas la satisfaction des besoins et préoccupations essentiels des populations est vouée à l’échec. Une telle politique, ne peut en aucune façon assurer à aucun pouvoir en placeson maintien, à plus forte raison son renouvellement, surtout, quand elle fait face à une colère populaire pour cause d’insatisfaction. Et, comme nous avons assisté en témoins ces temps derniers, il est démontré qu’en cas de besoin, le peuple est en mesure de balayer tout pouvoir en place insensible à leurs souffrances, en quelques heures seulement, nonobstant en plus, les graves conséquences négatives et imprévisibles au détriment du régime en place.
Par conséquent, puisque les élus, par essence doivent être au service des populations pour la satisfaction de leurs besoins essentiels, mais pourquoi bon Dieu, ces derniers intervertissent-ils les rôles, une fois bien installés au Pouvoir ? Et pourtant, il y a bien de gros risques à cela, l’ignorent-ils ? Cependant, ce ne sont pas les leçons qui foisonnent dans le monde qui leur manquent. Ainsi, si chacun joue son rôle et sa partition, les vaches seront bien gardées. Et comme le dit bien le proverbe : « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. »
Mandiaye Gaye
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