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Le Sénégalais Est-il Amnésique Ou A-t-il La Mémoire Courte?

Le Sénégalais Est-il Amnésique Ou A-t-il La Mémoire Courte?

On est en droit de nous demander si le peuple sénégalais n’est pas passé champion dans l’oubli de certains événements marquants de son histoire au point de saper son développement.

Ainsi, des drames comme le naufrage du bateau le Diola du 26 septembre 2002, l’explosion de l’usine de la SONACOS du 24 mars 1992, les événements tragiques du 23 juin 2011 suscités par le refus du peuple sénégalais de la supposée dévolution monarchique du pouvoir, les multiples accidents de la route, les effondrements d’édifices, les nombreux incendies avec leurs lots de victimes, sont certes vécus avec consternation et tristesse, mais ils n’ont aucunement provoqué le changement de comportement attendu.

Le problème est que tous ces faits déterminants, loin de pousser l’ « homo senegalensis » à l’introspection, à la prise de conscience de ses défauts ; le plongent dans un déni de la réalité somme toute grave pour son avenir. Nous sénégalais, sommes champions de l’indignation instantanée, du commentaire à chaud sur l’actualité brûlante, sur des catastrophes naturelles, politiques ou sociales majeures. Ce défaut de mémoire a ceci de fâcheux ou de pervers, c’est qu’il nous pousse à commettre les mêmes erreurs, à retomber dans les mêmes travers à l’image de l’indiscipline, le fameux « garawoul » ou le laxisme, l’insouciance, la naïveté, la complaisance, la compromission, la banalisation, bref la liste des « sénégalaiseries » est loin d’être exhaustive.

D’un point de vue politique, les mêmes « loups ou dinosaures »politiques qui ont fini de décimer notre patrimoine économique, de bafouer nos institutions et de salir la réputation de notre République, après avoir subi une courte période de purge ou de traversée du désert, retrouve une certaine pureté pour devenir « des agneaux» au point de s’ériger en victimes , en héros, où en sauveurs capables de gouverner notre pays.

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C’est comme si les hommes politiques misent beaucoup sur la magnanimité ou la naïveté légendaire du pays de la’’ Téranga ‘’ (l’hospitalité) où on use à outrances de formules telles le ‘’masla ‘’(diplomatie-hypocrisie), «  diéguelé « (pardon),du ‘’ dielelé’’(laisser-aller), pour manipuler la masse à coup de discours fatalistes, de promesses frivoles ou démagogiques, de supercheries, de combines, de transhumances, d’opportunismes, de victimisations habiles, pour accéder au pouvoir et pour installer le peuple dans une résignation morbide facteur d’immobilisme .

D’un point économique, les plans, les programmes, les projets mis en œuvre par les différents régimes qui se sont succédé malgré leurs échecs patents, sont reconduits avec des appellations pompeuses ou une terminologie nouvelle, sans aucune évaluation sérieuse de leur efficacité ou de leur inefficacité.

Même le marasme dans lequel est plongé le sport sénégalais, est en partie lié à ce défaut de mémoire de notre peuple. Les campagnes sportives couteuses se suivent et se ressemblent avec leurs lots de désillusions, de déceptions, mais chaque fois on note des critiques improvisées ou passionnées des performances médiocres de nos athlètes qui sont très vite rangées aux oubliettes.

Les prêches, les sermons de nos hommes religieux à travers les média, pendant les périodes saintes ou lors des nombreuses cérémonies religieuses, sont accueillis avec enthousiasme, pour une courte durée par les compatriotes, mais rapidement ils s’effacent de la conscience collective comme par enchantement.

Je ne suis pas contre la repentance, le pardon, qui sont des valeurs morales et religieuses, mais encore faudrait-il méditer sur nos erreurs, revoir nos mauvais comportements, faire une profonde introspection sur nos lacunes, solder les comptes des avatars du passé, évaluer les limites de nos politiques, remettre en cause notre suffisante ou notre chauvinisme (sénégalo centrisme) afin de ne pas plonger dans les mêmes travers qui compromettent sérieusement notre développement.

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En réalité, l’essor, le progrès et la maturité d’une nation ne se réalisent pleinement que quand celle-ci consent à rectifier ses erreurs, à capitaliser et à pérenniser ses expériences heureuses .Espérons vivement que le Sénégal s’engage enfin vigoureuse dans cette voie de l’auto-évaluation ou d’une franche introspection que le psychiatre Serigne Mor M’baye qualifie de ‘’ndeup national’’ pour ne pas manquer le train d’une croissance intégrale.

 

Ciré Aw

Ciré AW

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