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Terrifiés, Des Sénégalais Ont Brûlé Le Drapeau Français

Terrifiés, Des Sénégalais Ont Brûlé Le Drapeau Français

En feu et en flamme, le drapeau tricolore a fait les frais de l’indignation des sénégalais peinés de la représentation mesquine du prophète de l’islam. Un enfant noir, lointain africain, aspirant sénégalais, né sous le ciel gris de l’exil des pères, a surpris d’une interrogation sur le sens d’un tel geste manifestement disproportionné. Heu ! Il s’agit, sous l’impulsion des brûlants mollahs tropicaux, de désaccords contre des publications blasphématoires qui s’expriment confusément. Refus de modernité ou combat d’une nouvelle génération, éprise de rigidités et du désir de plénitude ?

Il n’est plus question de classes et d’impérialisme, l’acception binaire entre conservateurs et progressistes est de mise. À l’enfant déconcerté et enthousiaste, nous répondons que les suggestions et ordres des fidèles et des cheikhs ont eu raison des envolées intellectualistes. Les sénégalais ont rompu avec le système des débats d’exposition et de persuasion. À présent, ils s’en prennent symboliquement à la France, encombrante de libertés, de logique ensorcelante et, pourtant, socialement abusive.

Caricature pour caricature ! À l’épreuve de l’assimilation française, nous nous sommes servis de l’islam comme moyen de résistance. Et par la suite, reconnaissants de la force de caractère engrangée, nous nous identifions davantage à ses préceptes non sans fausse note, mais apaisés un tant soit peu. Voilà que maintenant, nous mimons le monde arabe jusque dans sa ferveur, reproduisant les manies, les colères et les hostilités.

Trop compliquée cette affaire de conquis dévoué et craintif, répond l’enfant noir, prochain paumé, abonné au confort du client-roi, citoyen-faiseur de roi. Aussi loin que renvoient les souvenirs des jeunesses fougueuses, aussi proche que fixent les connections de gaillard fragilisé des références amoncelées, nous nous démenons sans cesse, atteints, hantés puis révoltés. Qui sommes nous, pour qui roulons-nous ? Nous nous découvrons aliénés, accrocs pyromanes quand l’occident secoue la cage barricadée où les tensions s’éteignent temporairement dans le conformisme aux crédos des berbères.

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Des sénégalais brûlent le drapeau français parce qu’ils prennent peur, s’affolent et calquent, tout délirants, la démesure des talibans si sectaires et si dédaigneux. Ils se  surprennent dépouillés, à peu près atteints depuis le bunker tabou des révélations, mélodies berceuses et couvertures d’apparat. Les sermonneurs, artisans ambitieux de l’univers, ont eu raison de la légèreté sénégalaise, conviviale et indulgente depuis longtemps. Dorénavant, le fondamentalisme devient appui ordinaire et certifié des attentes et des faveurs populaires. Encore mieux, l’arabité se faufile entre les mailles pour infliger par association une répulsion à toute différence, surtout à l’intelligence.

À l’enfant qui fouille le sens alambiqué du drapeau tricolore en flamme, nous lui opposons une circonstance atténuante, notre éparpillement dans l’anarchie des références cosmopolites. La France répond, par la force des affinités, du déséquilibre ponctuel d’aspirant arabe de bonne foi, raideur du chasseur aux abois sur la rivière des dieux. Il n’est pas seulement question d’outrage au prophète de l’islam, le drapeau français symbolise une annexion beaucoup trop prévisible contrairement à l’enseignement oriental supposément égalitariste et fraternel.

Ils ont brûlé le drapeau français sans connaissance de cause. Ils répercutent tout déroutés l’instrumentalisation de l’islam par un temporel arabisant de fortune et d’influence. Rien à faire du choc des civilisations pillardes, la guerre des religions ne nous mobilise que pour nous confisquer l’essentiel, notre fraternité au grand jour. Faute de retrouver Sénégal d’enfance, ricaneur et flegme des sornettes déshumanisantes, il y a lieu de garder une distance raisonnable et équidistante entre les promoteurs d’homogénéité.

 

Birame Waltako Ndiaye

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Waltacko@gmail.com

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