La rationalisation du système partisan s’impose avec l’existence de plus de 230 partis politiques légalement constitués au Sénégal. En effet, la pléthore de partis politiques, loin d’être l’expression d’une vitalité démocratique, apparaît comme un nimbus qui risque d’assombrir l’espace de dialogue de la citée. Le constat s’étend au-delà de nos frontières et suit la même logique dans des contextes différents.
La vraie démocratie à ses exigences qui imposent un cadre d’action où l’implication de tous serait une utopie si la parole lumière, intelligente, n’était pas le seul critère d’admission. Cette prolifération inquiétante de partis politiques gangrène les fondamentaux de la démocratie parce qu’occultant le profil de tous ceux qui, dans cette amphithéâtre de plus en plus incontrôlée, pensent pouvoir opiner pour le devenir des peuples.
Face à cette désorientation de l’action de la vraie politique, il devient une obligation pour tout démocrate de s’impliquer dans la réflexion pour repenser les critères d’existence des partis politiques.
Sous ce rapport, la Commission nationale de Réforme des Institutions (CNRI), instituée par Monsieur le Président de la République, a recommandé la réduction considérable des partis politiques sans nuire à la liberté d’association et au libre choix des citoyens.
Le multipartisme est un des fondamentaux de la vraie démocratie mais, mal défini, il enjambe les limites de l’organisation et de la méthode pour s’engouffrer dans une anarchie consensuelle, destructrice des valeurs de la logique humaine.
Dans l’espace public de contribution, chacun à une place qui correspond à un profil qui devrait le confiner dans une aire de compétence. Certes, les idéologies déterminent les familles politiques mais, les frustrations au sein de ces lignages sont les vecteurs de la pléthore de partis qui désagrège la sphère conviviale de la démocratie.
De plus, l’expression « coalition de partis » est un concept du nouveau lexique politique dont la suppression du processus électoral serait un pas très important de franchi dans la quête de solution pour la rationalisation des partis politiques.
Pour certains, le récépissé est un sésame qui permet, au sein d’une coalition où n’existe aucune gestion du poids électoral, de revendiquer, après chaque victoire électorale, une prime de participation, une exigence synonyme de chantage.
L’Etat, au-dessus de ces cercles partisans, ne devrait plus, avec les deniers publics, prendre en charge les partis politiques sans aucune représentativité et dont l’existence pollue la réflexion des vrais représentants du peuple mandant. Dès lors, l’encadrement juridique régissant la création, l’organisation et le fonctionnement des partis politiques, devra faire l’objet de modification.
La solution, à notre avis, passera forcément par l’organisation d’élections de Représentativité en exigeant un seuil minimum pour chaque formation politique, par exemple 1% de l’électorat. Aussi, elle exige à tout citoyen qui voudrait créer un parti politique, comme « Preuve de Représentativité », un nombre d’électeurs au moins égal à 1% des électeurs.
Cela marquera le regroupement organique de plusieurs familles politiques sur la base des affinités idéologiques autour d’une dizaine de grandes formations. Egalement, il annoncera la fin du clientélisme et facilitera le financement des partis.
Il revient à l’Etat, en tant que garant de la paix et de la stabilité, régulateur de la vitalité de la démocratie, de veiller à l’équilibre des charges dans la conquête démocratique du pouvoir. Toutefois, cette réforme, comme toute autre préconisée sur le système électoral, devra être envisagée dans le cadre de larges concertations avec les acteurs.
Ndiaga SYLLA, Expert électoral
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