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Macky Sall Et La Règle Des «2 R» : Rationaliser Pour Réinvestir

Le lundi 2 septembre dernier, le président de la République a fait suspendre toutes les lignes téléphoniques des mobiles à la charge de l’Etat. Ce qui fera une économie de près de 30 milliards pour notre pays. Mesure ne pouvait être plus salutaire.

Nous tous savons que quand vous êtes dans l’Administration et que vous êtes détenteur d’une ligne téléphonique plus personne ne vous appelle pour soutenir une conversation. Le Sénégalais aura tendance à vous lancer un «woo ma» dès que vous décrochez, à défaut de pouvoir vous envoyer un «rappelle-moi».

C’est l’Etat qui paie !

Ces habitudes avaient même poussé certains à faire de leur téléphone un appareil avec lequel toute la maisonnée pouvait appeler. «Prête-moi ton téléphone» «ligne nga yor kay»…Qui parmi les détenteurs ne l’a jamais entendu ?

Nous avons un très mauvais rapport avec la chose publique, le bien de l’Etat. On oublie très souvent que «l’Etat c’est Moi, c’est Toi, c’est Nous».

En fait, les biens de l’Etat sont les nôtres mais des fois on se comporte de la manière la plus vile pour les détruire à notre détriment. Nous installons ainsi notre jeune pays dans un éternel recommencement : nous faisons, nous détruisons et nous recommençons.

Il suffit d’aller dans les sphères ministérielles de Diamniadio pour en avoir le cœur net. Un vrai bijou est en train d’être détruit par les usagers : on y laisse couler des robinets à longueur de journées, les ascenseurs sont utilisées comme «monte-charge»…

Que dire des bus Dakar Dem Dikk que l’on caillasse à l’occasion de mouvements d’humeur ? Quid des étudiants dont toutes les chambres sont équipées de réchauds électriques, alors qu’ils n’en utilisent pas chez eux ?

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Vivement le retour à une vraie éducation à la citoyenneté !

Aujourd’hui que les lignes sont résiliées, le crédit téléphonique sera payé par l’utilisateur de sa propre poche. C’est sûr qu’ils seront plus regardants dans la consommation. Nous en sommes bien certains.

Par cette mesure l’Etat éco­nomisera plusieurs milliards qui pourront être réinjectés dans d’autres projets.

Déjà lors du lancement du Programme d’appui à la modernisation de l’administration (Pama), le 5 août dernier, le président de la République nous informait qu’entre «2012 et 2019, l’Etat a dépensé plus de 307 milliards de F Cfa rien que pour l’achat des véhicules et un peu près de 17 milliards de F Cfa pour la facture de téléphone des agents». C’est exorbitant !

Nous avons besoin de cet argent pour vivre mieux avec le financement des projets de l’Etat comme «zéro bidonville», «zéro déchet» …

Il faut que nous sachions un tantinet ce que nous voulons. Si l’Etat s’endette, on crie au scandale ; s’il rationnalise, on éructe des inepties. Avons-nous besoin d’économiser oui ou non ? A cette question, la majorité des Sénégalais aurait répondu Oui sans sourcilier.

Déjà la chimiothérapie sera gratuite pour les femmes atteintes du cancer du col de l’utérus ou du sein au Sénégal, les deux cancers les plus fréquents chez les femmes dans notre pays. Cette gratuité permettra de prendre en charge près de 2/3 des malades en chimiothérapie et elle prendra effet le 1er octobre 2019.

Cette mesure ne sera possible que si l’Etat trouve des fonds pour supporter les charges. Nous sommes nombreux à penser que quand on parle de «gratuité», il n’y a plus rien à payer. La gratuité est pour le citoyen, mais l’Etat doit supporter les charges. Si ce n’était pas le cas, qui va acheter les intrants ? Qui paiera les prestations ?

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L’Etat doit toujours trouver une bonne assise financière afin de supporter toute gratuité. C’est pourquoi il a inscrit dans le budget 2019 un milliard de francs Cfa (environ 2 millions U$) pour la prise en charge des malades du cancer.

Que dire de la baisse de 60% du coût du traitement des autres cancers, toujours à partir du 1er octobre prochain ?

Ce sont des mesures que nous devons tous saluer à leur juste valeur tout en continuant à encourager l’Etat dans sa dynamique de rationalisation des dépenses pour un réinvestissement dans des projets visant l’amélioration de nos conditions de vie.

Rationaliser pour réinvestir, une voie bien salutaire.

Souleymane LY

Spécialiste en communication

julesly10@yahoo.fr

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