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Sénégal : Le Pays Où La Polémique L’emporte Sur Le Travail!

S’il y a un pays où la palabre, la discussion et la polémique sont devenues des activités favorites, c’est bien le Sénégal. Certes, le débat équilibré est une des signes de vitalité d’une société démocratique, mais quand il perdure, il devient nuisible ou un obstacle au travail et au développement , car comme le disait à juste titre l’imam Ali(gendre du prophète Mohamed-PSL) :

« La parole est un remède. Le peu de parole peut sauver, le trop de parole peut nuire.’’ .

Or, on remarque qu’au pays de’’ la polémique incessante’’ pour nommer le Sénégal, le travail semble reléguer au second plan au profit de discussions stériles (politiciennes, sportives, religieuses…).

L’opinion la plus dangereusement répandue est celle qui consiste à croire qu’on peut avoir une ascension sociale et vivre aisément sans se livrer à un dur labeur. Cette culture de la paresse mène certains concitoyens à soutenir que pour parvenir à une réussite sociale ou au fameux « Teeki », un mot wolof qu’on peut traduire littéralement par « dénouer les problèmes », il faut juste vivre dans le mensonge et la trahison. Dans l’entendement de bon nombre de nos compatriotes ‘’partisans de la facilité’’, acquérir de l’argent facile et en quantité suffisante, nécessite des combines malveillantes et des combinaisons criminelles, des supercheries et des tricheries, des astuces ingénieuses et des stratagèmes perverses dignes d’un Arsène Lupin, ce fameux héros du cinéma français rendu célèbre pour ses vols spectaculaires; rien que pour acquérir de l’argent par tous les moyens afin s’ouvrir grandement les portes de la richesse les plus hermétiquement fermées.

Le culte de la paresse est tel qu’on a fini par trouver des formules justificatrices de ce vice banalisé(la facilité) sonnant mal à l’oreille d’un homme vertueux, à l’image de : « xaliss dougnouko ligguey dagnou kooy lidieunti », qu’on peut traduire par : pour être riche, on a nul besoin de travailler à la sueur de son front, il suffit juste de faire preuve de ruses ou d’ingéniosités perverses. C’est fort de cette idée que beaucoup de sénégalais ont fini par embrasser une carrière politique sans compétence aucune sinon celles d’avoir la langue mielleuse et la trahison en bandoulière afin de profiter des privilèges du pouvoir, et que d’autres se lancent dans le lucratif ‘’métier’’ de la voyance ou de la charlatanerie afin d’arnaquer les naïves populations rongées par la misère et la cupidité. Le pire, c’est qu’il ne se passe pas un jour sans que la presse ne relate, dans sa rubrique des faits divers , des scandales financiers éclaboussant des administrateurs ou des hauts fonctionnaires de l’État attirés par l’opulence et le luxe; et des actes d’escroqueries de charlatans ou de voyous patentés multirécidivistes, de détournements de déniés publics ou d’argents publics par des autorités politiques véreuses, de faux et d’usage de faux de partisans du moindre effort, de vols à la tire ou de braquages de stations-services , de pharmacies, de commerces ou de banques par des bandits de grands chemins, d’usurpation de fausses identités ou de fonctions d’énergumènes malhonnêtes, de dealers et receleurs infestes; rien que pour s’enrichir ou gagner de l’argent « facilement »,je dirai « honteusement » sur le dos des citoyens honnêtes.

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L’enrichissement illicite est devenu un tel fléau que les autorités, dans un dernier baroud d’honneur, tentent de l’endiguer par une opération coup de poing dénommée « la traque des biens mal acquis » dont les initiateurs sont loin d’avoir les mains propres. Que dire de la paresse notoire dont font montre nos concitoyens(laudateurs, troubadours ,charlatans, flatteurs, buveurs de thé invétérés , opportunistes et rhéteurs politiciens…) lesquels sont, à l’image de ces chats oisifs dont parlait le poète Flavian Ranero , « friands de poissons mais qui détestent la nage »;pour dire qu’ ils veulent vivre, bien vivre et quelque fois au-dessus de leurs moyens(porter des habits à la mode ou faire du « sangnsé », se payer le téléphone portable, la tablette numérique, l’ordinateur portable dernier cri, conduire des voitures de luxes, habiter dans des maisons de rêve…), mais ils ne veulent pas fournir l’effort nécessaire pour parvenir à leur fin de façon licite .

Nous sénégalais, privilégions le paraître au détriment de l’être, l’apparence au détriment de l’essentiel, la polémique stérile au détriment de l’efficacité laborieuse. Certains sont tellement oisifs ou dépendants qu’ils préfèrent , tels des parasites ,vivre au « crochets » des honnêtes gens quitte à justifier leur comportement dégradant par l’attente d’un emploi hypothétique que devrait leur octroyer un gouvernement perçu comme providentiel .Aussi brandissent-ils des prétextes fallacieux ,des raisons dérisoires pour continuer à vivre de la sueur de leurs semblables .D’autres partisans du moindre effort , préfèrent se tourner le pouce par orgueil ,dans l’espoir de trouver un boulot qui collerait à leurs ‘’diplômes ‘’ou qui serait en conformité avec leur’’ rang social’’. Tout cela, c’est pour préserver leur prétendue « dignité » laquelle les empêcherait de s’adonner à des métiers qu’ils jugent peu valorisants.

Le problème , c’est ceux qui décident de gagner dignement leur vie, ploient sous le poids d’une masse oisive et de charges sociales devenues insupportables lesquelles les empêchent de vivre décemment des fruits de leur travail.

La manifestation la plus symptomatique de cette paresse populaire, c’est la propension à festoyer à longueur d’année, à aller se pavaner dans les moindres manifestations, à squatter les soirées mondaines ou à papoter inutilement sur des sujets futiles à longueur d’année. Toutes les occasions sont bonnes pour prendre des congés excessifs certes légaux, car inscrits dans le calendrier républicain, ou prolongés pour des raisons familiales, religieuses ou culturelles;mais ces fêtes abusives sont dans tous les cas nuisibles pour la productivité de notre pays.

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Pourtant, l’entrepreneuriat, le travail autonome ou privé sont des alternatives au chômage et sont aussi, ou parfois plus crédibles que l’emploi salarié fourni par la fonction publique .Dans certains cas même, être fonctionnaire peut constituer un frein à l’éclosion de nos talents ou de nos capacités d’initiateurs de projets et de création d’entreprise, en ce que cet état nous plonge dans une suffisante léthargique ou un embourgeoisement improductif.

En réalité, lorsqu’on est un fonctionnaire peu ambitieux et peu consciencieux, le plus souvent, on a tendance à dormir sur ses lauriers, à se complaire dans une relative sécurité sociale ou salariale ou à se contenter d’ avantages corporatistes alléchants et souvent excessifs dans un pays pauvres comme le nôtre(indemnités, fonds communs, per diem, frais de missions) lesquels nous plongent dans une routine lassante improductive pour la société. C’est certainement en faisant écho à cette idée que Georges Bernard Shaw disait :

« l’esclave humain a atteint son paroxysme sous forme de travail librement salarié ».

Mon propos n’est pas de dénigrer la fonction publique, loin sans faux, car à vrai dire elle joue un rôle capital dans le développement d’un pays, mais encore faudrait-il que les acteurs qui l’animent soient imbus d’une conscience patriotique et d’une efficacité sans faille au travail capable de produire de l’innovation ou de fournir une valeur ajoutée lesquelles sont essentielles à la prospérité d’une nation.

En vérité, il faut qu’on se remette au travail, qu’on arrête de gaspiller notre temps si précieux sur des débats impertinents. Il est aussi plus que nécessaire de faire comprendre aux citoyens, en général, et aux jeunes, en particulier, que le travail est la voie royale qui mène au bonheur et que ni les combines vicieuses, ni la paresse ne peuvent nous rendre notre dignité. On devra aussi enseigner au peuple en général , et aux jeunes en particulier, qu’on ne pas tous être des fonctionnaires ou être embauchés par l’État aux ressources limitées ou par des entreprises privées léthargiques. Grâce à une volonté sans faille, un effort soutenu, un esprit de créativité, on peut réussir et parvenir à vivre dignement avec la conscience apaisée .

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Comme le soutenait Sénèque:‘’ Le travail est l’aliment des âmes nobles’’, il est donc important de faire comprendre à la nouvelle génération que le travail est sacré, il est même un moyen d’adoration de Dieu au point que dans l’Islam il est recommandé de travailler comme s’il ne faut jamais mourir et de prier comme s’il faut mourir aujourd’hui. Le travail non seulement nous permet de nous réaliser ici-bas, mais il nous procure nos précieuses provisions dans l’au-delà.

Peu importe le travail qu’on fait , « Il n’y a pas de sots métiers » disait l’adage’’, l’essentiel, c’est de s’activer, de s’acquitter bien de sa tâche pour être utile à soi-même et à la communauté toute entière. Le Prophète Mohamed lui-même (PSL), en tant que modèle de l’humanité ,était un caravanier endurant qui traversait le désert avec abnégation pour gagner sa vie dignement sans réclamer de ‘’adiya’’  ou don religieux , mieux il était au service de sa brave ,courageuse et commerçante épouse Khadidja .Quel symbole de courage pour nous croyants fatalistes qui avons tendan ce à légitimer notre pratique de  quémandeurs ou de mendiants par la religion ou invoquer la bonté de Dieu avec le fameux « Yalla bakhna » pour croiser les bras ! Paradoxalement un adage incitateur à l’effort et à connotation religieuse stipule: »Yalla!Yalla !baay sa toole » .C’est dire que l’effort est le préalable à toute assistance divine. Il est donc temps d’arrêter les controverses futiles et de se mettre au travail, car aucun pays au monde ne s’est développé dans une polémique permanente, dans une oisiveté institutionnalisée. Alors « Travaillons sans raisonner…c’est le seul moyen de rendre la vie supportable’’ pour reprendre les propos de Voltaire, car le travail, plus que la palabre, est la voie du salut. N’attendons plus pour nous retrousser les manches ou pour redoubler d’ardeur au travail pour le plus grand bien de notre pays et surtout pour rejoindre les nations émergentes et éviter de vivre sous perfusion étrangère ; sinon le PSE ( le plan Sénégal émergent )ne sera qu’un slogan stérile de plus ou éléphant blanc source d’illusions .

 

Ciré Aw

Ciré AW

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