L’exception sénégalaise que nous avons chantée sur tous les toits est entrain de souffrir de ce que l’on peut appeler les bizarreries ou les paradoxes sénégalais. Notre pays qui a vu naître d’illustres personnalités dans tous les domaines et à qui la nature et même les partenaires au développement ont généreusement gâté et choyé est entrain de se distinguer de façon assez curieuse voir inquiétante.
Voilà un pays qui a tout pour réussir et qui fait tout pour échouer. Le sénégalais, j’allais dire spécifiquement l’intellectuel et le politique qui devaient être une importante partie de la solution sont malheureusement entrain de devenir le plus gros goulot d’étranglement, pour parler comme l’autre.
Chacun parle pour soi et personne ne dit rien véritablement pour le pays. Cette folle course vers l’argent, le matériel et la facilité est entrain de nous perdre. En outre il y’a beaucoup de mensonge, d’hypocrisie, de mesquinerie, de complot, de règlement de compte et de trahison pour un peuple qui, pourtant, se dit héritier de nombreuses figures emblématiques imbues de valeurs culturelles et religieuses.
Tout le monde est conscient que sans formation soutenue, il n’y a point d’émergence, de développement. Or, depuis déjà de longues années, on observe cette tendance qui tire la médiocrité vers le haut. Non seulement nos programmes scolaires et universitaires ne sont pas adaptés aux besoins de développement mais ils sont entrain de fondre dans la grande et totale irresponsabilité collective qui est entrain de s’abattre sur ce que nous avons de plus précieux, de plus valeureux : nos enfants.
Quand on critique un homme politique, immédiatement après, une horde de défenseurs, charrie des communiqués incendiaires contre les auteurs. Quand on s’attaque à l’âme et au cœur du pays, tout le monde baisse la tête.
Dans ce pays l’excellence est entrain de sombrer. Le niveau des élèves, pépinières de la classe dirigeante de demain, baisse de jour en jour et d’année en année. Apparemment rien n’est prévu pour donner à cette génération naissante ce dont ils ont besoin pour devenir des citoyens modèles qui pousseront le développement du pays un peu plus loin. Dans la conscience collective, il n’est plus normal de traverser une année sans faire une tumultueuse grève. Si ce n’est pas les enseignants, ce sont les élèves.
Cette situation est entrain de plomber les ailes du développement de notre beau pays. Certains disent, en riant, c’est-à-dire en ne réalisant pas la gravité de la situation que la course naguère orientée vers la licence, la maitrise et le doctorat a laissé la place à celle beaucoup plus folle orientée vers la lutte, la musique et la danse. C’est le fameux système LMD.
Par ailleurs, un vieux nous disait avec beaucoup de regret, qu’avant, il y’avait très peu d’instruction mais beaucoup d’éducation alors que de nos jours, il y’a beaucoup d’instruction mais très peu d’éducation. « Le rêve d’une ascension sociale fulgurante pousse les parents à donner à leur enfants plus d’instruction que d’éducation » s’écriait Mariama Ba dans une si longue lettre, dans les 80, déjà.
Aujourd’hui, on raconte que l’Etat est entrain de payer des gens à ne rien faire en l’occurrence les épouses des ambassadeurs. Si cette information est vraie, rien n’indique qu’elles ont plus de mérite que les autres sénégalaises d’autant plus que leurs époux sont déjà grassement payés.
Les enseignants sont entrain d’exiger ici et maintenant des indemnités de logement de 100 000 frs au prix déjà, de plusieurs jours et heures de cours difficilement récupérables. Je ne suis pas sur qu’ils ont plus de mérite que les maîtres coraniques qui ont subi une formation dans des conditions très durs et qui sont entrain de former d’autres jeunes sénégalais privés de leurs droits les plus élémentaires. Ainsi, ils sont entrain d’étouffer dans l’œuf, le savoir, pilier du développement. Et personne ne dit rien. Quel gâchis ! ils ont signé un accord qui sauvera, in extremis, cette année pour mieux perturber la suivante.
Le Sénégal est le seul pays au monde où l’on compte plus de 200 partis politiques et plus de 2000 listes aux élections locales. Les Etats unis en comptent seulement 2 pour une cinquantaine d’Etats. Au lieu d’aller travailler, tout le monde se rue vers la politique pour accéder aux ressources publiques qu’on pille sans scrupule, ni crainte, ni aucun risque. On parle tout haut de l’intérêt général tout en réfléchissant sur les stratégies à adopter pour s’en emparer. Les alliances politiques se font et se défont en fonction des intérêts particuliers des uns et des autres, au détriment de ceux du pays. Et voilà qu’encore des intellectuels sénégalais pour sauvegarder leurs intérêts matériels et financiers nous demandent de promouvoir le lesbianisme et l’homosexualité. Et tout ça personne ne dit rien.
Falilou Cissé
Conseiller en Développement communautaire
Tel 77 689 79 44