Les titres de la presse, les faits vécus au quotidien sont symptomatiques du climat d’insécurité qui a fini de s’installer et de devenir l’ordinaire dans nos quartiers. En effet, une psychose s’est emparée des populations relativement aux cas d’agressions physiques, de vols avec usage d’armes blanches ou à feux devenus banals et répétitifs. La plupart des citoyens ne peuvent plus se déplacer convenablement pour aller exercer une activité, effectuer une course ou bien porter leurs plus beaux habits et bijoux, sans craindre d’être agressés violemment ou même de passer de vie à trépas. Que se passe-t-il ? Pourquoi risque-t-on autant dans sa maison, sa rue, son quartier, sa ville ?
Certes, la crise économique et son corollaire tel que l’inactivité d’une bonne frange de la population, notamment jeune se déteignent négativement sur le social en déréglant et appauvrissant les familles. Toutefois, sommes-nous le seul Etat à être frappé de plein fouet par la crise ? Cette situation doit-elle nous priver de notre droit le plus absolu à une liberté d’aller et de venir en toute sécurité à n’importe quel moment et endroit?
La sécurité est une fonction régalienne, c’est-à-dire que c’est l’Etat, à travers ses services compétents (la Police et la Gendarmerie), qui est chargé de l’assurer correctement, en tout temps et lieu pour les citoyens. Effectivement, les services de sécurité mènent leurs missions mais au regard de l’ampleur du phénomène, de la recrudescence des cas de banditisme et de leur nature de plus en plus meurtrière, il est nécessaire que leurs capacités opérationnelles soient démultipliées et que l’approche sécuritaire soit calibrée au niveau de l’insécurité ambiante.
Souvent, il est malheureusement constaté que l’argument du manque de moyens humains et logistiques est évoqué pour justifier l’absence, la faiblesse ou le retard des interventions des forces de sécurité. Cependant, autant le dispositif sécuritaire présente des limites, autant les actes délictuels, criminels s’amplifient et terrifient davantage les populations très vulnérables face à la furie des brigands.
C’est pourquoi, en admettant et plaidant que les moyens d’intervention des services sécuritaires connaissent une nette amélioration, il urge avec l’existant de parer de manière efficiente à la vague d’insécurité. Même si, cette transformation positive attendue rentre dans les prérogatives des spécialistes en la matière, cela ne nous enlève aucunement nos capacités et obligations de faire des suggestions pour dépasser cette situation de peur quasi permanente des citoyens sur leur intégrité physique et la sauvegarde de leurs biens. A cet effet, cette série de mesures et d’initiatives semblent être nécessaires à prendre :
1. Mettre l’accent sur la dissuasion qui passe par une présence permanente et remarquée des hommes de sécurité. Bien évidemment, il est admis qu’il n’est pas réalisable le fait de « mettre un policier derrière chaque habitant » mais il est possible, comme on le constate lors du déplacement du Chef de l’Etat ou de la tenue de certains évènements, de rendre omniprésent sur le terrain et à toute heure la Police et la Gendarmerie. De cette manière seule, la police de proximité sera effective à l’instar de ce qui est de rigueur dans beaucoup de pays où la Police est toujours visible et cela ne rimera point à un état de siège ou d’urgence.
2. Réglementer de manière rigoureuse la circulation des « scooters » et des charrettes. En effet, un nombre important d’actes d’agressions ou de vols à l’arraché est commis avec l’usage de ces moyens de locomotion qui sont conduits quasiment sans la détention d’aucune pièce d’identification. Il s’agira d’être intransigeant sur le respect de la réglementation qui organise la circulation des « scooters » mais également organiser l’activité de charretier en recensant les voitures hippomobiles, en les immatriculant, en fixant l’âge du cocher, en exigeant une carte de cocher et en définissant les axes de circulation des charrettes. Toute cette organisation devra se faire, en rapport étroit avec les communes.
3. Etendre le réseau d’éclairage public dans les quartiers, au-delà des axes routiers, en encourageant la multiplication des lampadaires solaires. Pour le développement de ce réseau solaire adapté à notre environnement, l’Etat devrait appuyer conséquemment les collectivités locales ou spécialiser une de ses structures.
4. Mettre davantage à contribution les populations à travers leurs organisations communautaires de base (associations de quartier, ASC, GIE, conseils de quartier, etc.) pour une bonne identification des lieux de délinquance, de trafic de drogue. En somme, pour mieux assurer l’alerte, la veille, la prévention et la sensibilisation et servir de relais efficaces.
5. Créer un corps de vigie municipale constitué d’anciens militaires, chargé de surveiller les lampadaires publics, de renforcer les corps de sécurité d’Etat, d’assister les quartiers dans leur sécurisation, de réglementer la circulation des charrettes, etc.
Parallèlement à ces actions urgentes à entreprendre, il demeure certain que l’insécurité se combat véritablement par une réhabilitation des valeurs cardinales via l’enseignement et le noyau familial, une formation et encadrement appropriés ainsi qu’une offre d’activités génératrices de revenus large et variée à la jeunesse.
En définitive, il est constant et apparent aujourd’hui que le citoyen est stressé, habité constamment par la peur d’être victime d’agressions diurne ou nocturne ou bien d’être dépossédé de ses biens sous la menace d’une arme si bien que la côte d’alerte est atteinte et qu’il est urgent de changer de stratégies et d’agir vite, efficacement pour éviter les vindictes populaires, l’auto-défense, sources de toutes les dérives.
Mamadou DIENG
VISION GUEDIAWAYE
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