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La Politique Société Civile Sénégalaise

La société civile sénégalaise doit se démarquer de l’action politique non pas pour s’en éloigner, mais pour exercer principalement son rôle de meneuse de l’action sociale non-étatique. L’étroitesse de son champ d’action dans le domaine du pouvoir politique entraine la conversion fréquente de ses membres en hommes politiques. Ce n’est pas tant le passage au pouvoir public qui dérange que le flou entretenu par les acteurs. En se réclamant de la société civile tout en affairant en politique, ils décrédibilisent à la longue les visées de vigie et de veille.

La confusion est totale, et pour cause! « Le pouvoir repose partiellement sur une machinerie de l’illusion dont la société civile serait l’une des dernières créations », a dit Myriam Catusse. En principe, la société civile est porteuse d’une distance à l’endroit des décideurs politiques dans un contexte d’État de droit. Cela implique une nette différence à faire entre la défense d’intérêts, de valeurs et la fonction d’intermédiaire entre le peuple et l’État.

Au Sénégal, la société civile a confisqué le rôle d’animation de la vie politique et a fini par se perdre dans la banalité du « pour ou contre ». Les partis politiques ont délaissé le champ de la formation populaire et de la formulation des convictions pour s’être réduits en caisse de résonnance d’intérêts particuliers et ponctuels. Plus question de principe, pas plus d’engagement à servir, c’est compte tenu de la légèreté du discours politique que le putsch s’est opéré. « La nature a horreur du vide. » Devenues de simples outils de promotion sociale, les formations politiques portent à elles seules la responsabilité de ce désordre.

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Pour remplir son rôle sans confusion ni soupçon de parti pris, la société civile doit circonscrire ses actions dans les limites d’évaluation et de critique de la gouvernance sectorielle. C’est ainsi qu’elle peut transcender l’éphémère jeu politique et éviter toute confusion dommageable à sa posture de sentinelle. L’efficacité de ses démarches d’influence dépend en grande partie de son profil de partenaire au développement ou, tout au plus, de groupe de revendication.

Revenu à la mode dans à partir des années 80, le concept avait déjà signifié l‘État, désigné la société marchande puis la société bourgeoise avant de déboucher sur la constitution du mythe actuel, signification accidentelle. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale s’approprient le concept de société civile mondiale au même titre que les mouvements sociaux qui les combattent. Le Sénégal n’échappe pas à ce méli-mélo; c’est ce qui fait dire à Malick Youm : être de la société dite civile, c’est en grande partie faire de la politique en « free style » tout en lorgnant le pouvoir et ses privilèges.

 

Birame Waltako Ndiaye

waltacko@gmail.com

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