Le statut d’étudiant libère-t-il de tout devoir auquel est assujetti le commun des citoyens ? Le concept de devoir serait-il un vain mot pour « les futurs dirigeants » de notre pays ? La question garde tout son pesant d’or eu égard à ce malencontreux incident qui a émaillé la visite du chef de l’Etat au sein du campus universitaire et qui est loin d’honorer la communauté estudiantine.
Des huées, des jets de pierres au président de tous les Sénégalais, de la part d’étudiants, font froid au dos et inquiètent, au plus haut point, les esprits avertis. Quand des actes de vandalisme d’une telle gravité sont perpétrés par ceux-là qui se réclament les « élites » de notre pays, il y a de quoi avoir peur pour l’avenir de notre cher Sénégal.
Encore faudrait-il le rappeler, aucune dissension, aucune contestation, aucun discours emphatique ne saurait justifier qu’on s’en prenne physiquement à la personne de la plus haute institution de notre pays, s’appelle-t-il Macky SALL ou Abdoulaye Wade. Ces agissements sont d’autant plus inacceptables qu’ils émanent de personnes censées assurer l’alternance générationnelle de notre chère nation, et se sont déroulés dans un lieu où la force de l’argument est censée l’emporter sur l’argument de la force.
On ignore royalement que la stabilité d’un pays dépend de la stabilité de ses institutions, et que nos institutions n’ont que la force qu’on veut bien leur donner à travers le respect qu’on leur accorde. Il a fini par s’instaurer comme une sorte de règle selon laquelle, le statut d’étudiant est un laisser- passer pour faire tout ce qu’on veut, dans la plus grande impunité.
On casse, on brûle, on sabote avec une sauvagerie qui ne trouve de limites que dans ses envies … Quel est bon sang, ce pathétique sentiment de jouissance qu’on peut tirer d’avoir cassé la tête de la première institution de son pays ? Quelle fierté peut-on tirer à se rendre tristement célèbre par des comportements dignes d’un ignorant ?
Il est assez malheureux qu’au devoir de patriotisme qui incombe à tout citoyen, fut-il de l’opposition, vous avez préféré une stupidité aveugle et ahurissante. A la notion de citoyenneté, vous avez préféré une immaturité témoin d’une regrettable bassesse d’esprit. A l’art de la persuasion et aux débats d’idées qui sont les propres de l’intellectuel, vous avez préféré l’arme des faibles, la violence.
Non chers amis étudiants, vous n’avez pas que des droits ! Vous avez aussi des devoirs ! Non chers amis étudiants, vous n’êtes pas les seuls citoyens qui ont des choses à reprocher au gouvernement, il y’a d’autres sénégalais plus malheureux que vous, et qui n’en demeurent pas moins dignes.
Certaine personnes ayant un excès de zèle pour la notion de liberté rétorqueront que les autorités sont les premiers à avoir failli à leurs obligations. Qu’à cela ne tienne ! Mais, force est de reconnaître que cette vision est très réductrice car, il est très simpliste de vouloir se dédouaner de sa responsabilité en tant qu’étudiant, en invoquant les manquements du régime. Qu’en-est-il de la responsabilité de l’intellectuel dont l’étudiant se réclame ? Jeter des pierres au président de la République, est-il la meilleure manière de lui montrer son désaccord ?
Non chers amis étudiants, vous avez tort! Vous avez tord d’avoir oublié votre mission première, celle là qui vous oblige à vous dresser en sentinelle de la réflexion, celle là qui doit faire de vous des éveilleurs de conscience. Proposons nous de grands exemples à imiter plutôt que de vains systèmes à suivre disait Jean-Jacques Rousseau. En vous adonnant à tels comportements, dites vous bien chers amis étudiants, que vous n’inspirez aucun respect de la part des autres sénégalais, car vous avez noyé l’espoir d’une alternance générationnelle crédible qui donne des exemples à pérenniser, seuls gages de l’émergence de notre pays.
Abdoulaye FALL
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