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Peine De Mort : Crise De Logique Sénégalaise

Avant de débattre sur l’éventualité d’une nouvelle application de la peine de mort, ne faudrait-il pas régler la béance de la sélectivité de la justice au Sénégal ? C’est juste des questions que l’on devrait se poser sachant qu’on est :

> Dans un pays où les prévenus peuvent être privilégiés sans soucis dans les procédures de jugement comme en phase aval lors de leur sanction par emprisonnement selon qu’il soit politicien (seul dans sa cellule avec toute utilité possible), pauvre citoyen (cellule à partager avec des centaines de détenus) ou citoyen aisé (fils de richard, promoteur, etc. qui bénéficient du même cas que les politiciens connus)

> Dans un pays où des procureurs de la république peuvent recevoir toute sorte d’offrandes sans offusquer pas grand monde dans le but qu’ils soient plus ou moins cléments dans un procès. Si la Justice est donc corrompue dans certaines de ses branches.

> Dans un pays où tout le monde est convaincu qu’il y a absence d’Indépendance de la justice dans les sujets politiques comme suite aux détournements de dernières publiques ? C’est le cas de la CREI où le pouvoir en place joue la carte du chantage. Si vous êtes pro-régime(s), l’exécutif vous épargne en s’abstenant de donner des ordres au pouvoir judiciaire si vous le gênez politiquement, il vous envoie à la barre. Sachant que le cas de M. Karim Wade fut avant tout, suite à une pression sociale sur le régime nouvellement élu. « Justice » qui semble malheureusement être limité à ce dernier qui, du coup, est le seul à être entrain de payer pour toute la bande de nouveaux richards qui avait bénéficier des largesses de Abdoulaye Wade comme le disait si bien M. le président de la république Macky Sall. Des « largesses » qui sont sensés être les biens du peuple sénégalais y compris ses contribuables.

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> Dans un pays où le conseil constitutionnel se comporte comme notre chaîne de télévision nationale (RTS), en étant toujours du même avis que le pouvoir exécutif qui peut nommer les 5 supposés « sages » le composant et décider de leur salaire ? Ce qui révèle un énorme conflit d’intérêt qui fut béant lors de la candidature forcée de l’ancien président Abdoulaye Wade en attente depuis 3 ans une réforme judiciaire honnête du pouvoir en place.

> Dans un pays où la peine de mort a été abolie au Sénégal en 2004 par une loi, alors que pour des raisons sûrement politiques la bande d’assassins reconnue de Me Babacar Seye (Clédor, Ino, Alex et consorts) n’y est non seulement pas passée mais a pu même bénéficier de la loi Ezzan faite voter par Abdoulaye Wade. Si l’on appliquait à nouveau la peine de mort, est-ce qu’un commanditaire bien identifié d’un meurtre aurait la même sentence que son meurtrier identifiée aussi ?

> Dans un pays où la constitution permet au président de la république de gracier qui et quand il veut selon son humeur de fin d’année généralement ou de faire sortir des lois qui interdisent toute poursuite judiciaire, même dans le cas d’un meurtre.

> Dans un pays où l’on nous dit devoir appliquer la peine de mort au nom de  » Le coran l’impose à tout pays musulman ! » (alors qu’il le propose) et qu’on se dise surtout être un pays laïc où lorsqu’un citoyen dit « chef religieux » parle sur la gouvernance du pays, on lui oppose l’attitude devoir se taire dans les affaires de la gestion de la cité, tout en lui reconnaissant paradoxalement lors des votes un « pouvoir spirituel » ?

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Le coran propose que si la famille d’une victime pardonne le meurtrier de cette dernière, qu’on épargne le meurtrier sur demande. Alors si on applique tout de même la peine de mort au Sénégal, pense-t-on être plus conforme au Coran que par exemple la loi américaine qui ne cherche pas à avoir l’avis de la famille de la victime si le meurtrier regrette et présenté des excuses ? Pourquoi pas proposer pendant qu’on y est d’autres lois ou préceptes inspirés de l’islam comme le fait de couper la main en cas de vol en même temps que l’application de la peine de mort ? Et l’appliquer même pour les détournement de biens publics ?

Quand l’on parle d’application de la peine de mort, n’éprouveriez une certaine crainte à propos du fait qu’il y ait une justice pour les pauvres et une justice pour les citoyens aisés (2 poids, 2 mesures) ? Une question plus turlupinante : Qui sera chargé du lourd fardeau de Bourreau des condamnés à mort ? Un individu qui devra être suivi par des psychologues confirmés.

N’y a t-il pas plutôt d’autres problèmes à régler en amont comme l’éducation, la pauvreté, la ghettoïsation des banlieues où l’état n’investit point, le manque d’institutions sociales pour s’attaquer aux problèmes sociaux, la violence présente partout (l’escalade de violence dans les langages populaires, la lutte traditionnelle dont la forme est interdite dans plusieurs pays aux mineurs et même sur certaines chaînes privées encore plus publiques), le fait d’écarter ceux qui sont le plus disposés à éduquer notre population par leur science, etc. ?

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La hausse subite des meurtres n’est-elle pas une conséquence de ce cocktail de maux que consomme notre société dans la vie de tous les jours ? Il vaudrait mieux ne pas se laisser emporter par l’émotion qui finirait par nous faire adopter des lois non verrouillées par des garde-fous imparables et surtout honnêtes.

 

Aboubakrine Ndiaye

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