Le séjour d’une délégation conduite par Serigne Bass Abdou Khadre, le porte-parole du Khalife général des mourides, au Gabon pour les besoins de la semaine internationale Cheikh Ahmadou Bamba dans se pays atteste encore, si besoin, de la dimension internationale de l’homme de Touba. Lequel, d’essence sénégalaise et parti d’ici, voit sa philosophie se répandre dans le monde entier. J’ai eu la chance de le vérifier dans différents pays.
D’ailleurs avant l’événement en terre gabonaise, il y avait début octobre le Magal de Grand Bassam, ville située à une cinquantaine de kilomètres d’Abidjan, sur la route du Ghana et ancienne capitale de la Côte d’Ivoire. Sur le chemin de l’exil au Gabon, Cheikh Ahmadou Bamba y a été détenu vingt 21 jours durant et jugé. Les vestiges y sont toujours et visités à l’occasion par les fidèles. Le tribunal, la prison, le puits pour ses ablutions sont restés forts de symboles.
J’ai eu la chance, deux années successives, de prendre part à ce Magal initié par Serigne Mourtalla Abdoul Ahat Mbacké, sur le ndiguel, injonction, de son homonyme et oncle feu Serigne Mourtalla Mbacké. D’ailleurs en 2013, Serigne Bass avait dirigé la délégation dépêchée par le khalife et composée d’une dizaine de petits-fils de Serigne Touba. Les fidèles viennent de toute la Côte d’Ivoire mais aussi des pays voisins et du Sénégal, lors de cette manifestation tenue à quelques encablures de la plage de Grand Bassam.
Mes premières « rencontres » avec le mouridisme à l’étranger remontent quand même à plus longtemps, au début des années 2000. C’était au Mali d’abord où je visitais avec des amis le chantier de Keur Serigne Touba, modèle existant un peu partout.
Ce fut après les Etats-Unis, pour une expérience marquante à jamais. Un couple d’enseignants de UCLA, la grande université de Los Angeles, présentait une exposition fruit de dix ans de recherches sur le mouridisme sous le titre « A Saint in the City ». Le travail devait faire le tour des Usa et me permit de me rendre à Washington, New York et LA donc. Partout, je rencontrais des disciples mourides, vivant leur foi avec force conviction autour de la philosophie de l’homme de Touba : travailler comme si on ne devait jamais mourir, prier comme si on devait mourir demain.
L’inoubliable pour moi reste cependant ce couple d’Américains, pure souche, qui même pris de court ne prononçait jamais le nom de Serigne Touba. C’était toujours le « Saint Homme ».
Du pays de l’Oncle Sam, du Mali comme de Grand Bassam récemment, ma conviction a été renforcée que la dimension internationale de Serigne Touba, expansion paraît-il prédite par le Cheikh lui-même, et point surprenante au vu de sa trajectoire, est plus que réelle.
Il se dit aussi que l’homme a prévu son peuple ses élus. Nous en sommes peut-être, comme le couple d’universitaires cité plus haut. Et que, d’autres occasions de rapporter des témoignages m’attendent quelque part dans le monde.
Souleymane Thiam
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