Comme si les kamikazes attendront que la guerre leur soit déclarée pour enfiler leurs ceintures et se faire sauter au nom d’Allah, les sorties de Macky Sall sont décriées au motif qu’elles « répandent de l’électricité dans l’air ». À un niveau privilégié d’information, le président de la république doit marteler ces messages de mise en garde et de prévention, ne serait-ce que pour déployer la vigilance citoyenne. Tant pis si le tourisme en pâtit, qu’importe si les sénégalais prennent peur, l’ancrage des mouvements djihadistes au sol sénégalais fera beaucoup plus de dégâts.
« Quand on refuse, on dit non ». Ce n’est surtout pas en faisant profil bas, que le terrorisme nous épargnera de ses griffes tailladant et déchiquetant sans aucune forme de procès. Il faut lui faire face en lui opposant l’unité et l’engagement du peuple contre sa capacité débilitante d’affubler et de capter l’âme des mômes et des mous en quête de sens. Combien d’attentats faut-il déplorer au Mali, au Nigéria ou au Cameroun pour se rendre compte que l’objet de cette lâcheté n’est que volonté de d’assimiler l’Afrique noire en protectorat du califat salafiste? N’attendons pas que le Sénégal en éprouve directement les affres pour en parler vivement.
Est-ce le vrai islam? Macky Sall n’est-il pas entrain d’obéir à la France encombrante? Pourquoi interdire la burqua et autoriser le bikini? Et patati et patata. Voilà les forteresses d’idées et de clivages où nous bavardons aisément pendant que les fanatiques avancent obstinément. Ici et maintenant, il est question de préserver les libertés individuelles, le droit des minorités, l’intégrité du territoire. S’il faut s’abriter sous le parapluie militaire des grandes puissances, ce sera le mal nécessaire. Nous en payerons le prix à coup sûr, mais nous ne nous assujettirons pas à ceux qui veulent dénigrer nos ancêtres et nous mettre en mal avec nos frères et sœurs chrétiens ou autres.
Rien de vague dans « apologie du terrorisme », tout discours tendant à prôner par la force guerrière la substitution de la charia au droit positif s’inscrit dans ce sens. Ce n’est pas exigeant comme exercice d’y faire la part des choses. Quand le tonitruant Moustapha Cissé Lô menace de lâcher une bombe qui va raser le port de Dakar, tout le monde sait de quoi il parle. Rien à voir avec celui qui prône, sous le couvert de l’islam, une lutte contre les mécréants et entretient de surcroit des relations tenues secrètes avec des bandes armées.
Nous n’allons quand même pas attendre la preuve tangible d’un acte terroriste pour agir, en parler haut et fort. Ce sera trop tard parce que ça coïncidera avec la matérialisation macabre des soupçons et des indices et de l’apologie du terrorisme. Ce qui se joue, c’est ce que nous voulons être, c’est ce que nous sommes, unis dans la diversité et à l’aise dans cette diversité.
Macky Sall a raison de se montrer frappant, ferme et carré contre ces illuminés rétrogrades. Tout comme le colonialisme accapareur d’identité culturelle, tout comme l’impérialisme appauvrissant et rançonneur, l’islamisme violent vient dicter à l’Afrique sa vision tyrannique et tranchante des rapports à la vie. Il vient saper tous nos efforts de survie et d’amélioration des conditions de vie. Mais, alors que le Sénégal s’expose à la menace réelle de l’assaut de la terreur, l’intelligentsia s’illustre comme d’habitude dans son exercice favori d’exégèse et d’explication.
Birame Waltako Ndiaye
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