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Le Mackistan

Le Mackistan

La vision du président Macky rassure Abdou Diouf et lui seulement. Là, Abdou, l’inventeur de la «jeunesse malsaine» prend le contre-pied des Sénégalais anxieux face à cette dictature émergente au Sénégal.  L’ancien patron de la Francophonie oublie que Macky, dont la vision rassure aujourd’hui, faisait partie hier de cette jeunesse de 88 qu’il qualifiait de «malsaine». Abdou Diouf est décevant…

En visite au Sénégal dans un contexte socio politique électrifié par l’affaire Lamine Diack son camarade socialiste et l’arrestation d’opposants politiques, Diouf essaie difficilement d’administrer une anesthésie locale à Macky, face à cette déception nationale. L’on a compris que le successeur de Senghor coupé des réalités sénégalaises, a voulu donner un coup de main médiatique à son ami, pour amortir les critiques objectives contre sa personne, depuis l’éclatement de l’affaire Diack, le russe.

Macky aussi, avec sa calculatrice politique, profite de la présence d’Abou à Dakar, pour grignoter la petite portion résiduelle de «Dioufistes» au sein du PS, en lui déroulant le tapis marron étalé sur des privilèges bien «acquis ?» réservé exclusivement à cet ancien Chef d’Etat.  «On a tout compris», comme disait le chanteur Ticken Jah Facoly. Diouf est rassuré par Macky parce qu’il ne comprend rien au quotidien des Sénégalais abusés et au regret. Hélas, que pouvons-nous attendre de Diouf, ce Sénégalais expatrié chirurgicalement coupé de son pays ?

Nous annoncions le CHAOS au Sénégal. Il est incontournable. Notre pays est embarqué sur le chemin du chaos en direction du «KO». Le Chef n’accepte pas les contradictions. Il a la carotte pour alimenter ses thuriféraires dithyrambiques et le bâton contre ses farouches contempteurs.

Fraichement élu, il pensait pouvoir gouverner ce pays en écartant les marabouts qu’il qualifiait à tort de «citoyens ordinaires». Aujourd’hui, par des initiatives électoralistes, il est en train de revenir sur ses propos. Macky use ses babouches sur les perrons des Chefs religieux pour oblitérer les marques de son affront originel. Il a échoué dans sa stratégie de contrôle et de domestication des religieux. Sa phobie à la contradiction et à l’opposition, sa volonté immodérée à vouloir mettre tout le monde dans sa poche, l’ont amené à mettre en prison tous les «non alignés». Tous ceux qui le contrarieront seront muselés sans procès.

A l’image de Yahay Jammeh, Macky n’aime pas la critique. Son rêve c’est de transformer le Sénégal en Royaume où il va régner à vie pour après le céder à son frère Aliou, son fils Amadou ou son beau-frère Mansour. Le président SALL rêve d’un Sénégal où personne ne lui portera la contradiction. Tout le monde va s’aligner derrière ses vœux, ses souhaits et ses exigences.

Yahya serait-il l’idole de Macky SALL ? En Gambie tous les farouches opposants du régime ont quitté le pays. Certains sont au Sénégal, d’autres en Angleterre, aux Usa, en France ou en Suède. Les plus malchanceux sont en prison. Pour un regard non contrôlé sur une effigie du président, un opposant peut se retrouver en prison toute sa vie sans jugement si tu n’es pas poursuivi pour tentative de coup d’Etat puis exécuté. A défaut de la personne, son épouse, ses enfants ou ses petits enfants peuvent payer à sa place comme la DIC l’avait fait avec l’épouse du libéral Bara GAYE.

Dommage pour Macky, le Sénégal ne saurait être la Gambie. Les Sénégalais n’accepteront pas que Macky se transforme en Yahya Jammeh. Pour un délit d’opinion, Omar SARR leader du premier parti de l’Opposition s’est retrouvé en prison. Il a repris et commenté l’article du Monde qui a pourtant coloré tous les journaux de la place. Les plus grandes chaînes de télévision du Sénégal ont organisé des plateaux «Edition spéciale» sur le sujet en invitant des personnes qui ont donné des points de vue plus acerbes que ceux d’Omar SARR. Ce dernier est arrêté parce que c’est lui, parce qu’il est du PDS, parce qu’il est opposant adjoint de Me WADE. Ce que Macky accepte des autres, il ne le tolère au Pds encore moins d’un proche de Me WADE.

Le Sénégal connait un recul démocratique sans précédent et qui a fini de salir l’image de notre pays jadis pris en modèle de bonne gouvernance démocratique. L’affaire DIACK a fait le tour du monde. Tous les journaux respectés de la planète ont évoqué cette affaire de corruption dans laquelle, des autorités sénégalaises sont citées. Cette information est traitée en anglais, en chinois, en italien, en russe, en arabe, en allemand etc… dans les journaux, des sites et les réseaux sociaux. Notre pays est devenu la risée du monde entier pour des faits de corruption, de concussion, de recul démocratique et de violation des droits de l’homme.

L’opposition et la liberté de la presse sont la sève nourricière de la démocratie. Ce pouvoir aux abois cherche à polluer ce liquide ou à obstruer les veines qui irriguent ces deux poumons de la démocratie sénégalaise. Les journalistes qui refusent de trahir les principes directeurs de leur profession sont menacés de mort, insultés ou trainés dans les commissariats de police. Ce régime a déjà conçu l’épitaphe de la presse indépendance et libre au Sénégal après avoir enseveli la démocratie.

Le plus grand parti d’opposition du Sénégal, le PDS est sorti en tête à la présidentielle de 2012, deuxième force politique au parlement et première force politique au Sénégal devant l’ensemble des formations politiques qui sont allées aux Locales sans coalition. C’est donc ce parti qui doit peser sur la balance de la démocratie et de l’Etat de droit pour créer l’équilibre face au pouvoir. Le président SALL ne veut pas de cet équilibre démocratique. Il aspire à régner au Sénégal tel un petit roi à l’image de Yahya Jammeh qui fera de «sa» Gambie, un Etat islamique. Le président Macky va peut-être déclarer une nouvelle accession du Sénégal à la souveraineté internationale avec un nouvel Etat qui s’appellera «Mackistan» à l’image du Kurdistan ou du Pakistan. Ainsi, les sénégalais deviendront des «Mackistanais».

Ce n’est pas élégant cet acharnement du pouvoir contre les opposants et contre la presse libre. Le Pds est l’unique cible du pouvoir : Omar Sarr Secrétaire général adjoint, Karim Wade, candidat, Toussaint Manga, patron des Jeunes, Victor Diouf patron des Elèves et Etudiants, Abdoul Aziz Diop président des Cadres, Me Amadou SALL Président de la Commission juridique et Communication, Aîda Ndiongue responsable des Femmes à Dakar, Samuel SARR Président Commission des Finances, Bara GAYE Ancien président des Jeunes, Maire, Bachir Diawara ancien Chef de Cabinet de Karim WADE, Farba SENGHOR Membre Comité Directeur, Mamadou DIOP Decroix Coordonnateur du Front de l’Opposition du Sénégal, Mamadou Lamine Massaly responsable de Thiés, Cheikh Ahmadou Bamba BA Membre structures des jeunes, Maimouna Bousso membre du Front de l’Opposition, Amina Nguirane, Amina Sakho, Mary Aw, Demba DAN, Aliou Djiba etc… tous présidents de mouvement de soutien à Karim WADE sont en prison ou y ont été sous le règne de Macky SALL. Ils sont poursuivis pour offense au président, marche interdite ou sur la base de fausses accusations jamais prouvées. C’est ainsi que l’institution judiciaire fonctionne au «Mackistan». La DIC (Division des Investigations Criminelles) est sous Macky, une Agence de régulation de l’opinion publique et de la promotion de la pensée unique.

Ces agresseurs sans morale de la démocratie sénégalaise pensent qu’ils vivent seuls dans un vase clos. Or toutes les Chancelleries et même la Nonce apostolique font des comptes rendus  à leur pays d’origine sur la situation politique de notre pays. Mieux encore, les investisseurs commanditent des études sur les «Pays stables» et les «Pays à risques». «Mackistan» est désormais en bonne place sur la liste  des «Pays à risques» pour les raisons suivantes : nombreux cas de corruption avec les affaires Lamine Diack, PétromTim, Mittal, Africa Energie, Ovuder Tender, la liste est longue, l’Etat de droit menacé, l’imprécision sur la date de la présidentielle et menaces de troubles politiques à cause des nombreuses violations des droits humains. Ces facteurs ont fait du Sénégal, un «Pays à risques» sans oublier le délit d’enrichissement illicite un facteur aggravant qui plane au-dessus de la tête de tous.

Les citoyens ont du mal à contenir leur indignation face à ces nombreuses violations presque cautionnées par le mutisme complice des ONG  qui auraient du saisir leurs partenaires étrangers pour sensibiliser la Communauté internationale sur la situation préoccupante et regrettable des droits humains au Sénégal.

«Ici repose» la démocratie sénégalaise. «Ici repose» les libertés individuelles et collectives. «Ici repose» la liberté et l’indépendance de la presse. «Ici repose» les droits de l’homme. «Ici repose» l’Etat de droit. «Ici repose» la justice sociale. Ici, c’est le Mackistan.

Mamadou Mouth BANE, Journaliste

 

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