Alors que le peuple est diverti par des débats de politiciens sur la durée du mandat présidentiel, des questions plus importantes comme l’approvisionnement en eau des populations sont loin d’être réglées. Pourtant il n’est plus à démontrer que l’eau est non seulement un liquide précieux essentiel à la vie de l’homme, mais elle constitue à l’échelle d’un État un enjeu de souveraineté nationale.
Une politique de gestion de l’eau est d’autant plus cruciale pour un pays surtout si on comprend que la maîtrise de l’eau de tout développement durable et surtout de la paix sociale. En effet, selon les spécialistes l’inégal accès à l’eau sera la cause des conflits futurs. L’inquiétude des analystes de la problématique de la gestion de l’eau est d’autant plus justifiée que 70% des ressources en eau douce de la planète (2% de l’eau contenue sur la planète) s’amenuisent et que surtout, la demande flambe. D’ici à 2030, les ressources d’eau douce disponibles seront de 40% inférieures à la demande mondiale. Toutes ces considérations nous amènent à dire que mettre en place une stratégie adéquate de gestion de l’eau est plus qu’une nécessaire pour tous les pays et particulièrement ceux du Sahel durement éprouvés par les pénuries d’eau.
Au Sénégal la maîtrise de l’eau est loin d’être une évidence. Pour preuve, les pénuries en eau sont récurrentes et obligent les populations à vivre un véritable calvaire pour étancher leur soif. Dans les zones rurales, les populations et particulièrement les femmes empruntent un véritable parcours du combattant pour se procurer de l’eau dont la qualité douteuse est souvent à l’origine de problèmes de santé. Ainsi, il est fréquent d’assister à ces spectacles désolants et pénibles de ses femmes et enfants basines d’eau sur la tête à longueur de journée, de ses hommes du Ferlo et d’autres localités éreintés par la quête de points d’eau pour étancher leur soif. On observe que toute une frange de citoyens issus essentiellement de zones rurales sont en marge des politiques gouvernementales tant leurs droits primaires d’accès à l’eau potable sont ignorés par des autorités étatiques plus intéressées à se maintenir au pouvoir qu’à trouver une solution durable à leurs besoins vitaux.
Les zones urbaines et particulièrement la capitale Dakar ne sont pas non plus épargnées par le manque d’eau ; car paradoxalement au moment où les autorités étatiques théorisent d’émergence, des citadins assoiffés attendent avec impatience d’être desservis en eau. En réalité, aucun développement n’est envisageable en dehors d’une gestion adéquate et efficience de l’eau. Or, on a comme l’impression que les priorités des pouvoirs publics sont ailleurs au point que la SDE (Sénégalaise des Eaux), délestée de la souveraineté de l’État, n’est même pas en mesure de réparer un tuyau endommagé au niveau de la station de Keur Momar Sarr forçant ainsi des citoyens à vivre un véritable calvaire de recherche du précieux liquide des semaines durant. Dans certains quartiers de la banlieue dakaroise comme Keur Massar des populations ont perdu le sommeil pour la simple raison que l’eau n’est approvisionnée que la nuit. La vulnérabilité de Dakar aux coupures d’eau est d’autant plus préoccupante que la nappe phréatique de Thiaroye est contaminée par la décharge d’ordures de Mbeubess et que le lac de Guier principale source d’eau pour la capitale est étouffé par les typhas suite à sa contamination en nitrate par la CSS (Compagnie Sucrière Sénégalaise). Les populations de Toubab Dialaw sont aussi durement frappées par la rareté du liquide précieux, car il arrive souvent qu’elles restent plusieurs jours voire plusieurs semaines sans trouver de l’eau .Il est inadmissible pour un pays comme le Sénégal lequel est pourtant à proximité de l’océan et traversé par des cours d’eau à l’image du fleuve Sénégal, du fleuve Gambie que l’eau soit une denrée rare. En réalité, la construction des barrages de Diama, de Manantali n’est pas la seule alternative à la gestion de l’eau; il est envisageable et même techniquement possible de déstaliniser l’eau de la mer pour régler définitivement les pénuries récurrentes en eau. Il faut donc qu’on fasse de la maîtrise de l’eau une urgence nationale et que les hommes politiques nous épargnent de nous imposer leurs agendas politiques antinomiques des aspirations du peuple.
Il faut impérativement qu’on évite les débats politiciens futiles qui sont souvent complètement en déphasage avec les aspirations du peuple et qu’on nous épargne des élections ou référendum onéreux pour tenter de légitimer un énième tripatouillage de la constitution et l’argent économisé soit dépensé pour des causes justes. Les citoyens attendent de leurs élus, la résolution de leurs problèmes primaires et non pas qu’elles soient transformées en bêtes de somme électorales, car on ne leur fait la cour que quand des élections sont en vue et on oublie que le pouvoir politique n’est pas une fin en soi, il est un moyen pour traduire en acte les préoccupations de ses mandataires à savoir la nourriture, la santé, l’éducation.
En somme, le peuple a plus besoin de pain que de scrutins.
Ciré AW
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