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Il Faut Brûler Ce Torchon Référendaire

Il Faut Brûler Ce Torchon Référendaire

Les Sénégalais iront voter le 20 mars 2016. Sous le regard élégant d’un clergé qui a dû repousser ses légendaires JMJ (Journées mondiales de la Jeunesse). La réalité est qu’il ne viendrait jamais à l’esprit du président et sa pléthore de conseillers d’oublier les dates du Magal de Touba et des autres cérémonies religieuses musulmanes de Tivaoune, Médina Baye, Ndiassane…Cette date est une insulte à un clergé chrétien qui nous donne toujours des leçons d’élégance républicaine. Voilà à quoi ressemble le management d’une république avec ses légèretés renversantes. Ce vote nous coûtera plus de 3 milliards. Au moment où des abris provisoires essaiment entre MakaCoulibatang, Kafountine, Ninéfécha…

Les légèretés renversantes de Macky ont démarré dès qu’il a pris fonction. Il a gagné confortablement la présidentielle mais s’est mis dans une posture permanente de déresponsabilisation. Au nom des alliances agglutinées souvent autour du butin des hyènes. Le pays n’a pas vraiment senti la plus-value de ce conglomérat de politiciens professionnels qui ont pris en otage depuis plus de 3 ans notre pays. Au gré de leurs intérêts individualistes. Reproduisant depuis les indépendances le modèle carnassier de distribution et redistribution du butin des charognards, notre république est constamment renversée par des légèretés dévergondées ou des tentatives guerrières sans lendemains mais très gravement préjudiciables à l’économie. Soyons justes à ne pas généraliser cette caractérisation y compris au sein de l’actuel gouvernement qui regorgent de dignes fils et filles patriotes du pays qui trembleraient à l’idée de se servir et non servir.

Le vrai problème nous vient d’un Président vicieux et espérant être rusé. Comment sa jeunesse et sa base sociologique et politique incontestables qui lui auraient permis une compréhension des réels vrais enjeux démocratiques préférant lorgner le bout de son nez et avec sa meute de carnivore. Mises à part les observations légitimes de sénégalais qui sont par nature contre les Assises nationales ou certaines de ses postures institutionnelles (parlementaires ou non), qui peut soutenir qu’elles ne sont pas une base objective pour améliorer un système démocratique aux relents monarchiques au regard des énormes pouvoirs conférés au président de la République ? Quel est le démocrate qui peut véritablement soutenir que les conclusions de la CNRI n’améliorent pas notre système démocratique ? Y’a-t-il vraiment dans l’avant-projet de constitution et le rapport général soumis au Président des points régressifs pour notre démocratie ? Le président Macky peut-il faire fi des assises.

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En réalité, le président outre sa jeunesse qui devrait en faire un homme audacieux logiquement et sa base sociologique d’alors, avait toutes les cartes en main pour s’appuyer sur les consensus forts issus de la classe politique et de la société civile et aller au-delà de Senghor, Diouf et Wade. Jamais un président n’a bénéficié de conditions sociologiques et politiques favorables pour bâtir une véritable alliance définitive de renforcement de notre système démocratique avec une ossature d’équité sociale achevée. En préférant se murer dans sa bulle avec souvent dédain et mépris, le président Macky Sall s’est disqualifié de lui-même. La fragilité de nos Etats impose que nos politiques aient un sens élevé du consensus ouvert . Et Macky semble de pas avoir cette vision cardinale. Il continue de penser avec ses thuriféraires que la nature des rapports de forces politiques lui permettra d’être le maitre du jeu politique absolu ? Chimère et c’est pourquoi, il pense amorcer des discussions sentant que ses rapports de forces ont fondamentalement changé ou se seront définitivement reconfigurés jusqu’aux élections de 2019.

Qu’il obtienne son oui ou son non plus rien de sera plus jamais comme avant. On ne peut jamais dans l’absolu soutenir qu’en politique la discussion est inutile. En l’occurrence malheureusement, elle l’est franchement dans le contexte actuel ou le président a taillé avant de mesurer les contours d’une si importante question la constitution en faussant l’esprit de son ciment et les structures de sa compréhension pour les générations futures . Décider seul d’un processus électoral et démocratique et solliciter ensuite un dialogue qui sera sourd de facto c’est encore amuser la gallérie avec la certitude tremblotante se sortir de cette impasse est d’une détestable inélégance démocratique. Ce n’est pas en soi les discussions qui sont dans l’absolu les véritables enjeux. Mais une posture présidentielle désincarnée de ses ruses et espiègleries. Il faut un projet pour discuter.

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Or, Macky n’a qu’un projet vicieux et obscur mal ficelé dont le fondement tactique reste une grande diversion et une théâtralisation permanentes de son jeu politique. Il ne saisit pas le changement de base d’un monde et des peuples toujours plus exigeants en matière de droits humains et de démocratie. En jouant à ces jeux pervers d’un esprit hanté par la peur, l’angoisse d’une hypothétique reconduction, Macky n’est plus un interlocuteur crédible avec qui il est aisé voire souhaité de discuter. En se dédisant sur fond de subterfuges et de ruses juridiques, il s’est moralement mis hors-jeu de façon définitive. Il garde certes les leviers de l’Etat.

Cependant, il a perdu ceux de notre conscience morale meurtrie à peine sortie d’une renverse qui refusera un second mensonge présidentiel. Le fait que l’Homo senegalensis séducteur et rusé soit faussement à l’image de nos dirigeants ne peut l’absoudre. Il est élu pour veiller sur nos intégrités profondes et multiformes à condition d’en être l’incarnation et non le pâle reflet que le peuple sans trembler saura cirer pour notre refus et sans regret. Macky a eu trois ans pour prouver sa bonne foi démocratique. Chaque jour, il démontre au peuple souverain qu’il n’a pas la carrure et la culture d’un leader de rectitude.

C’est pourquoi, son texte qui fait moins que les assises et la CNRI n’est qu’un torchon qu’il faut brûler. Justifier son vote par le fait qu’il améliore certains aspects de notre démocratie, est d’un détestable minimalisme. La démocratie est un projet de société globale qui ne peut s’accommoder de la vision d’un seul homme fut-il président de la république. C’est un sérieux projet qui doit être fondé Seigneur ! sur de larges et forts consensus autour de l’essentiel qui lie tous les composants d’une nation qui devra rester debout. Donner des sucettes démocratiques, en attendant demain, voilà le sens de ce projet de référendum. Nos institutions ont du vécu. Notre peuple est mature et nous ne saurions permettre à quiconque de bafouer ce qui revient au Sénégal après plusieurs longues décennies de luttes intellectuelles et même physiques avec le seul rêve de le voir se tenir sur la rampe du progrès et de la justice sociale. Sans doute plus que les politiciens qui tiennent le pavé dans un mépris permanent de ses exigences.

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Nous voulons une grande charte fondamentale qui traversera le temps sans altérer la dignité de notre peuple. La démocratie ne peut se construire avec de louches experts de palais qui peuvent avoir la légitimité scientifique mais non la crédibilité morale d’un peuple. Voilà notamment, pourquoi le 20 mars 2016, je voterai NON. Ce projet est minimaliste. Il est porté par un président moralement disqualifié. Le véritable référendum est de le voir définitivement quitter ce pouvoir qui lui permet de se jouer de nous au quotidien. Dans une indifférence qui frise le mépris. Le 20, j’irai voter NON pour refuser tout boycott. Mais, si j’avais le choix, je brûlerais ce torchon référendaire qui va nous coûter de la palabre futile et des sous dont nous avons tant besoin..

Une réforme démocratique n’est pas une juxtaposition d’articles ou de techniques rédactionnelles juridiques. Elle est la respiration profonde de la vision politique d’un peuple. Elle doit engager en amont et en aval les forces vives de notre nation qui lui donnent souffle et représentativité politique et sociologique. Malheureusement, les Sénégalais continuent de trimer du haut de leur conscience et dignité maintes fois bafouées par un président politicien qui avait tout pour réussir son véritable mandat : faire de notre pays une référence toujours plus forte de démocratie. C’est tout ce qu’on lui demande. Car, il serait incapable de faire du Sénégal un success story économique.

Abdou Ndukur Kacc Ndao

sociologue et animateur de la plateforme des sciences sociales et humaines du Sénégal

www.ndukur.com

Abdou Ndukur Kacc NDAO

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