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Ce N’est Pas Un Referendum, C’est Un Sale Bluff

Ce qui s’est passé le dimanche 20 mars 2016 au Sénégal est unique dans toute l’histoire de la démocratie. Elle est unique à tout point de vue, dans le fond comme dans la forme. Je ne parle pas de la promesse non tenue du président de la république. De toute façon, tout le monde sentait venir le coup du mensonge et de la trahison depuis longtemps. Mais il y a quelque chose que personne, vraiment personne, n’a remarqué, ni dans la classe politique, pouvoir comme opposition, ni chez les journalistes politiques, ni même chez les politologues avérés.

De deux choses l’une : soit l’État se moque des Sénégalais, soit il ne sait point ce que veut dire referendum en dehors du fait d’appeler le peuple à voter sur une ou des questions précises. Je pense que c’est les deux à la fois. Que l’État se moque de nous, cela n’a rien d’un scoop, cela a toujours été le cas sous tous les régimes depuis l’indépendance en 1960. Mais que l’État ne sache pas comment on organise de bout en bout un referendum, alors là, chers compatriotes, c’est gravissime. Pourtant, l’État a mobilisé toute sa cour de constitutionnalistes, de communicants et de courtisans pour nous vendre son affaire. Au bout du compte, raté. On n’a pas eu un référendum, on a eu un très sale bluff. Périclès, Rousseau, Kant, Tocqueville, Rawls et compagnie sont en train de se retourner dans leur tombe.

Il y a deux points précis qui montrent que l’État ne sait pas ce que veut dire referendum au sens technique ou pratique du terme. Où sont les grandes gueules, avec leurs grosses têtes et leurs lourds sabots : ceux qui polluent l’univers médiatique sans jamais apporter ni du clair ni du neuf ? Où sont les galopins du palais, les parangons du roi ? Tous ces gens qui, par pur opportunisme, ont intellectuellement légitimé Macky ? Nulle part. Dans l’ombre de la honte. Hey, Souleymane Jules Diop, Abdoul Aziz Diop, Latif Coulibaly, Ismaël Madior Fall, c’est cela que vous appelez referendum ? Seigneur !

Un referendum à quinze questions : du jamais vu !

Depuis que la démocratie est apparue sur les rives grecques de la mer Égée au Ve siècle avant le Christ, il n’a jusqu’ici jamais été organisé un referendum avec quinze questions. Jamais, nulle part. Vingt-cinq siècles révolus après, nous y voilà. Et c’est Macky-le-grand qui nous le sert. Non pas pour faire avancer notre cher pays, mais pour simplement éviter une présidentielle en 2017. C’est quand même fort, la ficelle. De café. Quel est le parlement qui peut voter sur quinze lois en une journée ? Aucun. L’État le plus fort, moderne, organisé et riche du monde ne saurait se le permettre, car quinze questions, c’est tout simplement énorme. Pour des raisons pratiques et de lisibilité, cela est tout simplement ingérable. Au-delà du mensonge du chef de l’État, le gouvernement a voulu jouer les apprentis sorciers pour camoufler la trahison du président de la république. Résultat : ils ont affiché au grand jour leur grand talent : la médiocrité. Ndeketeyo, ces Messieurs, si importants, instruits et intelligents, ne maîtrisent même pas le simple mode d’emploi d’un referendum, la toute petite et élémentaire mécanique des votations populaires. Rien que cela ? La grande leçon du referendum, c’est, hélas, que nous sommes dirigés par une bande de cancres et de cancrelats. De gros nullards gradués de je ne sais quelle école, et qui se donnent le droit de venir retoucher notre sacrée constitution juste pour conserver le pouvoir plus longtemps que prévu.  

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Pourquoi pas un referendum, tant qu’on y est, mais il fallait se limiter à la question pour laquelle les gens ont voté, ou alors ajouter une ou deux questions, notamment sur les réformes institutionnelles à mener, parce que je pense qu’il y a aujourd’hui des changements majeurs à apporter dans l’architecture institutionnelle de l’État et dans le mode de fonctionnement d’un certain nombre d’organes publics. Deux ou trois questions fortes avec de bonnes explications, cela aurait eu bien plus de sens que cette batterie de questions-poussière, sans substance, sans portée réelle et aux énoncés très maladroitement écrits. C’est dommage. Un referendum à quinze questions, c’est du jamais vu. Bravo chers messieurs ! Jolie trouvaille ! En Suisse, le pays des votations populaires, qui pratique la démocratie directe et organise régulièrement ce genre d’exercice, les referendums ne dépassent jamais cinq questions. Je ne sais pas qu’est ce qui a inspiré le constitutionnaliste du roi, mais c’est vraiment nul. Au lendemain du vote, je suis tombé, par hasard, sur un reportage de TV5 consacré au Sénégal dans leur journal Afrique. Le reporter lui-même disait ne rien y comprendre et qu’il ne savait pas si c’était vraiment un referendum : « quinze questions pour une seule réponse ». Justement, où sont les autres questions ?  

Mais où sont donc les autres questions ?

Le nombre de questions est la première bêtise du gouvernement. Mais le plus fort est ailleurs.  Quinze questions, c’est trop. Mais quinze questions pour une seule réponse, c’est tout simplement du jamais vu. Nulle part. Je comprends l’étonnement du reporter de TV5 qui disait ne rien comprendre à la mécanique du Macky-rendum. L’explication est pourtant très simple : il n’a rien compris parce que les intelligents messieurs qui ont monté le faux referendum, eux-mêmes, ne comprennent pas bien comment ça marche. Ils ignorent que dans un referendum chaque question a son « Oui » et son  « Non ». Dans un referendum à questions multiples, on peut voter « Oui » à une question et « Non » à une autre. Or, dans le Macky-rendum il n’y avait que la question du mandat qui a été prise en compte autant dans le scrutin que dans le dépouillement des votes.

Il fallait simplement retenir une question au départ : demander aux votants s’ils étaient pour une Présidentielle en 2017 ou en 2019. C’était vraiment simple. Les quatorze autres questions n’existent nulle part. Ni dans l’esprit de l’État ni dans la tête des votants et du peuple. Ce n’est pas parce que qu’on est pour le quinquennat qu’on est supposé être opposé aux quatorze autres propositions des quatorze autres questions. Inversement, ce n’est pas parce qu’on est pour le septennat qu’on est supposé être pour l’ensemble des propositions des autres questions. Vous conviendrez avec moi qu’on devait pour chacune des quinze questions en question avoir un pourcentage pour le « Oui » et un pourcentage pour le « Non ». Au bout du compte, on devait avoir quinze « Oui » ou « Non », mais du fait de l’ignorance de la bande de d’abrutis à la tête du pays on se retrouve aujourd’hui avec un seul et unique « Oui ».

Le plus étonnant et inquiétant, c’est que personne n’en parle, ni même les opposants. Aucun de ces gens obsédés par le pouvoir au point de faire de la politique leur métier à vie, aucun de ces illustres maîtres penseurs ayant opinion sur tout et rien, aucun des juristes, politologues, sociologues, journalistes, aucun des acteurs de la société civile et citoyenne, AUCUN, vraiment AUCUN, n’a vu qu’il y avait quelque chose qui clochait. C’est surtout cela qui est inquiétant. Ce n’est tout même pas sorcier un referendum : quinze questions en appellent à autant de réponses, sinon on ne sait pas ce que c’est. C’est exactement l’attitude du reporter de TV5 : « qu’est-ce que c’est que ce système ? », « mais où peuvent bien donc être caché les autres questions » « Écoutez, je n’ai jamais vu cela. Je rends l’antenne ».

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J’ai eu mal après avoir vu ce reportage. J’ai été blessé dans mon honneur de citoyen attaché à la démocratie et à son cher pays. Ce n’est vraiment pas glorieux pour notre pays. Nous avons un peuple très volontaire, politiquement très engagé, socialement très entreprenant, mais il nous manque un État compétent. Vous conviendrez avec moi qu’un État incapable d’organiser un simple referendum n’est pas digne d’être jugé compétent. Pourtant notre pays est réputé être une forte référence en Afrique et au-delà en matière de démocratie. Mais cette belle réputation risque fort de souffrir du Macky-rendum. Je ne vois vraiment pas comment le Conseil constitutionnel peut valider ce vote. Il est coupable, avec l’État. Ils doivent tous les deux reconnaître qu’ils ont fait preuve d’incompétence, présenter leur Mea-culpa au peuple et accepter d’annuler ce vote car ce referendum est une insulte à la démocratie et au peuple sénégalais.

Pour une fin de mandat, il y avait nettement mieux à faire que de la haute mystification. Pour un referendum, il y avait bien mieux à faire que de la simple stratégie de conservation du pouvoir. Pour le Sénégal, il y avait largement mieux à faire que cela. Le pays ne manque guère de personnes pouvant bien le mener. Et Dieu merci, il n’en manquera jamais. Mais avec ce referendum de la honte, son gouvernement actuel a fait étalage de toute son incompétence. Comment des gens qui ne savent même pas organiser un simple referendum peuvent-ils prétendre tout hautainement pouvoir faire émerger un pays ? Ce referendum est quand même une preuve forte de la médiocrité de gouvernementale. Cela ne se discute point. La leçon à tirer de ce faux referendum est simple, en plus d’être un menteur, le président de la république se trouve être un gros cancre entouré d’une troupe de gros cancrelats, et qui ensemble tirent le pays vers le bas. En conséquence, il faut agir car face à une telle preuve d’incompétence, on ne peut pas rester passif.

Au-delà du referendum-jamais-vu de Macky

Au-delà du mensonge du chef de l’État et de l’incompétence et de la médiocrité du gouvernement, le referendum-jamais-vu de Macky nous livre au passage une photographie du champ électoral permettant de voir le poids et la position des uns et des autres, responsables et formations politiques. Sans prétendre à donner des leçons, je pense qu’une alternance est bien possible en 2017. Je précise au passage que je ne parle pas de 2019 car pour moi le Macky-rendum était au départ une arnaque républicaine, mais comme ces abrutis ne savent même pas organiser un referendum, il faut tordre le bras au Conseil constitutionnel pour qu’il annule en bonne et due forme ce referendum-jamais-vu, comme cela, ils vont tomber dans leur propre piège. Si l’opposition et la société civile introduit un recours pour faire comprendre au Conseil constitutionnel que le referendum du 20 mars 2016 n’en est pas un, alors cette dernière instance n’aura d’autre choix que d’annuler le vote.

Si l’État refuse de céder et de se préparer à nous organiser des élections libres et transparentes en 2017, alors il faudra demander au Souverain peuple de se lever et de faire entendre le NIANI BAGN NA comme il l’a fait avec Wade en 2017. Il faut aller à un bras de fer avec l’État pour avoir des élections en 2017. On n’a pas le choix car ceci n’est pas un referendum, c’est du jamais vu. Mais pour aller plus loin dans la construction d’une dynamique menant à une alternance en 2017, il faut beaucoup de courage aux différentes composantes de l’opposition, une certaine unité autour d’un noyau de gens crédibles, compétents, sincères et capables de faire avancer ensemble le pays, un bon projet et un bon discours qui redonneraient espoir au peuple entier. L’État actuel n’a qu’un et un seul atout, c’est qu’il dispose du fric du pays, avec lequel il roule royalement. Pour tout le reste, il ne pèse pas grand-chose, même le fait d’envahir les médias n’a pas de réel effet sur sa popularité. On voit bien qu’il est peuplé d’incompétents et qu’il n’arrive pas à faire avancer le pays. Il est devenu un danger pour le pays, alors il faut le combattre et aller lui arracher le pouvoir. Les différentes composantes de l’opposition doivent commencer dès maintenant à se réunir et à construire des idées ensemble, un projet ensemble, un discours ensemble, une stratégie ensemble, un cap ensemble. Une opposition stratégique et de qualité doit dès maintenant être en construction pour préparer l’alternance de 2017 et porter l’alternative pour le progrès du Sénégal.

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Le pays croule sous le poids des dettes, de la misère, de la pauvreté de masse, du désordre, de l’incompétence, de la corruption, et j’en passe. Si en plus de cela nous devons accepter de nous laisser davantage tirer vers le bas par une bande de nullards et de parasites, alors nous prenons le risque absolu de ne jamais le voir un jour se développer. Notre pays est à la croisée des chemins et les temps contemporains sont durs à tout point de vue et pour tous les pays du monde, donc nous ne devons en aucun cas accepter d’être dirigé par de incompétents. Chers compatriotes, je suis indigné et révolté parce que je me rends compte que tous ces Messieurs de notre État qui viennent faire les beaux et les intéressants à la téloche matin midi et soir ne sont rien d’autres que de sales cancres, ne sachant même pas organiser rien qu’un  referendum. Quelle honte ! Et moi, je n’accepte pas d’être dirigé par de misérables nullards et je ne veux pas que mon pays le soit. Chers compatriotes, notre pays va mal, mais n’arrêtons pas de l’aimer, au contraire, il a besoin de chacun de ses fils et filles. Aujourd’hui plus que jamais car il est sous la menace de son propre État qui n’est ni honnête, ni sincère avec lui et qui vient de montrer par son referendum-jamais-vu qu’il est un club de pauvres nullards qui sont tellement nuls qu’ils ne se rendent même pas compte que le 20 mars ils ont organisé tout sauf un referendum. N’acceptons point d’être dirigé par des cancres. Soyons indignés, soyons révoltés par l’incompétence de cet État. En conséquence préparons-nous, organisons-nous et réalisons ensemble l’alternance pour pouvoir reconstruire notre chère patrie sur de nouvelles bases ! Des bases citoyennes et bien viables ! Loin des valeurs et pratiques du gouvernement des cancres.

 

Arona MOREAU

Parti Citoyen (PC)

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