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Le Saes Atteint De Maladie Politique

Le Saes Atteint De Maladie Politique

Beaucoup d’observateurs de bonne foi renvoient dos à dos le gouvernement et le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) au sujet de ce qu’il est convenu d’appeler la crise universitaire. Crise artificielle s’il en est. Nos compatriotes demandent au gouvernement de respecter ses engagements et au Saes d’être raisonnable dans ses revendications. Nous nous proposons de faire l’état des lieux des 4 points de la plateforme revendicative du Saes. Ensuite, nous mettrons le doigt sans complaisance sur ce qui, selon nous, est la véritable cause de la prétendue crise.

A la fin du régime de Me Wade, le Saes avait une plateforme revendicative en 17 points. Il en reste 4 qui, semble-t-il, sont l’objet d’un bras de fer. En examinant les 4 points du désaccord, on s’aperçoit que le problème est ailleurs.

La réforme des titres

L’écrasante majorité des enseignants de nos universités, bien que titulaires du diplôme le plus élevé de notre enseignement, le doctorat, n’a pas le droit de dispenser des cours magistraux. Cela tient à un système archaïque dont nous avons hérité des Français qui l’ont eux-mêmes abandonné il y a 32 ans. Ce système qui impose à un enseignant titulaire d’un doctorat un parcours universitaire de longues années, avant de devenir Professeur de rang A, ne peut plus fonctionner avec le Lmd (Licence-Maîtrise-Doctorat). Dès 2006, un consensus avait été trouvé avec le gouvernement pour passer à 2 titres pour les titulaires d’un doctorat : Maître de conférences et Professeur. Ainsi, tous les docteurs, sans avoir besoin d’être de rang A, peuvent encadrer «légalement» des masters. La loi qui institue cette réforme des titres qui a une importante incidence financière vient d’être votée et promulguée. Le Saes menace d’une grève illimitée si la loi n’est pas appliquée immédiatement. Le gouvernement demande au Saes de s’engager à rattraper les cours perdus durant les récentes grèves pour appliquer la réforme. Etant donné que l’écrasante majorité des enseignants est constituée de patriotes soucieux du devenir de notre université et de l’avenir de nos enfants, le rattrapage des cours ne devrait pas poser de problème majeur.

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La retraite

Depuis plus d’une décennie, les enseignants du supérieur se préoccupent à juste titre de leur retraite qui, à l’image de toutes les retraites de fonctionnaires du Sénégal, est pitoyable. Un professeur titulaire des universités, de classe exceptionnelle, doit se retrouver avec une pension de 200 à 300 mille francs. L’assistant aura un peu plus de 100 mille F Cfa. Sur cette question des retraites, la difficulté est que le régime général est celui de tout le monde. Qu’à cela ne tienne, le gouvernement a entamé depuis 2012 une étude en vue de réformer cette retraite. Les conclusions de cette étude vont lui permettre de soumettre la nouvelle loi sur les retraites pour avis à la Conférence sociale prévue ce mois d’avril 2016. De son côté, le Saes dispose d’une étude qu’il avait commanditée et qui peut servir de base pour de sérieuses avancées. Tout le monde conviendra que si le dramatique problème de la retraite était simple, on n’en arriverait pas à un bras de fer puisque c’est une question qui concerne tous les fonctionnaires et agents de l’Etat.

La prime académique spéciale

Pour des raisons longues à expliquer, gouvernement et Saes sont d’accord sur la nécessité de revaloriser cette prime. C’est une façon de compenser le droit au logement, vu que l’indemnité prévue à cet effet depuis des décennies n’est que de 60 mille F Cfa. Le gouvernement propose 50 mille F Cfa supplémentaires par mois et par enseignant-chercheur. Le Saes juge que c’est insuffisant et menace de porter plainte. La base n’a pas été consultée, car elle ne ferait pas la fine bouche.

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L’évacuation médicale

A l’image des hauts fonctionnaires de l’Etat, le Saes estime à juste titre que ses membres qui sont les plus diplômés de la République et qui forment les plus hauts cadres de la Nation doivent bénéficier de l’évacuation pour des soins de santé à l’étranger quand c’est nécessaire. Le gouvernement a donné son accord, en accompagnant cela d’une provision de 100 millions de F Cfa.

Au regard de cette plateforme, on le voit, il n’y a rien qui justifie une crise. La vérité est donc ailleurs.

Quelle est-elle ?

Le Saes est gangréné par un groupe de petits malins que je baptise pour la circonstance le «groupe destructeur». Il est constitué par des membres d’un parti politique qui veut prendre des raccourcis pour accéder au pouvoir. Je signale tout de suite, pour lever toute équivoque, que le secrétaire général du Saes et beaucoup de membres du Bureau national sont étrangers à ce groupe qui empoisonne le syndicat et toute l’université.

Les militants enseignants d’un parti de l’opposition sont bien représentés dans les 5 campus du pays. Très organisés, ils semblent être derrière un de leurs membres très bruyant à la Faculté des lettres de l’Ucad. Tellement bruyant que la plupart des Sénégalais doivent le prendre pour le Sg du Saes. La plupart des journalistes de la presse écrite publient sa photo pour illustrer leurs articles consacrés à l’université. Pourquoi ce collègue a-t-il la violence et la menace à la bouche ? Parce que son parti a décidé de faire de l’université, donc de nos enfants, la chair à canon de l’assaut qu’il va donner pour conquérir le pouvoir lors des Législatives de 2017 et la Présidentielle de 2019. Ce parti est issu d’un autre qui avait théorisé les «années blanches» à la fin des années 80. Son chef pense donc qu’il n’y a pas meilleure manière de mobiliser la jeunesse contre le pouvoir que de saboter ses études. Le groupe organisé des enseignants de ce parti veut prendre d’assaut le Bureau national du syndicat.

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Il y a un congrès ordinaire au mois de juin. Le trublion le plus visible, le plus bruyant, mais aussi le plus médiocre du «groupe destructeur» ne se présentera pas. Le candidat pour remplacer le Sg sortant viendra de l’Ugb. C’est ce qui explique l’activisme débordant de la coordination de l’Ugb qui passe pour une avant-garde de l’âge de l’anarcho-syndicalisme. Les relais du groupe sont, nous l’avons dit, dans les coordinations de Ziguinchor, Bambey et Thiès. Leur plan, qui relève à la fois du machiavélisme et de l’infantilisme, passera ou cassera le Saes. Si leur camarade de Saint-Louis (ou son joker) n’est pas élu Secrétaire général en juin, ils «scissionneront» le syndicat. Fermement convaincu de la force de minorités agissantes, le «groupe destructeur» n’abandonnera pas son idée de passer par une ou plusieurs années invalides ou blanches pour déstabiliser le gouvernement. On voit donc que sous des oripeaux de «révolutionnaires» dévoués à la cause de l’université et des enseignants, ce sont de piètres carriéristes qui sont en train de creuser la tombe de notre puissant instrument de lutte qu’est le Saes tout en ternissant gravement l’image des enseignants du supérieur. C’est au Saes de redevenir un syndicat réellement autonome et combatif pour que nos relations avec l’autorité redeviennent normales. Que tous les enseignants se lèvent pour défendre leur syndicat !

 

Galaye NDIAYE

galayum67@gmail.com

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