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Tendres Regrets : Quand J’allais Chez Ma Grand-mère, Mame Maguette !

Je me rappelle quand j’allais chez ma grand-mère, Mame Maguette. J’aimais sa chambre pauvre, propre, bien rangée, avec de petits seaux en fer qui contenaient qui, du  »mbouraké », un autre, des jujubes, un, des  »beignets dougoub ». Y avait toujours à manger chez Mame Maguette. Des fruits de saison comme les alômes, les woul, les dimb, Pendant la saison des pluies, lors des premières récoltes, il y avait toujours de l’arachide. Des variétés d’arachides. De l’arachide de bouche, pulpeuse et pleine de lait avec des gousses qui contenaient quelque fois jusqu’à cinq graines. Ce que j’aimais le plus, c’était le  »gadianga », cette espèce d’arachide à coque unique et ronde qu’on faisait bouillir comme le  »guerté mbakhal », Le  »sombi mbokh » du soir ou le  »lakhou notterie ».

La maison de Mame Maguette était une baraque en bois, que l’on trouve toujours dans certaines maisons de la Médina, ou du plateau. Y en a qui ont près de cent ans. La baraque en bois est la maison idéale sous les tropiques. Il y règne un micro climat doux qui invite au repos. Une maison en bois n’a besoin ni de ventilateur, ni de climatiseur.

Mais, ce qui m’attirait le plus, dans la chambre de Mame Maguette, c’était son lit. Ce vieux lit en fer, qu’on appelait  »Lalou Diwann » avec son matelas en paille ou  »padiass » et les baldaquins qui tenaient la moustiquaire. Il y avait une certaine majestuosité, ce grand lit. Il inspirait le respect, avec son traversin qui courait sur toute la largeur du lit et le  »padiass » volumineux qui craquait quand je plongeais dessus.

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Il y avait aussi un grand poste de radio en bois qui trônait comme un meuble. Mame Maguette y tenait comme à la prunelle de ses yeux. C’était son unique frère qui lui avait ramené ça de France, à la fin de la guerre, et, il fut tué par la suite en Indochine. Ce poste radio, m’intriguait. Il y avait un trou rond qui projetait une petite lumière quand on l’allumait, et il m’arrivait de regarder à travers ce trou l’intérieur pour essayer de voir celui qui parlait. C’était un véritable mystère pour moi, la radio. Une voix qui sortait et dont je ne voyais pas la personne.

La chambre de Mame Maguette était tapissée de ‘’Souwer’’. Ces dessins ou peintures qui reproduisaient l’histoire des grands Marabouts et des scènes de vie. Je ne me lassais jamais de les observer et de lire ces moments de grandeur de nos illustres ancêtres. Il y avait aussi du papier coloré qu’on tapissait sur toutes les parois qui avait le double rôle d’égayer la chambre et de ne pas laisser filtrer l’air, surtout, en période de froid.

Quand j’allais chez Mame Maguette, pour mes deux ou trois jours de vacances, c’est le soir, au coucher, qu’on se chamaillait. Elle sortait un paillasson du dessous du grand lit, le recouvrait d’un drap, et me lançait une couverture, en me disant ‘’Teuddeull, Denk na la Yallah’’. Je lui répondais ‘’ Dou ma teudd ci souf’’. Elle, impertubable, me disait ‘’ fofou ngaay teudd’’.

Alors, fâché, je lui disais ‘’konn, bou ma denkk kenn’’.

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‘’Ya kham’’ était son dernier mot.

Le quinquéliba chaud accompagné de leungue, de nana et de zestes de mandarine du matin, nous réconciliait.

Mame Maguette, c’étaient les petites joies, les agréments comme les aiment tous les enfants.

Son souvenir remplit toujours ma tête. Elle fut la première personne morte que j’ai vue. Elle était là, couchée sur le grand lit, et semblait dormir. Sereine.

Le soir de sa mort, au moment du coucher, quand ma mère m’invita à me coucher sur le grand lit, je refusais net.

Je sortis le petit paillasson et me couchais.

 

ALIOUNE NDAO

Alioune Ndao
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