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Accidents De La Route : Au-delà Des Prières, Une Fumisterie Nationale

Des séances de prières sont annoncées à Dakar, voire ailleurs dans le pays à travers une mobilisation citoyenne en vue de réduire les accidents « aussi graves que macabres » qui ont fait 400 morts sur les routes en 2015, plus de 19 décès pour le seul mois de mars 2016 et mis ainsi fin à la vie de « dignes et valeureux fils » du pays dont certains étaient des forces vives de travail, des transmissions de haute qualité dans le secteur de la connaissance.

Mais ne doit-on pas aller plus loin que les prières et les intentions, comme l’ont fait certains pays qui ont osé se regarder dans le blanc des yeux, tiré et appliqué sans concession les mesures qui s’imposent à l’ensemble des conducteurs et usagers de la circulation ?

Au lendemain du naufrage du bateau Le Joola en 2002, les Sénégalais devraient être à un niveau élevé d’exigence en matière de sécurité maritime, ferroviaire, aérienne, routière !

Tout le monde s’accorde sur le « constat dramatique » du « nombre vertigineux » des accidents de la route et de leur « lot important de victimes ». Tout le monde compatit aux peines familiales, mesure l’impact sur l’économie nationale et les institutions sénégalaises. Tout le monde « se désole » de la « recrudescence ». Pas un seul Sénégal « est de marbre » devant l’inacceptable répétition de la … bêtise, de l’inconscient et de l’incivisme sur les routes sénégalaises.

C’est quand même paradoxal non !

En Algérie, le débat est amorcé. Le milieu universitaire « aspire à développer une approche scientifique et la mettre à la disposition des décideurs pour un usage à bon escient ». N’est-ce pas là une orientation que notre pays pourrait envisager d’autant que nous savons tous, autorités y comprises, que la qualité de la formation du conducteur sénégalais manque, souvent pour ne pas dire toujours, de l’essentiel. Notamment les capacités cognitives, culturelles, sociales.

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En Algérie, le laboratoire de la psychologie de l’usager de la route, de l’université de Batna a tenté une expérience inédite, nous informe El Watan : définir le profil type du conducteur responsable d’accident de la route.

« Lors d’un séminaire de deux jours, 27 et 28 avril, spécialistes et corps constitués se sont attelés, chiffres à l’appui, à décrypter les causes et les conséquences de la hausse des accidents de la circulation dans notre pays. Les jeunes et les actifs sont ainsi rendus responsables concernant ce phénomène. Mais au bout de plusieurs communications, il ressort qu’il n’existe pas de profil type du «chauffard». La seule certitude est que le facteur humain est à l’origine de 90% des cas d’accident. Et là, il ne s’agit pas de « transgression mais de déni de la loi » », renseigne le titre algérien.

Combien de fois, a-t-on vu dans les quartiers, sur l’autoroute, sur les nationales, les ponts, voire les ponts piétons (qui a oublié cet intrépide taximan), des automobilistes prendre le sens interdit, ne pas respecter le code de la route ni la vie humaine. Combien de fois, scandalisé, les a-t-on vu n’en faire qu’à leur guise, au mépris de la loi !

La vérité, est qu’on gagnerait au Sénégal à faire comme bon nombre d’autres pays qui ont réussi à réduire de moitié le nombre d’accidents, d’une part, grâce à l’association de la recherche et la sanction de la plus petite infraction à la plus grosse, d’autre part.

Car, le véritable problème sénégalais est connu de nous-même d’où sont issues les autorités. Le forum sur l’administration nationale est un aveu tout comme le sont les accidents de la route et leurs conséquences dramatiques. Nous avons un véritable souci de comportement, d’éducation, de civisme, de civilité. Il faut oser dire les choses, quand bien même elles ne feraient pas l’unanimité.

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Quand il est su et connu de tous que l’inconscient doublé d’un « je m’en foutisme » absolu s’est érigé en mode de vie, qu’il se conjugue à sa guise sur les routes par les automobilistes, cyclistes et les piétons, il n’est pas de trop de dire que la fumisterie nationale a pris le volant, guidon et sandales pour une invitation continue au bal scandaleux de la mort.

On peut prier comme veut qu’on n’apportera rien de nouveau, si nous ne changeons pas …

 

Charles FAYE

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