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Le Danger Ne Se Trouve Pas Dans Le Fait Que Le Mfdc Ne Serait Pas Mort…

Le Danger Ne Se Trouve Pas Dans Le Fait Que Le Mfdc Ne Serait Pas Mort…

Il est en nous, le danger. Il est en chacun d’entre nous, et notamment en ceux-là mêmes qui ont bâti leur carrière et toute leur fortune à la faveur du conflit en Casamance et au grand dam des populations. Mais le danger se trouve surtout chez ceux qui ont de l’ascendant, ou qui sont considérés comme tels, sur un ou plusieurs chefs de guerre du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). Le danger est en effet, fondamentalement, dans leur capacité à actionner ces derniers, à les activer, ou à les réactiver selon leurs desiderata du moment.

Pour mémoire, le Mfdc dispose d’une aile civile ou politique et d’une aile militaire, Atika. Comme tel, il se veut en lutte pour l’indépendance de la Casamance depuis 1982. Or, en guise de réaction, l’Etat lui a opposé une répression telle que cela a dégénéré en un conflit armé. Depuis, nous sommes en état de guerre en Casamance, tandis que de nos jours, malgré la relative accalmie notée depuis plus d’une décennie, la région Sud du Sénégal reste potentiellement une zone de guerre. De sorte que les deux belligérants, l’armée et Atika, éprouvent comme un devoir, sinon une obligation, de se préparer en permanence à toutes éventualités.

Ça n’est donc pas une information, encore moins un scoop, que de prétendre que «le Mfdc n’est pas mort… (et qu’)… il recrute toujours…» En l’occurrence, M. Robert Sagna, que l’on ne présente plus, et qui a fini de se convaincre lui-même qu’il est le «Monsieur Casamance» du président Macky Sall, serait bien avisé de fournir au chef de l’Etat les rapports sincères et objectifs qu’il est en droit d’en attendre, au lieu de s’épancher, sur la place publique, au moyen de propos plutôt tendancieux, d’autant qu’ils passent, dans la forme comme sur le fond, davantage pour une «invite» que pour une «mise en garde».

Pour le reste, et à n’en point douter, le Mfdc qui a beaucoup appris et mûri avec le temps et l’expérience, continue – naturellement, devrait-on dire – de s’armer, de recruter et de former tout en se formant, précisément pour ne plus devoir faire la guerre en Casamance. Est-ce d’ailleurs un hasard, si la relative accalmie qui prévaut en Casamance depuis plus d’une décennie est aussi le contraste par excellence de la présence permanente, dans cette région Sud du pays, de deux belligérants lourdement armés qui se respectent et se tiennent en respect mutuellement quoiqu’ils se regardent sans répit en chiens de faïence ? Ce qui ne saurait guère, cependant, être une fin en soi.

Voilà pourquoi : Considérant l’état de mort-né du «processus de paix de Rome», sous l’égide de la Communauté Sant’Egidio ; considérant, ainsi, que l’Etat d’une part et Salif Sadio et sa faction d’autre part ont été abusés, notamment par le Groupe de recherche pour la paix en Casamance (Grpc) dirigé par M. Robert Sagna, quant à la pertinence dudit processus de paix ; considérant, à ce titre, que, lorsque M. Robert Sagna déclare : «Le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance et l’Etat du Sénégal sont d’accord pour des négociations, mais jusqu’à présent celles-ci n’ont pas lieu», cela dénote, au mieux, une amnésie ou, au pire, une mauvaise foi de sa part ; considérant, à cet effet, ce «mal casamançais» qui, parmi d’autres, obstrue continuellement, et dans l’impunité la plus totale, le processus de paix en Casamance ; considérant donc tout cela entre autres, nous demandons aux deux parties en conflit, parce qu’elles se seront sincèrement et objectivement réappropriées ledit processus de paix, de bien vouloir ne point se laisser distraire par l’adversité sous toutes ses formes.

Dakar, le 10 mai 2016

 

Jean-Marie François BIAGUI

Président du Parti social-Fédéraliste (Psf)

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